À Bourzanga dans le Centre Nord, la situation est dramatique en raison du blocus terroriste imposé à la ville. « La présence d’hommes armés qui tuent et de mines antipersonnel sur la route qui mène à Bourzanga isolent la ville. Les habitants ont dû faire face à trois vagues de famines en un an (août 2022, décembre-mars, mai-juin 2023). Et ce, malgré l’appui du PAM*. Ces périodes ont particulièrement marqué les enfants. La majorité des familles n’avaient plus que des légumes et des feuilles pour survivre, explique notre partenaire sur place. Et puis, le système scolaire a été quasi inexistant cette année. Tous les fonctionnaires de l’État, notamment les enseignants, ont déserté la ville du fait de l’insécurité. »
Un contexte critique pour les habitants et les déplacés internes, estimés à près de 100 000 en juin (définitions de déplacés internes, réfugiés et migrants ici). Un nombre en forte croissance ces derniers mois. « Ils viennent principalement des communes de Aribinda, Djibo, Silgadji et Pobé-Mengao dans la province du Soum et de presque tous les villages autour de Bourzanga dans la province du Bam. Ils fuient la violence, l’insécurité liée au terrorisme. »
Espace Ami des enfants à Bourzanga
Mobilisé auprès de la Commission internationale catholique pour les migrations (CICM) et de la CEPMR-Burkina Faso, le BICE soutient notamment l’Espace ami des enfants (EAE), un lieu sûr et apaisé pour les enfants bénéficiaires. Ouvert tous les matins du lundi au vendredi, il accueille 153 petits de 3 à 6 ans, issus de familles déplacées ou hôtes particulièrement vulnérables. Un repas leur est servi. Et des activités préscolaires et récréatives leur sont proposées. Pré-lecture, activités de langage, de motricité, éveil en mathématiques, dessin, éducation musicale (chant), jeux divers.
« Nous ne pouvons accueillir plus d’enfants de manière régulière, nous ne pouvons fournir plus de repas, alors que la demande est forte. C’est difficile. En période de famine, nous avons même dû fermer à plusieurs reprises le centre, nos réserves étaient épuisées. Pour répondre aux demandes des enfants non-inscrits, nous leur proposons de participer de temps en temps aux activité récréatives. 100 petits viennent ainsi en plus chaque mois. »
Espace Ami des enfants et unité mobile à Karangasso
Un lieu similaire à l’EAE de Bourzanga a été ouvert le 20 janvier plus au sud dans le village de Soumousso (province de Houet, commune de Karangasso) où le nombre de déplacés internes fuyant les attaques terroristes est aussi élevé. Il accueille chaque jour 100 enfants qui bénéficient d’activités préscolaires et récréatives, ainsi que d’un repas. « Comme à Bourzanga, ces activités sont essentielles pour les enfants. Elles leur donnent l’opportunité d’apprendre, de jouer, de développer et/ou renforcer leur résilience. Le centre participe ainsi à leur éducation et à leur éveil psychosocial. »
La zone bénéficiant d’une certaine stabilité, des espaces mobiles sont mis en place le dimanche après la messe dans trois villages : Karangasso-Vigué, Kien et Dan. Les volontaires (10 au total) formés** dans le cadre du projet rassemblent les enfants autour d’activités éducatives et de détente, des jeux de société, du sport, de la danse, du chant… « La participation aux activités des espaces mobiles aide les enfants à ne pas avoir peur de l’autre, à se socialiser via les jeux collectifs et contribue à leur résilience. Ils sont près de 250 à venir profiter de ces espaces très appréciés des habitants. »
Des séances de sensibilisation à la protection des enfants
Entre janvier et juin 2023, 12 séances ont été organisées dans 12 villages : Dan, Kien, Karangasso-Vigué, Poya, Dèguêlè, Wara, Gonkoro, Diosso, Yéguéré, Kiéba Logo, Pankatioro, Piéré. Plus de 2 400 personnes (1 248 femmes et 1 152 hommes) y ont participé. Sur les thèmes de la protection des enfants en situation d’urgence, de la prévention de la violence, de l’éducation à la paix, de la cohésion sociale, ces séances ont suscité un vif intérêt. Autant auprès des déplacés internes que des hôtes. « Cela les aide aussi à mieux comprendre le contexte humanitaire actuel et à participer à la recherche de solutions pour mieux vivre ensemble. Plusieurs gestes solidaires en direction des plus démunis ont émergé suite à ces réunions, ce qui est très positif. »
*L’appui du PAM (Programme alimentaire mondial) aux populations avec deux vagues de rotation d’hélicoptères avec des vivres a permis d’éviter le pire sur le plan alimentaire. En juin, l’axe de ravitaillement Kongoussi-Bourzanga n’était plus praticable à cause de la présence d’hommes armés sur la route. Les ravitaillements et les déplacements pour joindre les autres localités se faisaient par voie aérienne par le service aérien d’aide humanitaire des Nations unies ou par convois accompagnés par des militaires. Le 26 juin, une attaque terroriste d’un de ces convois a tué 34 militaires et civils.
**Les volontaires, comme les travailleurs sociaux et animateurs des différents EAE, bénéficient régulièrement de formations. Parmi les thèmes abordés : le fonctionnement d’un EAE, la politique de protection de l’enfant, l’assistance psychosociale, la résilience.
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