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Formation Tuteurs de résilience Mozambique - respect des différences culturelles
Formation de tuteurs de résilience au Mozambique © V. Hurtubia

« La promotion de la résilience n’est efficace que dans le respect des différences culturelles »

Dans cet article, nous voulions aborder la question de la prise en compte des différences culturelles lors des formations des tuteurs de résilience. Pour cela, nous avons interviewé Veronica Hurtubia, pédagogue auprès de l’Unité de recherche sur la résilience à l’université catholique du Sacré Cœur de Milan et formatrice pour le BICE.

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Quelques mots en préambule sur la résilience au regard du sujet ?

Veronica Hurtubia : Bien sûr. Je trouve fascinant le développement de la résilience ces dernières années, notamment dans les domaines psycho-social et socio-éducatif. Nous sommes passés d’une résilience étroitement liée au traumatisme et aux aspects du développement personnel à une résilience dynamique ouverte aux facteurs environnementaux et se détachant du traumatisme. La résilience se présente aujourd’hui comme une méthode valable dans diverses situations ; et qui peut être utilisée en prévention, et plus seulement suite à un traumatisme. Ainsi, étant donné que l’environnement de la personne accompagnée peut être une source de facteurs de résilience ou de non-résilience, il est nécessaire de prendre en compte les éléments sociaux et culturels qui l’entourent. Surtout lorsqu’il s’agit de programmes d’intervention.

Qu’entendez-vous par programmes d’intervention ?

V.H. : Le programme de tuteurs de résilience du BICE par exemple. Ce dernier est un exemple clair de la manière dont la résilience peut être promue dans des contextes divers et en tenant compte des différences culturelles. La formation aux questions de résilience des professionnels de l’enfance locaux n’est pas uniforme. Au contraire, le programme de tuteurs de résilience est vivant et flexible. Mais aussi cohérent avec l’époque actuelle, car il considère les différences culturelles comme un élément qui enrichit le travail ; non comme un facteur limitant. Ses contenus et activités sont ainsi adaptés en fonction des besoins des bénéficiaires et des éducateurs bien sûr, mais aussi en fonction du contexte culturel.

Qu’est-ce que cela apporte à la formation ?

V.H. : Une meilleure compréhension de la formation et un impact plus fort puisque tout ce qui est abordé concerne les professionnels présents. Promouvoir la résilience en respectant les différences culturelles, c’est comme cuisiner. Imaginons que nous préparons un plat de pâtes ou une soupe ! Bien que nous connaissions tous la recette (facteurs de risque et de protection), au moment de sa préparation, nous dosons les ingrédients de différentes manières (ressources) ; et nous pouvons même en ajouter ou supprimer certains. Le dosage des ingrédients est la clé qui permet à chacun, en fonction de ses habitudes, de trouver un plat bon ou non. Il en va de même pour la résilience. Bien que nous connaissions les ingrédients généraux, ce sont les différences de chaque contexte et culture qui indiqueront la quantité de chaque ingrédient et l’ajout de certains autres.

Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?

V.H. : Le respect des différences culturelles est parfois lié à de petites actions qui font la différence. Il est notamment important d’adapter les ateliers de résilience menés auprès d’enfants ou d’adolescents. Par exemple, l’atelier « Sous l’orage » est initialement fondé sur les métaphores de la pluie comme risque et du parapluie comme protection. Mais ces éléments n’ont pas la même signification partout, la pluie est perçue comme une aubaine dans certains pays. Il est donc préférable pour chaque éducateur de choisir les symboles qui correspondent le mieux à la réalité. Les adolescents des rues au Guatemala ont ainsi représenté le risque par une feuille de marijuana et la protection par des tamales (nourriture) ; au Liban, les garçons et les filles syriens ont dessiné des roquettes comme risque et l’école comme protection ; ou encore les mineurs étrangers non accompagnés en Europe associent le bateau à la protection et la mer au risque.

Vous adaptez donc vos interventions à chaque formation…

V.H. : Concevoir les différences culturelles comme un élément enrichissant conduit à la conception de modèles flexibles qui s’adaptent et mutent en permanence. Par conséquent, ils ne deviennent pas obsolètes et peuvent être appliqués dans des situations de guerre, de catastrophes naturelles, de pauvreté et de pandémies.

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