Dans le quartier de San Julian à Chinautla, près de la capitale, les habitats précaires faits de briques et de tôles s’entassent à flanc de colline. Dans ces logements exigus, les familles en situation d’extrême pauvreté ne voient l’eau couler du robinet qu’une fois par semaine. Au mieux. Et la nourriture se fait parfois rare, faute de moyens. C’est ici que le projet du BICE Écoles sans murs* se déploie, au sein du centre de son partenaire, la Fondation Pedro Poveda.
Dans ce lieu socio-éducatif bienveillant, où les enseignants et éducateurs appliquent une pédagogie différenciée, près de 60 enfants âgés de 6 à 14 ans sont inscrits au soutien scolaire. Par groupe de 12, à raison de 2h30 par jour, le matin ou l’après-midi, en complément de l’école publique qui fonctionne au Guatemala par demi-journée. En parallèle, la bibliothèque, la ludothèque et la salle informatique sont accessibles à tous librement.
Éloigner les enfants des dangers de la rue
« Les enfants de ce secteur, issus de familles vulnérables et pour beaucoup monoparentales, sont souvent livrés à eux-mêmes. Leurs parents travaillent de nombreuses heures pour un salaire de misère, explique Blanca Fuentes, directrice du centre. Ils aiment donc venir dans l’un de nos espaces culturels pour lire, jouer, participer à une activité artistique (danse, poterie, musique), faire leurs devoirs, utiliser les ordinateurs… Ils sont plus de 1 000 à avoir poussé la porte du centre en 2022. Nous en sommes ravis. Surtout que cela les éloigne des dangers de la rue, de la violence, des gangs, susceptibles de les enrôler. »
Kimberley, Claudia, Jefferson, Erik, Victoria, Randy… Tous sont unanimes. Ils sont heureux au centre. Heureux d’apprendre grâce au soutien scolaire. Heureux de jouer avec leurs amis dans un cadre calme. Et il suffit de les regarder pour en être convaincu. Tout sourire, ils participent avec enthousiasme à chaque activité. Ils écoutent, concentrés, exécutent les consignes du mieux qu’ils peuvent, s’entraident, encouragés par les maîtresses ou les éducateurs.
Lutter contre l’abandon scolaire
« Ces enfants manquent souvent d’attention. Nous les aidons donc aussi à avoir confiance en eux, à exprimer leurs émotions. Grace à la pédagogie différenciée, nous n’en laissons pas de côté. Tous sont valorisés, pris en compte », précise Rosa Galvez, une enseignante de la Fondation. Et Kimberley, 12 ans, d’ajouter : « Ici, ils prennent le temps de nous expliquer. Ce n’est pas le cas à l’école. C’est grâce à la maîtresse du soutien scolaire que j’ai compris le périmètre, l’aire et aussi la division, et que j’ai de meilleures notes. »
Pour les parents, savoir leurs enfants au centre est un soulagement. « D’autant plus qu’un goûter est servi que ce soit le matin ou l’après-midi », précise Lucia, une maman. Un apport nutritionnel primordial qui participe à lutter contre la malnutrition, conséquence de la pauvreté. Et pour compléter encore l’accompagnement des enfants, sont proposés des ateliers de sensibilisation à la parentalité positive. « On nous donne des conseils, on échange sur les problèmes rencontrés, explique Lucia. Ils nous aident aussi à avoir plus d’estime de nous-mêmes. C’est bien. Une maman qui a confiance en elle donne confiance à ses enfants. »
*Le projet Écoles sans murs, mis en œuvre au Cambodge, Guatemala, Paraguay et RD Congo avec le soutien de l’Agence française de développement, bénéficie à plus de 5 000 enfants.
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