D’origine italienne, quadrilingue, Alessandra Aula, motivée par les principes de justice et paix, est diplômée en sciences politiques à l’université de Genève. Elle travaille auprès des Nations unies depuis 1991 et s’est forgée ainsi une expérience importante dans le plaidoyer et les relations internationales, en particulier sur les droits de l’homme et les droits de l’enfant. Avant son arrivée au BICE, elle a représenté à Genève des institutions comme Pax Christi International, Dominicans for Justice and Peace ou Franciscans International. Elle intègre le BICE en 2008 comme directrice du bureau de Genève. Rencontre.
Quelles sont les priorités du BICE aujourd’hui ?
Alessandra Aula : Nous avons retenu cinq priorités d’actions dans le Plan stratégique 2019-2022, élaboré de façon participative avec nos membres : la lutte contre la violence à l’égard des enfants, en particulier de nature sexuelle ; la garantie d’une éducation inclusive et de qualité ; la résilience des enfants et de leur communauté ; l’inclusion des enfants en situation de handicap ; et la promotion d’une justice réparatrice. Depuis mi-2020, nous mettons également en œuvre plusieurs projets pour aider les enfants en situation de vulnérabilité et leurs familles à faire face à la crise de la Covid-19.
Le BICE mène également de nombreuses actions de plaidoyer, pouvez-vous nous en dire un mot ?
A.A. : Le travail de recherche et de plaidoyer sur le plan international et national est important car il participe à influencer les politiques publiques et à faire évoluer les législations. En parallèle de nos actions de plaidoyer auprès des instances internationales, nous avons également à cœur de former nos partenaires locaux à cet exercice pour qu’ils puissent eux-mêmes donner leurs témoignages et renforcer la défense des enfants auprès des autorités régionales, nationales et internationales. Cela permet d’assurer une continuité de l’application des droits de l’enfant en toute circonstance. Et cela renforce les passerelles entre le terrain et les instances internationales.
Quelle est selon vous l’une des principales valeurs ajoutées du BICE ?
A.A. : Ses partenaires locaux justement. Le BICE s’appuie sur un réseau mondial de 80 membres engagés dans la défense de la dignité et des droits de l’enfant. Ce réseau constitue l’identité même du BICE et une exceptionnelle valeur ajoutée. Car toutes les actions mises en place le sont par des organisations locales qui connaissent les contextes culturels, socio-économiques, démographiques des territoires dans lesquels elles interviennent.
Quelles sont les principales contraintes et opportunités pour le BICE dans le futur?
A.A. : Deux défis nous interpellent tout particulièrement : le recul depuis déjà quelques années de l’approche fondée sur les droits de l’homme, conséquence de la crise du multilatéralisme ; et l’accroissement des besoins humanitaires sur le terrain. Les disponibilités des bailleurs de fonds et des donateurs privés représentent aussi une interrogation face au futur. Toutefois, sans négliger l’impact de la pandémie, le BICE fonde ses missions sur l’approche résilience et souhaite se tourner vers les opportunités créées par la Covid-19. Des opportunités pédagogiques, culturelles, écologiques, l’opportunité aussi de repenser le modèle de croissance et de changer de regard sur la réalité du monde pour retrouver un équilibre de vie personnel et en société.
Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux donateurs du BICE ?
A.A. : C’est grâce à tous nos donateurs que l’on peut soutenir chaque année plus de 35 000 enfants et leur permettre « d’être debout », de se prendre en main face à tout ce que la vie va leur donner de bon et de mauvais. C’est la générosité du public qui permet au BICE de continuer, depuis plus de 70 ans, ce mouvement en faveur des enfants les plus démunis. À tous ces donateurs, que je remercie bien sûr du fond du cœur, je voudrais dire également qu’au BICE, les équipes sont engagées et solidaires de la cause des enfants. Cela peut paraître une évidence, mais il est important de le souligner, car leur motivation personnelle et leur expérience professionnelle sont un gage de confiance et de sérieux dont les donateurs peuvent être assurés.