Dans le quartier surpeuplé et d’une extrême pauvreté de Villa Soldati – les égouts y sont à ciel ouvert, l’air difficilement respirable -, les enfants sont confrontés, dès leur plus jeune âge, à la faim, la violence, à des conditions sanitaires et de logement désastreuses. Leur accès à la santé est limité. Et leur scolarisation est souvent de courte durée ; quand elle n’est pas inexistante. Les drogues circulent aussi beaucoup…
En Argentine, 6 enfants sur 10 sont pauvres
Un contexte aggravé depuis 2020 parla Covid-19, qui a éloigné encore un peu plus les familles du travail. « Il y a quelques jours, l’agence nationale de statistiques et de recensement a estimé qu’en Argentine 6 enfants sur 10 sont pauvres. C’est beaucoup. Dans les bidonvilles, où presque la moitié des habitants a moins de 17 ans, ce chiffre explose », explique le père Adrían Bennardis, mobilisé avec sa paroisse dans le quartier de Villa Soldati.
Avec leurs soutiens, dont le BICE fait partie, ils aident les familles les plus vulnérables sur le plan alimentaire. Quatre salles à manger communautaires sont ouvertes le midi, cinq à six jours par semaine. Leur activité s’est intensifiée depuis un an. Actuellement, plus de 1 900 repas y sont servis gratuitement chaque semaine. À cela s’ajoute, depuis le début de la pandémie, la fourniture de denrées de première nécessité à 850 familles.
Une école, un espace petite enfance et un club de quartier
En parallèle, la paroisse mène diverses actions. Notamment en direction des enfants, qui souffrent du manque d’infrastructures près de chez eux.Elle gère ainsi une école secondaire gratuite pour tous et un espace petite enfance. Elle s’occupe aussi d’un club de quartier où sont proposées de nombreuses activités sportives et artistiques. 650 garçons et filles y sont inscrits.
Dans ces lieux, les enseignants et éducateurs transmettent aux jeunes des valeurs positives d’entraide, de persévérance, de confiance en soi. « L’église, l’école, le club de quartier représentent des espaces sûrs, apaisés dans lesquels les enfants sont protégés des dangers de la drogue, des armes, de la violence…, souligne le père Adrían. Les liens sociaux, l’esprit de famille y sont valorisés. C’est important pour les habitants de ce quartier qui sont quotidiennement confrontés à l’exclusion sociale. »
La promotion de la parentalité positive
En plus du développement de l’aide alimentaire, le projet soutenu par le BICE prévoit la promotion de la parentalité positive. Et ce, auprès de 70 familles. Un espace de réflexion sera également créé afin de favoriser les échanges sur l’éducation des enfants, la bientraitance. Il permettra aussi de renforcer les liens affectifs entre parents et enfants autour de jeux collectifs par exemple.
L’ensemble de ces actions permet ainsi de diminuer les risques de malnutrition et les maladies qui en découlent. Elles donnent aussi aux enfants des perspectives d’avenir. L’espoir et l’envie d’un futur plus clément.
Histoire de vie
Ezequiel, 13 ans, a commencé l’année dernière à venir chercher de la nourriture le midi dans l’une des salles à manger. En discutant avec lui, le père Adrían et la sœur Hanna ont découvert qu’il n’allait plus à l’école, qu’il était souvent seul, et qu’il vivait dans des conditions de vie extrêmement difficiles. Ezequiel habite avec son père et ses deux frères de 16 et 18 ans. Tous les trois sont travailleurs informels, mais ils n’arrivent plus ces derniers mois à gagner assez d’argent pour nourrir la famille. Le père Adrían est allé rencontrer le père d’Ezequiel pour lui parler de l’école de la Paroisse et de l’importance pour son fils de poursuivre ses études. Aujourd’hui, l’adolescent est de nouveau scolarisé. Il joue aussi au football dans le club. Et, est heureux d’appartenir « à une grande famille ».