Lancé fin 2024 par la congrégation des sœurs de Saint-Joseph de Cuneo, le projet Cre-arte s’adresse à des jeunes issus de contextes difficiles à Quilmes, une banlieue défavorisée de Buenos Aires en Argentine. Des adolescents et jeunes adultes vivant dans un foyer d’accueil placé sous protection judiciaire, ainsi que des enfants dont les mères ont fui la violence domestique. À travers des ateliers hebdomadaires animés par des professionnels, Cre-arte leur offre un espace de formation, de création, et surtout, de reconstruction. Le travail manuel devient alors un outil d’expression, d’autonomie économique et de lien social.
Lors de la première rencontre, les bénéficiaires ont d’ailleurs été invités à « regarder autrement » grâce à la construction d’une chambre noire. Cette expérience d’illusion d’optique leur a permis de réfléchir à la manière dont on perçoit les autres et soi-même. Un moment fort d’introspection et d’échange, ponctué de jeux
Des formations artisanales variées
Depuis, les jeunes participent, selon leurs centres d’intérêt, à une ou plusieurs activités.
Bijoux et capteurs de rêves en macramé
Sous la houlette du professeur Fernando, les participants travaillent le mardi l’art du macramé. Bracelets, boucles d’oreilles, capteurs de rêves… Chaque réalisation mêle précision des gestes, exploration des formes et harmonie des couleurs.
Apprentissage du métier à tisser
Avec la professeure Viviana, un groupe de jeunes âgés entre 20 et 30 ans se forme le mercredi au tissage traditionnel. Lors de cet atelier, qui combine rigueur technique et expression personnelle, ils apprennent à fabriquer des écharpes, pashminas ou chemins de table. Le processus commence par le choix des couleurs, puis viennent la coupe de la laine, l’enfilage, la mise en tension et enfin le tissage. Le temps nécessaire à la confection du produit dépend de sa taille, et peut varier d’une à trois semaines. Dans le groupe, chacun a déjà réussi à réaliser plusieurs pièces destinées à la vente.
En parallèle, des adolescents se sont appropriés les techniques de tissage de tapis en tutora et en filet. Un savoir-faire rapide à maîtriser et à produire.
Créations en porcelaine froide et peinture décorative
Accompagnés par Maria et Roxana, les participants âgés entre 12 et 18 ans apprennent le jeudi à modeler la porcelaine froide pour transformer de simples pots de confiture en objets décoratifs. Ils sont également initiés à la peinture sur bois : plateaux, boîtes à thé, bracelets… Chaque objet devient support de créativité, d’expérimentation et de valorisation des talents.
Sublimer les objets du quotidien
Grâce à l’atelier de sublimation animé par Valeria le vendredi, les participants apprennent à imprimer des images sur divers matériaux : tasses, sacs, coussins ou porte-clés. Une formation pratique qui allie apprentissage technique et perspectives professionnelles. Un atelier apprécié des jeunes de 12 à 25 ans pour sa modernité et sa dimension entrepreneuriale.
Un projet, des revenus, un avenir
Tous les objets fabriqués dans le cadre des ateliers Cre-arte sont mis en vente sur les réseaux sociaux et lors de foires artisanales locales. La moitié des revenus revient directement aux jeunes, leur offrant une autonomie partielle pour financer des dépenses personnelles ou scolaires. Le reste permet de renouveler les matériaux et de pérenniser les ateliers.
Au fil des mois, l’engagement des jeunes s’est consolidé. Certains vendent désormais leurs créations de manière autonome. Au-delà des savoir-faire acquis, le projet renforce la confiance en soi, l’appartenance à un groupe et la motivation à s’inscrire dans un avenir constructif.
Une culture de proximité à faire grandir
Pour les mois à venir, il est prévu d’intégrer de nouveaux bénéficiaires, d’ouvrir un atelier de céramique, et de diversifier les espaces de vente. Ce dernier point fait partie des défis à relever sachant que les ateliers sont mis en place dans un secteur à faibles ressources économiques.
« Ce projet nous tient à cœur, car nous sommes témoins au quotidien de beaucoup d’inégalités, de souffrance. Et les jeunes sont particulièrement touchés. Face à cela, les ateliers proposés ont un impact réel sur les participants, tant sur le plan personnel que social. Leur pertinence ne fait aucun doute. C’est pourquoi nous souhaitons les développer davantage », conclut sœur Paulina Oviedo.