La situation des enfants en conflit avec la loi (ECL) en Côte d’Ivoire reste des plus critiques. Ces enfants peuvent être détenus hors du cadre légal du pays, avec des adultes, et privés des soins et de l’alimentation de base. Souvent en rupture avec leur famille, ils ne bénéficient d’aucun soutien affectif ni d’aucune aide à la réinsertion.
Soutenir les enfants en conflit avec la loi en Côte d’Ivoire
Dans le cadre du programme Enfance sans barreaux, le BICE soutient l’ONG Dignité et Droits pour les Enfants en Côte d’Ivoire (DDE-CI). Cette dernière assure une assistance permanente et multidisciplinaire afin d’humaniser, autant que possible les conditions de détention de ces enfants, mais également de leur donner une chance de reconstruire leur vie. Un appui alimentaire, sanitaire et médical est ainsi assuré à la Brigade de Protection des Mineurs (BPM) et au Centre d’Observation des Mineurs (COM) d’Abidjan. 245 mineurs en conflit avec la loi au COM et 264 à la BPM ont ainsi pu en bénéficier en 2017.
Aux besoins vitaux, s’ajoute la nécessité de soutenir affectivement et psychologiquement ces jeunes en situation de grande vulnérabilité. Avec le support de psychologues locaux, DDE-CI a ainsi mis en place différentes mesures d’accompagnement adaptées aux situations spécifiques de chaque enfant. L’objectif est de mieux connaitre l’enfant, de l’aider à comprendre les dommages causés, et enfin de l’inciter à renouer avec sa famille et à construire un projet de vie.
Un appui psychosocial pour chaque enfant
Le travail ici est double : d’une part avec l’enfant infracteur et d’autre part avec ses parents. En renouant les liens familiaux, l’enfant a en effet plus de chance d’être libéré (dans le cadre d’une mesure alternative à la détention) – les parents se portant garants – et de réussir sa réintégration sociale. Cette méthodologie d’intervention promeut une justice restauratrice.
Lors du travail avec l’enfant, l’écoute active est une première étape indispensable. Il faut d’abord comprendre l’enfant, son histoire, sa personnalité, et gagner sa confiance pour pouvoir ensuite l’aider. Différents outils (counseling, thérapies cognitives, psychoéducation, aide à l’élaboration du projet de vie) peuvent alors prendre le relais en fonction des besoins identifiés. En 2017, DDE-CI a, de plus, instauré deux groupes de paroles de jeunes. Trois anciens ECL sont venus témoigner auprès de 70 mineurs en détention de leur nouvelle vie, sur le principe de la « contagion positive ».
Au total, 457 mineurs en conflit avec la loi en Côte d’Ivoire ont reçu un appui psychosocial de DDE-CI sur la période.
La mission auprès des parents débute, elle, bien souvent par un travail de recherche de localisation, de l’ordre de « l’aiguille dans la botte de foin ». Les enfants se sont depuis longtemps éloignés de leurs proches et ne disposent plus que d’informations très sommaires à leur sujet. Cette tâche, ardue, chronophage et souvent dangereuse porte néanmoins ses fruits. Sur les 86 recherches, 66 ont abouti à la libération de l’enfant. Dans le cas de relations plus conflictuelles, DDE-CI propose aux parents des séances de guidance ou des ateliers de parentalité positives pour renforcer leurs compétences éducatives et faire évoluer leur regard sur leur enfant.