Marie-Laure Joliveau, chargée des programmes Afrique au BICE, nous en dit plus sur cette formation.
Pour quelle raison avoir organisé une formation « Tuteurs de résilience » en République démocratique du Congo (RDC) ?
M-L : Dans les régions du Nord et Sud Kivu, à l’Est de la RDC, les enfants des rues sont très nombreux. Ces derniers ont vécu des situations extrêmement difficiles et traumatiques.
Beaucoup sont d’anciens enfants soldats, dans cette région en proie depuis plus de 20 ans à des conflits internes extrêmement violents.
Certains ont été séparés, volontairement ou involontairement, de leur famille. D’autres ont dû arrêter l’école car leurs parents ne pouvaient pas payer les frais de scolarité. La majorité ont été victimes d’abus ou de violence.
Livrés à eux-mêmes, ces enfants se retrouvent marginalisés et privés de toute forme d’intégration sociale. Pour survivre, ils sont bien souvent obligés de voler, d’effectuer des travaux dangereux voire, pour les filles, de se prostituer.
En quoi consistait cette formation « Tuteurs de résilience » ?
M-L : Cette formation s’inscrit dans le cadre d’une série de formations initiée par la campagne « Messagers de paix », lancée à Noël par le BICE.
L’objectif était de donner aux professionnels de l’enfance les méthodes et outils d’accompagnement propres à favoriser la résilience de ces enfants traumatisés. Quatre organisations membres du réseau BICE en RDC y ont pris part. (Fraternité Cœurs Sans Frontières (CSF), Groupe des Hommes Voués au Développement (GHOVODI), Groupe Jérémie, Programme Diocésain d’Encadrement des Enfants de la Rue (PEDER))
La formation a été menée par l’Abbé Elie Mulomba, formateur congolais de l’Unité de recherche sur la résilience de l’Université Catholique de Milan.
Chaque matinée était consacrée à des aspects théoriques comme les ressources internes et externes de l’enfant afin de surmonter un traumatisme, l’expression des sentiments, comment soutenir et développer la résilience des enfants des rues ou encore l’importance des liens familiaux.
L’après-midi, les 20 participants étaient mis en situation à travers des ateliers auxquels ont participé 50 enfants des rues accueillis par le centre Don Bosco Gahinja à Goma. L’objectif de ces activités était de favoriser l’expression des enfants, notamment à travers le dessin.
En demandant aux enfants de représenter leurs peurs, leurs héros ou encore la manière dont ils se voient, les participants ont pu obtenir des clés afin d’aider ces enfants à prendre conscience de leurs capacités, des forces qu’ils ont en eux pour surmonter les traumatismes et à remonter leur estime de soi.
Quel bilan peut-on tirer de cette formation ?
Le bilan de cette formation est très positif. Les participants ont vraiment pu approfondir leurs connaissances pour accompagner au mieux les enfants et développer leur résilience. Les mises en situation pratique ont vraiment été très bénéfiques.
Quant aux enfants, on a pu observer durant ces quelques jours des premiers signes très encourageants.
Par exemple, nous avions organisé un atelier commun parents / enfants pour tenter de renouer les liens familiaux. Les enfants ont d’abord été très surpris que leurs parents acceptent de participer à cette activité avec eux. Lire la joie sur les visages et sentir la complicité renaissante entre certains enfants et leur parent étaient des moments très forts en émotions et porteurs d’espoir.