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© Thomas Louapre - BICE
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Comment réinventer les liens intergénérationnels ?

Entretien avec Francesco Belletti, directeur du Centre international des études sur la famille.

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En novembre dernier, le BICE participait à l’organisation d’une conférence intitulée “La famille, source de force et de sécurité face aux défis sociaux actuels” qui s’est déroulée à l’ONU, à Genève. L’un des intervenants, Francesco Belletti, directeur du Centre international des études sur la famille, a accepté d’approfondir avec nous la question des liens intergénérationnels.

Allongement de la vie, migrations, familles monoparentales… Quel est l’impact de l’évolution du rôle et du sens de la famille sur les enfants ?

Au niveau macro-économique, les nouvelles générations sont devenues concurrentes des adultes et des personnes âgées par rapport aux aides publiques. C’est un phénomène nouveau lié notamment au chômage et à la précarité. Mais les liens intergénérationnels, à l’intérieur des familles, restent un mode efficace de solidarités réciproques. Les jeunes générations apportent temps, soins et soutien aux personnes âgées fragiles, alors que les aînés soutiennent leurs enfants devenus parents.

Y a-t-il un modèle prédominant de ce lien aujourd’hui ?

Non, car la grande diversité des formes de famille a un impact direct sur les liens intergénérationnels : les familles immigrées peuvent rarement compter sur l’aide des grands-parents restés généralement dans le pays d’origine. Dans un autre registre, les familles monoparentales ne peuvent guère aider les personnes âgées, étant donné le peu de temps dont un père ou une mère seule dispose en dehors du travail et des enfants. Les liens entre les générations dépendent également des solutions sociales proposées par les Etats. La solidarité se déploie davantage dans des situations de crise économique, quand les aides sociales se font rares. C’est très important, car la force des liens intergénérationnels est un facteur déterminant du bien-être des enfants.

Qu’en est-il dans les pays non-industrialisés ?

Les systèmes de protection sociale y étant moins développés, les gens comptent essentiellement sur la solidarité privée et familiale. La “valeur de l’âge” y est également mieux respectée. Ce poids social des aînés devrait inspirer les pays industrialisés où la production, la consommation et la force de travail semblent être devenues le principal moyen d’évaluer une personne.

Quelles politiques publiques devraient être menées pour renforcer les liens intergénérationnels ?

Il est très important que les politiques publiques renforcent l’autonomisation des familles au lieu de les déresponsabiliser. Elles doivent tenir compte et récompenser le bien-être créé par les familles. Enfin, il faut qu’elles reconnaissent la famille comme sujet social et, pourquoi pas, imaginent des processus de participation démocratique des familles au sein de la communauté.

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