Dans la lutte contre la propagation du coronavirus, l’apprentissage au plus grand nombre des gestes barrières joue un rôle essentiel. Au Togo, les populations rurales, majoritairement analphabètes, sont coupées des informations officielles sur la maladie et sur les moyens de s’en prévenir. Attachées aux interprétations traditionnelles des faits et souvent d’une grande pauvreté*, elles ont l’habitude de pratiquer l’automédication et/ou la consultation des oracles en cas de maladie. Avec les conséquences que cela peut avoir.
Actions de sensibilisation dans cinq villages
Dans ce contexte, le BICE a décidé de soutenir les actions de sensibilisation d’A2PEJF (Association pour la promotion et la protection de l’enfant et de la jeune fille) dans cinq villages de la région sud-est maritime du Togo. Une zone rurale qui souffre aussi de l’absence d’hôpitaux. Le plus proche est celui de Lomé. Situé à plus de 50 km, il a de surcroît des capacités de réanimation limitées.
À Attitogon, Kéwome, Hompou, Klilogo Gagnon et Ainfoin, des réunions en petits groupes (15 maximum) permettront d’informer les habitants sur le coronavirus et les mesures préventives pour lutter contre la propagation de la pandémie. Elles se dérouleront dès le 2 mai en présence notamment de leaders communautaires. Pour compléter ces interventions, A2PEJF collera dans les villages des affiches représentant, en dessin, les gestes barrières à adopter. Et deux médias régionaux diffuseront quatre émissions de radio sur le sujet.
Dispositifs de lavage de mains pour 10 familles
Dix familles en situation de grande vulnérabilité vont également bénéficier d’un dispositif de lavage de mains. Ces équipements pourront aussi servir à l’entourage des familles.
*51 % de la population vit en situation de pauvreté multidimensionnelle au sens du Programme des Nations unies pour le Développement. 60% de la population vit en zone rurale (Banque mondiale, 2015) et le taux d’alphabétisation est lui aussi de 60%. Le Togo arrive en 166e position sur 188 au classement par l’indice de développement humain.
« L’économie togolaise est à genoux »
Depuis le 1er avril, l’état d’urgence sanitaire a été décrété pour une période de trois mois. Et le Togo tourne au ralenti. Un couvre-feu a été mis en place entre 20h et 6h. Les établissements scolaires et universités sont fermés (depuis le 22 mars). Et les voyages à l’intérieur du pays interdits, excepté pour l’acheminement des marchandises de la capitale vers le reste du territoire. « L’économie togolaise est à genoux, souligne Mawuto Afansi d’A2PEJF-Togo. Certains entrepreneurs ont mis la clé sous la porte. Les employés des bars et des cafétérias, fermés en raison du couvre-feu, se retrouvent au chômage. Et le grand marché de Lomé, l’un des plus grands de la sous-région, où se tient la plupart du commerce quotidien, est inanimé. »
Pour les populations les plus pauvres qui vivent au jour le jour du travail informel – porteurs de bagages (portefaix), vendeurs ambulants, transporteurs de marchandises par tricycle… – la fermeture des frontières et le ralentissement des flux les coupent de leur seul revenu. Ainsi, malgré les mesures sociales et économiques annoncées par le gouvernement (gratuité de l’eau et de l’électricité, et transferts monétaires pour les plus vulnérables, soutien à la production agricole…), « c’est très dur et la pauvreté explose. »