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Comment accompagner les enfants victimes de violences en Géorgie
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Comment accompagner les enfants victimes de violences en Géorgie

L’ouverture de 3 nouveaux centres d’accueil pour les enfants victimes de violences en Géorgie est un élément clé du projet développé par le BICE, en partenariat avec Public Health Foundation (PHF).

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Ce projet s’inscrit dans le cadre de la réforme de l’Aide Sociale et de la Protection de l’enfant, actuellement en cours dans le pays. Nina Darsadze et Ketevan Devadze, toutes deux psychologues, travaillent dans ces centres. Elles reviennent sur leur travail d’accompagnement de ces enfants.

Quels sont les traumatismes des enfants accueillis dans les centres ?

Nina Darsadze (ND) : Dans les centres, nous avons fait de la protection des enfants victimes d’abus notre priorité. C’est pourquoi, la plupart des enfants que nous accueillons sont des enfants qui ont été victimes de violences, diverses : violences physiques de la part de leurs proches, abus sexuels, négligence, violences psychologiques… Tous sont profondément meurtris et présentent des signes de stress post-traumatique : pensées inadaptées, agressivité, faible estime de soi et anxiété.

Ketevan Devadze (KD) : Il faut noter qu’en Géorgie, le châtiment corporel est encore considéré comme faisant partie intégrante de l’éducation des enfants. De ce fait, l’école et les parents ont tendance à minimiser la violence physique et son impact sur les enfants.

Quel accompagnement offrez-vous aux enfants victimes de violences en Géorgie ?

ND : Les équipes des centres sont composées de psychologues, de travailleurs sociaux et de juristes ce qui nous permet d’assurer une prise en charge complète des enfants. Le psychologue est bien sûr là pour accompagner l’enfant et l’aider à surmonter ses traumatismes. Mais il peut également le préparer en vue d’un procès, voire réaliser directement l’audition avec lui (en suivant le protocole NICHD). Il veille ainsi à rendre cette épreuve, la moins douloureuse possible : l’enfant ne doit pas « revivre » la situation d’abus.

KD : Dans le même temps, nous travaillons avec les parents que nous tentons d’« éduquer » à la parentalité positive. Les parents doivent apprendre à écouter leur enfant, à prendre en compte ses émotions, à déchiffrer ses attentes, à faire preuve de patience…

Pensez-vous pouvoir développer une culture de bientraitance dans la région ?

ND : J’en suis persuadée. Grâce au soutien psychologique, les enfants victimes de maltraitance en Géorgie subissent moins, sur le long terme, les conséquences négatives de leur agression. Les consultations avec les familles jouent également un rôle très important. Suite à celles-ci, les familles adoptent une approche positive vis-à-vis de leurs enfants, communiquent mieux avec eux. Et comme les enfants ont de fortes chances de reproduire, en grandissant, le modèle éducatif de leurs parents, c’est toute une culture de bientraitance qui se met en place progressivement dans notre région ! Ainsi, on investit en quelque sorte sur le long terme pour créer une communauté plus forte et plus saine.

KD : En Géorgie, beaucoup d’adultes ont encore honte de recourir à un psychologue. Mais ils le font plus volontiers lorsqu’il s’agit d’apporter un soutien à leur enfant. De même, les amis et les proches de nos anciens patients s’adressent plus facilement à nous. Petit à petit, la société évolue.

Propos recueillis par Pascale Kramer pour le BICE

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