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Ces deux termes, préconisés par M. Rutter, permettent de définir un ensemble d’éléments qui peuvent faciliter ou au contraire entraver les processus de résilience chez une personne ou dans une communauté. Ces éléments évoluent, car l’interaction entre le sujet et son environnement est toujours constante et dynamique. Par conséquent, les facteurs de résilience ne seront jamais absolus, ils peuvent changer à chaque moment de la vie.

Des facteurs flexibles

Des auteurs comme Michael Ungar, Stefan Vanistendael et Gema Puig soulignent que les facteurs de risque sont des événements, des conditions ou des expériences qui augmentent, chez ceux qui les vivent, la possibilité d’un développement inadéquat (physique, cognitif, social ou émotionnel) avec des résultats négatifs dans le futur. Alors que les facteurs de protection sont des ressources, des caractéristiques, des compétences ou des situations liées à la personne et à son environnement qui aident à combattre les effets négatifs des facteurs de risque. Il convient de noter que la présence d’un ou plusieurs facteurs de risque ne détermine pas nécessairement une issue négative. Parfois, un seul facteur de protection suffit à atténuer les conséquences d’une situation défavorable.

Ces dernières années, sur la base du modèle holistique de Gloria Gil, l’expression « facteurs de risque et de protection » a été remplacée par « facteurs de résilience et de non-résilience ». Dans certains cas, le risque et la protection peuvent en effet être réducteurs et limiter la compréhension du contexte. Comme le souligne S. Vanistendael, sociologue et ancien responsable de l’Unité Recherche et Développement du BICE, rappelons que ces facteurs font partie de la vie, ce qui les rend flexibles. Tout facteur de résilience peut être perverti et devenir un facteur de risque. Et vice-versa.

Par exemple, des situations de violence intrafamiliale envers les enfants transforment le foyer, habituellement protecteur, en lieu dangereux. Autre exemple : une estime de soi excessive peut rendre une personne arrogante ou obtuse ; une foi pervertie peut conduire à l’extrémisme. Ces facteurs de protection se transforment alors en facteurs de risque.

Quelques exemples

L’identification des facteurs de résilience et de non-résilience est également complexe. Car ces facteurs vivent dans de multiples dimensions, toutes interconnectées. En général, on parle de facteurs aux niveaux personnel, familial et communautaire. Bien que les facteurs ne soient jamais absolus, voici un bref aperçu de certains d’entre eux :

Facteurs de résilience

Facteurs de non-résilience

Personnels

– Compétences cognitives (intelligence, créativité, résolution de problèmes)
– Compétences sociales
– Intelligence émotionnelle et gestion des émotions
– Altruisme et capacité à aider les autres
– Projection dans l’avenir, espérance, rêves et idéaux
– Valeurs telles que l’honnêteté, la solidarité, le partage
– Spiritualité, croyances religieuses
– Sens de l’humour
– Estime de soi positive
– Troubles mentaux
– Addictions
– Faible estime de soi
– Mauvaise gestion des émotions
– Besoins fondamentaux non satisfaits (malnutrition)

Familiaux

– Communication entre les membres de la famille
– Soutien familial
– Rituels familiaux (célébrer les anniversaires, dîner ensemble, etc.)
– Proches atteints d’une maladie ou souffrant d’une addiction
– Mauvaise communication entre les membres de la famille
– Manque de réseau de soutien
– Violence domestique
– Chômage

Communautaires

– Réseaux sociaux sains : amis, voisins, groupes de pairs.
– Tuteurs ou facilitateurs de résilience
– Espaces de loisirs sûrs
– Accès à l’éducation
– Manque de réseau de soutien
– Réseaux à risque
– Discrimination
– Isolement social
– Violence, mauvais traitements et abus
– Machisme, culture patriarcale
– Travail des enfants

Afin de promouvoir les processus de résilience, il est important de comprendre les facteurs contextuels (objectifs et subjectifs) de l’enfant, de l’adolescent, de la famille ou de la communauté. Ceux-ci fournissent les informations nécessaires à la conception d’une stratégie de soutien à la résilience ; la clé étant de renforcer les facteurs de résilience afin de réduire l’impact des facteurs de non-résilience. Cette tâche nécessite l’intervention de tuteurs ou de facilitateurs de la résilience. 

Bibliographie

Mateu Pérez R., García-Renedo M., Gil Beltrán J.M. & Caballer Miedes A. (2010). ¿Qué es la resiliencia? Hacia un modelo integrador. Fòrum de Recerca, 15, pp. 231–248.

Puig, G. & Rubio J.L. (2011). Manual de resiliencia aplicada. Gedisa.

Rutter M. (1993). Resilience: Some conceptual considerations. Journal of Adolescent Health, 14(8), pp. 626–631.

Ungar M. (2012). The Social Ecology of Resilience: A handbook of theory and practice (M. Ungar (ed.)). Springer New York.

Vanistendael S. & Lecomte J. (2006). La felicidad es posible. Gedisa.

Vanistendael S. (2015). La Résilience ou le réalisme de l’espérance : Blessé, mais pas vaincu. Ed.actualisée, Les Cahiers du BICE.

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