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250 millions d’enfants et adolescents non scolarisés

Le nombre d’enfants et de jeunes non scolarisés s’élève désormais à 250 millions. Une augmentation de 6 millions a malheureusement été observée depuis 2021. « Elle est en partie due à l’exclusion massive des filles et des jeunes femmes de l’éducation en Afghanistan, mais elle s’explique également par la constante stagnation des progrès de l’éducation dans le monde », explique l’Unesco.

Les filles particulièrement vulnérables à ce fléau

Dans de nombreuses régions du monde, les filles sont en effet, encore aujourd’hui, les plus vulnérables à la non-scolarisation ou au décrochage scolaire pour diverses raisons : la pauvreté, l’isolement géographique, la discrimination basée sur le genre, la violence et le harcèlement sexuel dans les établissements scolaires, les mariages précoces…

Une non-scolarisation importante dans les zones de conflits

De plus, les zones de conflits sont particulièrement touchées : près de 50 % des enfants en âge de fréquenter l’école primaire, mais non-scolarisés, vivent dans ces zones. Notons, par ailleurs, que, selon le Rapport 2022 – L’éducation prise pour cible publié en juin par la Coalition mondiale pour protéger l’éducation contre les attaques (Global Coalition to Protect from Attack, GCPEA), « plus de 9 000 élèves, enseignants et universitaires ont été blessés, tués ou maltraités lors d’attaques contre le système éducatif dans le cadre d’un conflit armé au cours des deux dernières années ». Et « plus de 5 000 attaques distinctes contre des établissements scolaires ou universitaires, ou leur utilisation à des fins militaires, et contre des élèves, étudiants ou enseignants ont été perpétrées en 2020 et 2021. » Ces attaques ont ainsi augmenté d’un tiers entre 2019 et 2020, et ont continué à ce rythme accru en 2021.

L’Afrique subsaharienne a les taux de non-scolarisation les plus élevés au monde

Dans le monde, selon l’institut de statistique de l’Unesco (ISU), la région où les taux de non-scolarisation sont les plus élevés est l’Afrique subsaharienne. Plus d’un cinquième des enfants âgés entre 6 et 11 ans ne sont pas scolarisés, un tiers des jeunes de 12 -14 ans. Et près de 60 % des jeunes âgés entre 15 et 17 ans. On retrouve également dans cette région des inégalités significatives d’accès à l’éducation entre les filles et les garçons. Ainsi, 9 millions de filles de 6 à 11 ans n’iront jamais à l’école contre 6 millions de garçons.

Un apprentissage insuffisant malgré la scolarisation

Si l’accès à l’école est un premier pas important, il est insuffisant si cette éducation n’est pas de qualité. Une éducation de qualité doit, bien sûr, permettre aux enfants de lire, écrire et compter, mais également de développer leur pensée critique et leur participation aux décisions qui les concernent.

Là encore, les chiffres sont inquiétants. Toujours selon l’ISU (2017), 617 millions de jeunes, enfants et d’adolescents, dans le monde n’ont pas les compétences de base en lecture et en mathématiques. Et ce, bien que les deux tiers soient scolarisés. Cela représente à l’échelle mondiale, six enfants et adolescents sur dix. 387 millions d’enfants en âge de fréquenter le primaire et 230 millions d’adolescents en âge de fréquenter le premier cycle du secondaire.

L’Afrique subsaharienne enregistre de nouveau le taux le plus élevé d’enfants et d’adolescents manquant de ces compétences (9 enfants de 6 à 14 ans sur 10, soit 202 millions). L’Asie centrale et du Sud se situe à la deuxième place. À savoir 81 %, soit 241 millions.

Plusieurs facteurs expliquent ces faibles résultats : le manque d’enseignants formés et de matériel pédagogique adapté, les mauvaises installations y compris sanitaires pour étudier dans des conditions décentes, la malnutrition, la fatigue causée par les tâches domestiques ou l’exercice d’un travail pour aider à subvenir aux besoins de la famille…

Le droit à l’éducation de tous les enfants

Pourtant, rappelons-le, les articles 28 et 29 de la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), adoptée par l’ONU en 1989, obligent les États qui l’ont ratifiée à assurer l’exercice du droit à l’éducation primaire* sur la base de l’égalité des chances.

