L’une des explications est la précarité économique, dont souffrent particulièrement les populations autochtones. Environ 70% des enfants et adolescents qui vivent dans des zones marginalisées sont en effet contraints de travailler.
Autre facteur déterminant : la violence sociale. Avec une moyenne annuelle de 477 homicides d’enfants (80% de garçons et 20% de filles), la crainte est forte de subir des violences sur le chemin de l’école ou en son sein. Les enfants et adolescents des familles les plus démunies sont également des cibles faciles pour le recrutement des gangs (rapport CIDH, Violencia, niñez y crimén organizado, 2015).
Les filles particulièrement touchées par la déscolarisation au Guatemala
Les filles, contraintes de s’occuper de leurs petits frères et sœurs, des travaux domestiques ou parce qu’elles tombent enceintes, ont elles un taux de décrochage encore plus important. Enfin, autre problématique : l’offre éducative publique ne tient pas compte de la dimension culturelle de la population. Dans des contextes où les habitants sont majoritairement indigènes – comme c’est le cas à Chinautla, à la périphérie de la capitale, où la fondation Pedro Poveda, partenaire du BICE, développe le programme* -, l’éducation bilingue n’est en effet pas dispensée.
Le Guatemala consacre à l’éducation un budget trop faible
La Constitution garantit le droit à l’éducation et les six années du primaire sont obligatoires et gratuites. Mais le budget consacré à ce secteur est considérablement en deçà des attentes. Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU note par exemple que moins de 15% des classes disposent d’un espace et de matériel et fournitures scolaires suffisants. Ce pourcentage diminue encore dans les zones périurbaines et rurales.
Actions du BICE et de son partenaire la fondation Pedro Poveda
À Chinautla, la population subit ces différentes problématiques. Parmi les actions programmées par le BICE et la fondation Pedro Poveda dans le cadre du programme Écoles sans murs (2020-2023) :
Lutter contre le décrochage scolaire
– Plaidoyer pour l’élaboration d’un ensemble de politiques publiques convergentes. Sur les thèmes de l’éducation, la culture, le logement, la santé et pour l’allocation d’un budget conséquent pour leur mise en œuvre.
– Consolidation du Programme d’appui tutorial (PAT). Ce PAT jouit déjà de la reconnaissance de la direction d’Éducation extrascolaire, comme instrument d’accompagnement scolaire alternatif pour les adolescents qui ont quitté l’école.
– Soutien alimentaire et ouverture des activités récréatives aussi aux fratries.
– Sensibilisation des familles sur l’importance de l’éducation.
– Formation du personnel éducatif et mise à disposition de ressources pédagogiques. Afin qu’il puisse répondre à la diversité culturelle du contexte et innover sur sa méthode d’enseignement.
Favoriser la participation des enfants et promouvoir la bientraitance
– Mobilisation des acteurs politiques et des adolescents ; pour que ces derniers participent au Bureau de la Jeunesse créé en 2018 par la municipalité.
– Plaidoyer auprès de ce Bureau pour la mise en place d’espaces communautaires bientraitants. Et ce, afin de développer des activités ludiques, sportives et récréatives.
– Renforcement de la prise de conscience et de la mobilisation des familles et de la communauté en faveur du droit à l’éducation et de la non-violence.
– Travail en lien avec le ministère de la Santé, les organismes publics et les associations de Chinautla ; pour la réalisation d’actions de prévention contre la violence sexuelle.
– Plaidoyer auprès des autorités publiques. Il est nécessaire que plus de ressources soient allouées à l’accès à l’éducation des filles d’origine autochtone, particulièrement discriminées.
* Depuis 2017, le BICE soutient le projet Xajanaj kahalepana qui promeut une éducation de qualité pour enfants et adolescents en situation de vulnérabilité et d’exclusion sociale à Chinautla où la foundation Pedro Poveda est active depuis 2005.