« Quand je regarde le chemin que j’ai parcouru depuis que je suis au centre Amigó Venecia, je suis moi- même surpris. Je me suis vraiment amélioré. J’ai appris à choisir mes amis, à être honnête, responsable des tâches qui me sont confiées. Je ne consomme plus. J’ai réussi à me réconcilier avec le monde qui m’entoure… Et avec moi aussi. »
Condamné à 24 mois en milieu ouvert suite à plusieurs délits, José, aujourd’hui âgé de 18 ans, a été placé par la justice en mars 2022 dans l’un des centres de la Congrégation des Tertiaires Capucins (RTC), partenaire du BICE en Colombie. Des lieux mixtes, alternatifs à la privation de liberté, où des mineurs en conflit avec la loi accomplissent, la journée, des mesures socio éducatives axées sur la justice réparatrice. Et rentrent chez eux le soir. José, lui, vit avec sa sœur à Bogota, dans des conditions précaires.
Aider les jeunes à se responsabiliser
« Le dialogue a une place important dans le travail que nous menons avec les adolescents. Nous les incitons à partager leur histoire, à exprimer ce qu’ils ressentent. Cela les aide à prendre conscience qu’ils sont responsables de leur vie, de leurs actes, y compris envers leurs victimes. Ce qui est primordial », explique Diana Herreño, coordinatrice de projets chez les RTC.
En parallèle, les jeunes participent à divers ateliers artisanaux et artistiques, mais aussi à des actions au service de la communauté ; le but étant de créer une discipline positive, de leur donner le goût du travail, de la participation à la vie de la cité et qu’ils soient fiers d’eux-mêmes et de ce qu’ils réalisent.
Accroître leurs chances de trouver un travail
Mis en place depuis des décennies dans les provinces de Bogota et de Cundinamarca, ces centres ont largement prouvé leur efficacité et ont la pleine confiance des autorités judiciaires. Ils ne cessent, depuis leur création, de perfectionner leur accompagnement.
« Le taux de récidive des adolescents que nous accompagnons est très faible. Toutefois, nous avons constaté après la covid-19 que les jeunes rencontraient de plus en plus de difficultés à trouver du travail. Un frein considérable à leur réintégration sociale, explique Diana. Avec le soutien du BICE, nous avons donc ouvert en 2022 un lieu d’apprentissage, Bethléem (la maison du pain), où nous organisons des formations en boulangerie et en pâtisserie, ouvertes aux jeunes que nous accueillons. Et, depuis 2023, grâce à un autre projet appuyé par le BICE, ils ont aussi la possibilité de reprendre leur scolarité en suivant le programme d’enseignement accéléré Écoles sans frontières. »
« Ça a été dur parfois, mais j’ai réussi »
José a suivi les cours de boulangerie, puis de pâtisserie. Une révélation. Il y a appris les bases de chacun des métiers pendant un semestre et s’emploie depuis à perfectionner ses savoir-faire. Ce qu’il préfère ? « Préparer des cookies et des gâteaux. » Son sérieux et ses qualités relationnelles ont même incité la congrégation à l’employer à Bethléem comme assistant du professeur jusqu’à la fin de sa peine.
« Cette formation a changé ma vie. Elle me permet de croire en un avenir différent. Je peux espérer trouver du travail, peut-être même ouvrir ma boulangerie un jour, et vivre dans de bonnes conditions avec ma famille. La congrégation m’a guidé, sans limiter mes rêves. Ça a été dur parfois, mais j’ai réussi. Je lui suis vraiment reconnaissant. Je souhaite à tout jeune, perdu comme moi, de bénéficier d’un tel encadrement », conclut José.