« Depuis janvier 2025 et la prise de Goma par le M23, tout est tellement compliqué… », témoigne un habitant.
Sur le plan sanitaire, le manque de médicaments et d’équipements dans les centres de santé limite fortement les capacités de prise en charge alors même qu’un virus respiratoire circule. Les conditions de vie extrêmement précaires des populations déplacées, entassées dans des abris de fortune1, et le très faible accès aux soins « favorisent la transmission rapide de la maladie et un risque accru de mortalité, en particulier chez les moins de 5 ans et les femmes enceintes ».
À cela s’ajoute l’augmentation des maladies hydriques chez les jeunes enfants, conséquence du manque d’entretien des stations de pompage.
Violences massives et grave atteinte au droit à l’éducation
L’ampleur des atteintes aux personnes est aussi considérable. Les Nations unies signalent des violences sexuelles généralisées et systématiques2. Les témoignages font état de viols collectifs. « Certaines victimes sont aujourd’hui sur le point d’accoucher. Nous sommes inquiets pour elles et les bébés à naître étant donné la situation humanitaire catastrophique », confie notre interlocuteur.
On relève également que le droit à l’éducation reste gravement compromis. À Goma, 21 établissements demeurent fermés car occupés par des familles de militaires. À Bukavu, 19 écoles sont aujourd’hui utilisées comme abris de fortune pour des familles déplacées.
En outre, l’instauration de nouveaux frais scolaires par le M23 (inscription, manuels) a entraîné une hausse marquée des abandons pour raisons financières. « À Goma, Niragongo, Rutshuru et Masisi, on estime que plus de 30 % des élèves ont arrêté l’école. » Sans oublier que dans plusieurs zones où les combats se poursuivent, notamment au Sud-Kivu (Uvira et d’autres localités), les écoles n’ont pas rouvert à la rentrée de septembre 2025.
« Nous demandons seulement la paix. Nous voulons retrouver des conditions de vie décentes, vivre. Aujourd’hui, nous nous sentons abandonnés. »
Les actions du BICE
À son niveau, le BICE continue de soutenir les membres de son réseau à l’œuvre à l’est de la RD Congo. Et ce, dans divers domaines d’action : l’aide humanitaire d’urgence, la distribution de fournitures scolaires à des élèves démunis et de kits hygiéniques pour des jeunes filles, la réunification familiale pour des enfants séparés de leurs parents en raison du conflit, l’accompagnement des enfants des rues et leur réinsertion par la formation et le soutien psychologique, la formation de jeunes en situation particulièrement vulnérable, la création d’une bibliothèque-ludothèque pour les jeunes enfants…
En janvier, un nouveau projet de 12 mois va débuter. Il repose sur deux piliers complémentaires : un soutien psychosocial proposé à 150 enfants victimes du conflit (accompagnement individuel, ateliers de résilience en groupe, rencontres familiales, activités culturelles et sportives pour rompre l’isolement) et des actions d’autonomisation économique des adolescents (formations, aide au lancement de micro-entreprises, intégration dans des groupes d’épargne).
Ce projet bénéficie du soutien de Fondation mariste pour la solidarité internationale (FMSI) qui lui a remettra demain, jeudi 20 novembre, le prix « A better world for children ».
[1] Depuis sa prise de contrôle du territoire, le M23 a ordonné le démantèlement de camps de déplacés internes situés aux alentours de Goma, leur imposant de quitter ces sites dans un délai limité. Certains sont rentrés dans leurs zones d’origine, tandis que d’autres, sans ressources, sont partis s à l’intérieur de Goma.
[2] https://www.ohchr.org/en/press-releases/2025/09/drc-un-report-raises-spectre-war-crimes-and-crimes-against-humanity-north
