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ecole sans frontières pour des enfants en conflit avec la loi ou à risque, en classe
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Colombie. Une école pour les jeunes en rupture sociale

À Bogotá, en Colombie, le BICE soutient son partenaire local, les Religieux Tertiaires Capucins (RTC) dans leur projet École sans frontières (fév. 2023-jan. 2025) à destination des adolescents en conflit avec la loi et des enfants à risque qui ont décroché. Un projet qui complète ses actions en matière de justice réparatrice (ou justice restaurative).

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Au cœur de ce projet, la réintégration scolaire d’adolescents en situation de grande vulnérabilité sociale. Des enfants en conflit avec la loi (ECL) ou à risque, sortis du système éducatif trop tôt, ce qui complique encore leur réinsertion sociale. « Depuis leur fondation en 1889 par le père Luis Amigó, les RTC œuvrent auprès d’enfants infracteurs. Pour que ces jeunes s’en sortent, deviennent des citoyens responsables, il faut bien sûr qu’ils prennent conscience de la gravité et des conséquences de leurs actes. Nous travaillons sur ce point au sein de nos centres, dans une démarche de justice réparatrice (aussi appelée restaurative)*. Mais il faut aussi les accompagner vers un projet de vie digne, qu’ils puissent devenir acteurs à part entière dans la société, qu’ils se sentent utiles, précise Diana Herreño Bustos, coordinatrice du projet. Et cela passe notamment par le retour à l’école. »

En 2022, 94 % des adolescents bénéficiaires ont obtenu leur diplôme

Après une première année de soutien à la réinsertion scolaire des ECL, dans le cadre d’un autre projet des RTC aussi soutenu par le BICE, notre association a décidé, au vu des résultats, de lancer cette nouvelle initiative. Pour ne donner qu’un chiffre : en 2022, 94 % des adolescents bénéficiaires ont obtenu leur diplôme. Et décrivent l’éducation comme une valeur réparatrice. « Ils voient dans École sans frontières une opportunité fondamentale et unique de restructurer leur style de vie, de s’éloigner de l’illégalité et de favoriser leur réintégration au sein de leur famille et de leur communauté », explique Diana Herreño Bustos.

Un programme éducatif flexible et personnalisé

Ainsi, au cours de ce projet de deux ans, débuté en février 2023, 200 enfants et adolescents (50 par semestre) accueillis dans l’un des centres ouverts des RTC suite à une décision de justice** vont bénéficier d’une prise en charge scolaire. Dans un environnement spécifique. École sans frontières se caractérise en effet par la flexibilité de ses enseignements, autrement dit un programme d’apprentissage accéléré de six mois, adapté à chacun. Ainsi, outre une formation académique (de la primaire au collège selon les niveaux), les jeunes sont suivis par des psychopédagogues en vue de favoriser leur émancipation intellectuelle et un retour aux apprentissages.

Apprendre ou réapprendre à être élève

« Les premières semaines ne sont pas évidentes. Les élèves doivent apprendre ou réapprendre à se tenir en classe, à être attentifs et concentrés tout au long du cours, à respecter les horaires. Mais au fur et à mesure, on voit leur attitude changer. Et l’on remarque que la plupart aime ce nouveau rôle, aime être en position d’apprentissage. La méthodologie utilisée, basée sur le travail collectif, l’analyse critique, l’argumentation, la discussion, les motive vraiment et stimule leur intérêt », souligne la coordinatrice.

L’objectif est donc que les adolescents, à la fin des six mois d’École sans frontières, aient acquis les connaissances fondamentales et le savoir-être nécessaires pour réintégrer le système scolaire colombien. Un suivi et un soutien matériel peut alors être mis en place, si besoin, pour accompagner l’élève. Une bourse peut, par exemple, être allouée si l’un d’eux entre à l’université.

Favoriser l’implication des parents et le renforcement des liens familiaux

Enfin, le soutien des parents pour accompagner ces adolescents dans leur réinsertion scolaire et sociale joue un rôle important. Il est donc favorisé. Leur présence exigée tous les trois mois lors de la remise des bulletins scolaires et, à la fin, du diplôme participe à resserrer les liens familiaux et à valoriser le travail des jeunes.

* L’objectif de la justice réparatrice ou restaurative est la réparation du dommage causé à la victime, au lien social et à la société. Il suppose ainsi la participation active et conjointe de l’enfant en conflit avec la loi, de la victime, quand cela est possible, et des membres de la communauté afin de résoudre les problèmes engendrés par l’infraction.

** En Colombie, le système de responsabilité pénale pour les adolescents (SRPA) confie des jeunes en conflit avec la loi aux RTC qui gèrent plusieurs centres ouverts. Les jeunes exécutent ainsi des mesures alternatives à la détention.

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