« C’est une véritable crise humanitaire. La situation est inquiétante. Cela fait maintenant un mois que la seule route qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie est bloquée par les Azerbaïdjanais. La vie des 120 000 Arméniens, dont 30 000 enfants, qui habitent ce territoire est de plus en plus difficile, souligne Armine Gmyur, psychologue au sein d’Arevamanuk, partenaire local du BICE. Les droits de l’homme y sont constamment violés, la famine s’installe, les médicaments manquent et ce sont les plus vulnérables, notamment les enfants, qui en souffrent le plus. Actuellement, tout ce que peut faire le Comité international de la Croix-Rouge, c’est de transporter les patients les plus gravement malades à Erevan, la capitale arménienne, pour qu’ils puissent recevoir un traitement adapté. »
270 enfants bloqués en Arménie depuis le 11 décembre
Nombreuses aussi sont les familles séparées par ce blocus. 270 enfants sont notamment bloqués depuis le 11 décembre à Goris, dans le sud de l’Arménie. Certains avec un parent, d’autres seuls. Depuis lundi 9 janvier, ces enfants sont scolarisés quel que soit leur niveau d’étude. Notre partenaire Arevamanuk organisera prochainement dans cette ville un atelier de résilience à destination des enfants les plus affectés sur le plan psycho-social. « La souffrance psychologique, l’anxiété, la colère sont forts, les traumatismes nombreux… Nous devons absolument apporter rapidement un soutien psychologique aux enfants fragilisés par ce conflit. »
Pour les Arméniens, cette situation est particulièrement anxiogène. « On se sent démunis, on culpabilise parce que l’on n’est pas en mesure d’aider nos compatriotes bloqués au Haut-Karabakh, explique Armine Gmyur. De plus, l’objectif de l’Azerbaïdjan est clair : ils veulent, avec ce blocus et la crise humanitaire qu’il engendre, provoquer l’exode des Arméniens de ce territoire. Cela nous renvoie douloureusement au génocide du début du 20e siècle. Un traumatisme pour notre peuple. »
Un accompagnement psychologique indispensable pour des enfants et leur famille très fragilisés
Pour les enfants pris en charge sur le plan psychologique par Arevamanuk, dans le cadre du projet soutenu par le BICE, suite à la guerre de fin 2020, « chaque nouvelle tension entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, chaque nouvelle agression sont sources d’angoisse. Cela fait ressurgir leurs blessures (guerre, exil, mort ou disparition d’un parent…) et ne les aide pas à se reconstruire. De plus, face à ce conflit qui n’en finit pas, beaucoup de parents n’arrivent pas à se relever et perdent petit à petit espoir. Dans ce cas, il est difficile pour eux d’aider leurs enfants… »
Dans ce contexte, où la santé mentale est gravement atteinte, notre partenaire observe de plus en plus de troubles dépressifs et de comportements agressifs. Il poursuit ainsi ses accompagnements psychologiques tout en s’adaptant à l’évolution de la situation. Des consultations individuelles et de groupe, des activités de résilience sont proposées aux enfants et aux parents. Et comme noté précédemment, un atelier de résilience sera bientôt mis en place dans le sud.