L’école primaire doit ainsi être obligatoire et gratuite. L’enseignement secondaire et supérieur, accessible à tous les enfants. Des mesures doivent être prises contre l’abandon scolaire. La discipline mise en place doit être en accord avec l’esprit de la CDE. Et, plus globalement les espaces éducatifs doivent être des endroits sûrs, en mesure de créer un environnement protecteur pour les enfants. L’école doit également inculquer le respect des autres et préparer les enfants à assumer leurs responsabilités et à devenir des citoyens à part entière.

Au regard des chiffres cités précédemment, on ne peut que constater qu’un travail d’envergure reste à réaliser pour assurer à tous les enfants une éducation accessible du point de vue financier et géographique, avec du personnel qualifié. Et dans des écoles où la protection de l’enfance est garantie.

Actions du BICE pour favoriser l’accès à une éducation de qualité

L’éducation est l’un des principaux domaines d’action du BICE. Elle était au cœur de son premier programme de terrain, mené en 1982 en coopération avec l’Unicef et d’autres associations, en faveur des enfants en situation de rue. Et ne cesse depuis de faire l’objet de projets dans divers pays d’actions du BICE. Actuellement, notre association soutient ainsi plusieurs projets « Éducation » à travers le monde. Quatre exemples.

Un projet multi-pays : Écoles sans murs

Un projet multi-pays, Écoles sans murs, dont l’objectif est de permettre aux enfants éloignés du système scolaire sur le plan géographique, social et/ou économique d’accéder à l’éducation. Cela passe par diverses actions. Notamment : le développement et la gestion d’écoles informelles dans les villages reculés du Cambodge et dans un quartier marginalisé près de Guatemala City ; le développement et la gestion d’espaces petite enfance au Cambodge et au Paraguay ; la promotion de la protection de l’enfance dans ces différents lieux d’accueil du jeune public ; ou encore la mise en place de formations sur les droits pour les jeunes vulnérables – adolescents et adolescentes – de l’est de la République démocratique du Congo. La 2e phase du projet débute en juillet 2024. Pour trois ans.

Autres projets éducation en Afrique

  • Au Bénin, le BICE soutient activement son partenaire ESAM dans sa mission d‘offrir une éducation aux enfants issus de familles vivant dans une extrême pauvreté dans une zone rurale du sud-ouest du pays. Ce projet permet actuellement de maintenir 100 enfants dans le système éducatif.
  • Au Mali, le partenaire local du BICE mène un projet de soutien scolaire en direction de filles et garçons en situation d‘échec à l’école. Et propose aux plus grands d’accéder à la formation professionnelle.
  • Au Burkina Faso, le BICE soutient deux espaces Amis des Enfants (EAE), offrant un refuge et un apprentissage aux enfants déplacés. Ces espaces fournissent non seulement un abri physique, mais aussi des activités éducatives, récréatives et sanitaires, ainsi qu’un soutien psychosocial indispensable pour les enfants affectés par des crises.
  • En Côte d’Ivoire, à Djékanou, le BICE s’attache à améliorer les conditions de scolarisation de 115 enfants accueillis dans l’école Sainte Bernadette. Parmi les actions menées : forage d’un puits pour accéder à de l’eau potable, distribution d’un repas nutritif les jours de classe, création d’une bibliothèque…

Des initiatives de plaidoyer

Enfin, le BICE et ses partenaires sont régulièrement à l’origine d’initiatives de plaidoyer à des échelles locale, nationale et internationale afin de promouvoir et défendre le droit à une éducation de qualité de tous dans leurs pays d’intervention.

*L’exemple de la France : L’école est un droit pour tous les enfants résidant sur le territoire national français quels que soient leur nationalité, leur statut migratoire ou leur parcours antérieur. Est ainsi inscrit dans les articles L. 111-1, L. 122-1 et L. 131-1 du code de l’éducation l’obligation d’instruction pour tous les enfants. Et, dans les articles L. 321-4 et L. 332-4, l’obligation de mettre en place des actions particulières pour l’accueil et la scolarisation des enfants allophones arrivants en France. Dans ce cadre, il est de la responsabilité de l’institution scolaire de mettre en place les conditions qui facilitent aux parents les démarches d’accès à l’école et leur implication dans la scolarité de leur enfant, condition de sa réussite.

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