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Fin 2021, l’Unicef confirmait les effets dévastateurs de la pandémie sur les droits de l’enfant*. La crise sanitaire a en effet stoppé la plupart des progrès réalisés sur les plans de la santé, de l’éducation, de l’alimentation, de la protection de l’enfance, de la situation économique des familles. Les populations souffrent de surcroît de l’augmentation des prix de produits de première nécessité, conséquence de la guerre en Ukraine. Dans ce contexte, la pauvreté et les inégalités se sont considérablement accrues et continuent de s’accroître.

Baisse du niveau de vie des familles : la pauvreté et l’extrême pauvreté s’aggravent 

En septembre 2023, l’Unicef et la Banque mondiale publiaient une nouvelle étude**. Et les chiffres sont sans appel. Environ 333 millions d’enfants dans le monde – soit 1 enfant sur 6 – vivent dans une situation d’extrême pauvreté. Bien que le nombre d’enfants vivant avec moins de 2,15 dollars par jour a diminué de 383 millions à 333 millions (soit 13 %) entre 2013 et 2022, l’impact économique de la covid-19 a entraîné un retard dans les progrès réalisés de près de trois ans. En l’absence des perturbations liées à la COVID-19, ce sont 30 millions d’enfants supplémentaires qui auraient dû passer au-dessus du seuil de pauvreté“, souligne l’étude.

Ces taux élevés de pauvreté ont un fort impact sur le respect des droits de l’enfant. Lau pauvreté est notamment l’une des principales causes de la hausse du travail des enfants. Beaucoup pour contribuer au revenu familial.

Le travail des enfants en forte hausse

En 2020, il était estimé à 160 millions le nombre d’enfants contraints de travailler. Soit près d’un enfant sur dix dans le monde. Avec 8,4 millions d’enfants travailleurs de plus qu’en 2016***, c’est la première fois depuis 20 ans que ce chiffre augmente. Et ce n’est pas fini. Puisqu’une nouvelle hausse de 9 millions est à craindre d’ici à fin 2022, selon l’Organisation internationale du travail et l’Unicef.

Le constat est préoccupant. D’autant qu’est observée une croissance importante du nombre d’enfants de 5 à 11 ans contraints de travailler. Ils représentent aujourd’hui plus de la moitié de l’effectif total. Le nombre d’enfants âgés entre 5 et 17 ans astreints à des travaux dangereux**** a lui aussi augmenté (+ 6,5 millions depuis 2016) pour atteindre 79 millions en 2020.

Autres données : 70% des enfants travaillent dans le secteur agricole, 20% dans les services et 10% dans l’industrie. Enfin, l’Afrique subsaharienne est la zone la plus touchée par ce fléau.

L’esclavage moderne : une personne sur 150 victime dans le monde

La pauvreté et les crises récurrentes, auxquelles s’ajoutent des mesures de protection sociale inadaptées, ont une autre conséquence, liée à la détérioration des conditions de travail et à une hausse de l’endettement des travailleurs : l’augmentation du nombre de personnes contraintes à des formes modernes d’esclavage. Selon un rapport de l’OIT, publié début septembre 2022, il concerne désormais 50 millions de personnes (10 millions de plus qu’en 2016). Près de 27,6 millions sont soumises au travail forcé et 22 millions contraintes à un mariage forcé*****.

Les femmes et les enfants restent vulnérables de manière disproportionnée. Ainsi, près d’un travailleur forcé sur huit est un enfant. Et plus de la moitié d’entre eux sont victimes d’exploitation sexuelle commerciale. Les travailleurs migrants sont, eux, trois fois plus susceptibles d’être soumis au travail forcé que les travailleurs adultes non migrants.

À l’échelle mondiale, l’Asie et le Pacifique abritent plus de la moitié des travailleurs forcés. Plusieurs organes des Nations unies ont récemment soulevé des préoccupations concernant le travail forcé en Chine. Y compris au Xinjiang, la région qui abrite la population Ouïghoure.

Concernant le mariage forcé, les femmes et les filles représentent plus des deux tiers des personnes victimes de cette forme d’esclavage.

Des impacts sur la santé et l’éducation

Et qui dit pauvreté, travail des enfants, esclavage moderne, dit dégradation de la santé, y compris mentale, des enfants, avec notamment des taux de malnutrition qui ont flambé, et un recul de l’accès à l’éducation (À lire aussi l’article sur l’état de la scolarisation dans le monde et les actions du BICE dans ce domaine).

Les situations de crise sanitaire, économique, sociale, climatique engendrent également souvent plus de violences à l’encontre des enfants. Violences dans les sphères privée et publique. L’esclavage moderne en fait d’ailleurs partie. (À lire aussi l’article sur les différentes formes de violence et les actions du BICE pour lutter contre).

Les actions du BICE et de ses partenaires pour aider les familles à reprendre leur vie en main

Pour faire face aux effets multiples des crises et de la pauvreté sur les familles et les enfants, le BICE et ses partenaires développent divers projets adaptés aux situations et besoins observés sur le terrain. Des projets qui allient l’aide d’urgence à une action sur le plus long terme.

Certains programmes sont axés sur le lancement ou le développement d’activités génératrices de revenus pour que les parents et/ou les jeunes retrouvent leur autonomie financière. Ces projets comportent tous un volet formation. D’autres programmes sont axés sur la sensibilisation des familles à la parentalité positive avec la mise à disposition d’espaces qui favorisent les échanges entre parents et éducateurs sur l’éducation et la bientraitance. Et qui permettent le développement des liens affectifs entre parents et enfants autour de jeux par exemple.

Enfin, le BICE développe des actions centrées sur le bien-être des enfants et adolescents, et notamment sur l’amélioration de leur santé mentale. Pour ce faire, des consultations psychologiques sont proposées en ligne ou en présentiel. La résilience des enfants fragilisés est également favorisée dans les structures éducatives.

*OIT et Unicef, Travail des enfants : estimations mondiales 2020 – les tendances et le chemin à suivre, juin 2021

**Unicef, 333 millions d’enfants dans le monde vivent sous le seuil de pauvreté, 13 septembre 2023

***Alors qu’entre 2000 et 2016, le travail des enfants avait reculé de 94 millions, on assiste depuis 2016 à une inversion de la tendance. 

****Travail susceptible de nuire à la santé, la sécurité ou le développement moral des enfants.

*****Ces deux situations relèvent de l’esclavage moderne car elles renvoient à des situations d’exploitation qu’une personne ne peut refuser ou auxquelles elle ne peut échapper en raison de menaces, de violence, de coercition, de tromperie ou d’abus de pouvoir.

À lire aussi un article sur les enfants réfugiés et déplacés internes.

Retrouvez, ici, les informations liées aux projets mis en place précédemment pour faire face à la covid-19.

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