Alessandra Aula, Secrétaire générale du BICE, revient sur les actions menées par l’organisation au cours des 70 dernières années et sur les défis à venir pour les 10 prochaines !
Quel a été le rôle du Bureau International Catholique de l’Enfance (BICE) au cours de ses 70 premières années ?
Le BICE a été un précurseur à bien des égards : le travail en réseau et avec d’autres réseaux, un plaidoyer fort pour que l’enfant soit reconnu comme sujet de droits et que sa voix soit entendue, la reconnaissance du rôle de la famille et de la communauté dans son développement intégral. Au cours de ces 70 dernières années , les mécanismes et les procédures pour défendre les droits de l’enfant ont, bien sûr, évolué. Le corpus normatif s’est étoffé et le Bureau International Catholique de l’Enfance continue de participer activement à ce processus. Mais, au fond, il s’agit de réaffirmer en toute circonstance que l’enfant est titulaire de droits comme toute personne humaine. Et que les États – qui, par ailleurs, ont volontairement ratifié les traités des droits de l’homme – ont la responsabilité principale de les promouvoir, protéger et mettre en œuvre. Selon la formule si juste de Nigel Cantwell (¹), ce sont « les enfants aussi » et non pas « les enfants d’abord ».
Aujourd’hui, quelle définition donneriez-vous du Bureau International Catholique de l’Enfance ?
Le BICE reste attaché à la vision qui a guidé les institutions – Frères des écoles chrétiennes, Œuvre pontificale missionnaire de la Sainte enfance, Salésiens et Jésuites à travers la revue Lumen Vitae – qui l’ont fondé il y a 70 ans. Et, si l’on peut convenir que le mot « bureau » est fils de son époque, cela n’en veut pas moins dire que le BICE a, dans le temps, développé une réflexion sur l’enfance. Nos publications, nos congrès internationaux et notre programme de formation « Tuteurs de résilience » en sont la preuve. Le plaidoyer qui englobe aussi une dimension régionale et nationale reste également au cœur de notre mission. Et au fil des années, les projets de terrain sont venus compléter l’œuvre du BICE. Ils s’inscrivent pleinement dans notre souci constant de promouvoir et défendre la dignité et les droits de l’enfant. L’inspiration catholique qui s’enracine dans les valeurs de l’Évangile et dans la doctrine sociale de l’Église oriente l’action du BICE. Ainsi, en chaque enfant que nous accompagnons, nous voyons reflétée l’image de Dieu. A ce propos, la phrase du poète indien et Prix Nobel de littérature, Rabindranath Tagore, qui ouvre notre Charte « Tout enfant qui nait est un signe que Dieu n’a pas désespéré de l’humanité » résume au fond le sens profond de notre engagement.
Quels seront selon vous les principaux enjeux pour le BICE au cours des 10 prochaines années ?
En dépit des progrès accomplis, nous sommes, au quotidien, témoins des souffrances que les enfants endurent. Ces souffrances ont un impact réel sur la jouissance de leur droit à la vie et au développement tel que demandé par l’article 6 de la Convention. Aujourd’hui, trois sujets sont, à mon avis, déjà en train de changer notre horizon de travail : la rupture du tissu familial, les déplacements forcés de centaines de milliers d’enfants et la place grandissante d’internet et des réseaux sociaux dans la vie des jeunes. Le BICE pourra apporter une réponse concertée et adaptée à ces défis globaux grâce à son réseau. Ce sera notre capacité à fédérer nos membres et à mobiliser encore davantage de personnes de bonne volonté qui fera la différence face aux multiples défis auxquels les enfants restent confrontés.