La pandémie de covid-19 et la crise économique qui en a découlé ont frappé lourdement les quartiers vulnérables de la banlieue de Buenos Aires. Dans le bidonville de Villa Soldati, où intervient notre partenaire, Cadenya*, les problèmes de logements insalubres et surpeuplés, de drogue, de violence, de malnutrition, de chômage, d’accès à la santé ont explosé depuis mi-2020.
La population s’est retrouvée dans une situation extrême de violation de ses droits
« La fermeture des écoles a également eu des conséquences dramatiques pour les enfants et adolescents, dont certains n’ont pas réussi à se remobiliser quand celles-ci ont rouvert plusieurs mois plus tard ; mais aussi pour les parents, obligés de continuer sans le soutien de ces institutions qui représentent pour leur famille un accompagnement au quotidien quasi-indispensable, en termes de nourriture, d’éducation, de vie sociale…, explique notre partenaire local. La population s’est ainsi retrouvée dans une situation extrême de violation de ses droits, qui a conduit à l’accroissement de la violence. »
J’aime cet endroit parce que parfois on joue, parfois on dessine ou on peint. Et avant de partir, on fait toujours une activité pour se calmer. On éteint les lumières et on se détend.
Un petit garçon de 6 ans
Dès mars 2020, la paroisse a mis en place une aide alimentaire pour ces familles avec la distribution de repas. Plus de 1 900 par semaine. Parallèlement, elle a développé un projet autour de la bientraitance, avec le soutien du BICE. Projet qui s’est notamment déployé dans un espace petite enfance créé en mai 2019 par notre partenaire. « Ce lieu est ouvert de 11h à 16h30 pour les enfants âgés de 1 mois et demi à 7 ans. Environ 70 familles en profitent. Les parents y déposent leurs enfants soit sur toute la plage d’ouverture, soit en complément de l’école qui ne se déroule que le matin… Cela dépend des besoins de chacun », précise notre partenaire.
Épanouissement des enfants par le jeu et la socialisation
Je suis contente de l’accompagnement proposé à mon fils dans cet espace. J’ai vu beaucoup de progrès chez lui. Et je suis très reconnaissante du soutien et de la patience dont fait preuve l’équipe.
Une maman
Dans le cadre du projet d’un an, les activités de cet espace petite enfance ont été développées et diversifiées. Ateliers musique, arts plastiques, expression corporelle, théâtre, lecture, jeux libres animent désormais les journées. « Nous adaptons notre programme en fonction des observations que nous faisons du groupe ; et en tenant compte bien sûr des âges. Notre objectif est que les enfants se sentent en sécurité, s’amusent et apprennent à vivre en communauté. Nous sommes par exemple très attentifs au fait qu’ils se disent bonjour quand ils arrivent. Et, quand des tensions entre familles, entre enfants pénètrent dans l’enceinte de notre espace petite enfance, nous prenons le temps d’en discuter avec toutes les personnes concernées. La sensibilisation à la bientraitance est un élément essentiel de notre action. »
Sensibilisation des parents à la bientraitance
Ainsi, en plus d’être un lieu propice au développement et au bien-être de l’enfant, cet espace favorise les échanges entre parents et promeut la parentalité positive. Divers ateliers sur cette thématique ont d’ailleurs été mis en place au cours du projet : « comment encourager la communication ? » ; « quelles limites poser ? » ; « Pourquoi et comment se passer des punitions ? »… Ces rendez-vous sont complétés par un accompagnement individuel de chaque famille.
« Nous travaillons avec les parents pour qu’ils changent de regard sur la petite enfance ; pour qu’ils fassent évoluer leurs pratiques éducatives vers des pratiques bienveillantes ajoute notre partenaire. Et cela marche. Nous constatons en effet des changements d’attitudes et des évolutions positives dans les rapports parents-enfants. Nous accompagnons aussi les familles vers les autres espaces communautaires mis en place dans le quartier ; espaces de loisirs, de sport, soutien scolaire. Des lieux qui favorisent le bien-être des enfants, et qui permettent aussi le développement du lien social, l’intégration des parents. C’est très positif pour les familles. »
Cet espace m’a permis d’ouvrir les yeux et de donner à mes filles la place dont elles ont besoin. Elles sont heureuses à chaque fois qu’elles y vont. Et je vois leur évolution : elles sont plus éveillées et plus calmes aussi.
Une maman
Lutte contre la malnutrition
Enfin, face à l’augmentation de la malnutrition en lien avec la crise et l’aggravation de la pauvreté, tout un volet « alimentation » a été développé en complément des distributions de repas citées précédemment. Les enfants bénéficient ainsi d’une collation à leur arrivée le matin, d’un repas le midi, et d’un goûter avant leur départ. Tous équilibrés sur le plan nutritionnel. Un déjeuner est également proposé aux parents des enfants accueillis. « Cet aspect du projet est important. Pour une question de santé avant tout. Mais aussi pour inciter les parents à emmener leurs enfants dans l’espace petite enfance et à participer aux ateliers qui leur sont destinés. C’est enfin un moment d’échange convivial entre les familles », conclut notre partenaire.
*Cadenya (Commission pour les enfants et les adolescents à risque de l’archevêché de Buenos Aires). Elle accompagne les projets de défense des droits des enfants de plusieurs paroisses. Ce projet est réalisé avec la paroisse de la Vierge Immaculée.