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Abus sexuel des enfants : le BICE s’exprime dans le quotidien La Croix

Le quotidien La Croix, partenaire du Congrès international du BICE 2015 intitulé « L’abus sexuel des enfants : mécanismes de protection et résilience », relaie ce 20 mai une tribune d’Olivier Duval, Président du BICE. Nous profitons de l’espace alloué pour expliquer les raisons pour lesquelles nous organisons ce Congrès. La tribune est à lire en ligne sur le site de La Croix ici. Vous pouvez également la découvrir ci-dessous :

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L’abus sexuel des enfants, briser le tabou pour mieux lutter contre le fléau

Depuis plus de soixante ans, la promotion de la bientraitance et la lutte contre toutes les formes de violences et d’abus, y compris l’abus sexuel à l’égard des enfants, est l’œuvre quotidienne du BICE, le Bureau international catholique de l’enfance (1), et de ses partenaires de terrain qui défendent la dignité et les droits de l’enfant à travers le monde. Le Congrès international du BICE au Collège des Bernardins aujourd’hui, intitulé « L’abus sexuel des enfants : mécanismes de protection et résilience », s’inscrit dans cette détermination à travailler pour un environnement protecteur des droits de l’enfant.

L’engagement du BICE dans la lutte contre l’abus sexuel est motivé par le fait que ce phénomène touche les enfants et adolescents de tous milieux sociaux et de tous pays, quels que soient leur niveau de développement et leur système, politique, social ou économique. Des études montrent que plus de 20 % des enfants subissent des sévices et violences sexuels avant l’âge de 18 ans (2) et que dans 85 % des cas, l’abus sexuel est commis par un membre de la famille ou une personne du cercle de confiance de l’enfant, ce qui accentue le caractère insidieux du fléau et la peur de porter plainte (3).Dans plus de huit cas sur dix, l’abus sexuel se répète pendant plusieurs années et provoque chez les victimes un traumatisme psychique et des séquelles latentes durables. En France, une étude réalisée en 2014 auprès d’adultes ayant subi des violences sexuelles dans leur enfance révèle que plus de 50 % des victimes avaient moins de 11 ans au moment des faits (4). Selon la même étude, 95 % des victimes interrogées considèrent que les violences ont eu un réel impact sur leur santé mentale, avec une perte d’estime de soi pour 83 % d’entre elles. Ces personnes sont également bien plus enclines à devenir sujettes à des troubles addictifs tels que l’alcoolisme ou les drogues dures.

Et pourtant, ce fléau si répandu aux conséquences désastreuses reste encore entouré d’une forme de tabou. Beaucoup préfèrent détourner le regard face à une réalité si odieuse par son étendue, réduisant le phénomène aux faits divers tragiques relayés par les médias, ou aux cas impliquant des institutions, comme les viols d’enfants par des militaires en Centrafrique fréquemment évoqués ces derniers jours.

Dans ses programmes de terrain, le BICE cherche donc à s’attaquer aux causes de l’abus sexuel, pas seulement à en combattre les conséquences. Un programme triennal (2014-2017) focalisé sur la prévention des abus sexuels et la protection des enfants qui en sont victimes est ainsi en cours avec 29 partenaires engagés dans 19 pays à travers le monde.

Pour contrecarrer ce fléau, nous combinons l’approche fondée sur les droits de l’homme et l’approche résilience. Le BICE vise à influencer les législations nationales et les politiques publiques sur l’abus sexuel de même que les mécanismes de détection, de signalement, d’accompagnement et de soins. Mais ces initiatives ont tout leur sens quand elles prennent aussi en compte la nécessité d’amplifier le potentiel de résilience de tout enfant à risque ou victime d’abus sexuel. Un regard bienveillant, une attention positive, des soins adaptés et multiformes, sont indispensables pour les relever et les intégrer durablement dans la société.

Le congrès international du BICE souhaite aujourd’hui approcher le fléau de l’abus sexuel de manière globale, en réunissant à la fois des professionnels des milieux médicaux et législatifs, des partenaires de terrain du BICE, des spécialistes de la résilience de l’enfant, des représentants gouvernementaux, mais aussi des membres de l’Église.

Il entend, en outre, contribuer à l’engagement et à la sensibilisation du plus large public possible sur les défis humains, sociaux, juridiques et politiques à relever pour éradiquer ce fléau. Ses enseignements permettront de formuler un ensemble de recommandations que les organisations et les décideurs politiques pourront utiliser dans la mise en œuvre de plans d’action nationaux ou de plaidoyers au niveau national, régional et international.

L’abus sexuel des enfants, dans sa réalité la plus répandue, c’est-à-dire commis par un proche de manière répétée, subi par des jeunes victimes de tous milieux sociaux et de tous pays, est un sujet douloureux. Il faut avoir le courage de le regarder en face, d’en parler et d’être attentifs aux signaux que nous envoient les enfants en détresse. Faisons de la lutte contre ces abus une priorité. Un enfant sur cinq sur cette terre l’attend.

Olivier DUVAL, président du BICE (Bureau International Catholique de l’Enfance)

[1]www.bice.org

(2)Étude du laboratoire de recherche familiale de l’université du New Hampshire, 2012.

(3) « Protecting Children against sexual abuse, Council of Europe – A comprehensive approach », 2011.

(4) Mémoire traumatique et victimologie, « Impact des violences sexuelles à l’âge adulte », rapport 2015.

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