Mehar vit dans une pièce unique avec ses quatre enfants dans un bidonville de Sidlaghatta dans l’État du Karnataka. Des conditions précaires, « mais un toit », qu’elle a failli perdre début 2023 suite à la mort de son mari. Sans salaire, impossible pour Mehar de payer le loyer et de subvenir aux besoins de sa famille. « J’étais effrayée, se souvient la jeune femme. Je n’avais rien et ne savais pas comment m’en sortir. Heureusement, mes enfants étaient gardés la journée dans l’une des crèches communautaires d’Aina Trust où ils mangeaient à leur faim le midi. »
100 familles aidées
C’est dans ces conditions éprouvantes que Mehar reçoit début mars un appui complémentaire de notre partenaire, dans le cadre d’un projet soutenu par le BICE. Un projet qui a déjà aidé 50 femmes en situation d’extrême pauvreté depuis 2022. Et qui prévoit d’en aider 100 autres d’ici à mars 2024. « Notre objectif est de permettre aux familles de retrouver leur indépendance économique. Jusqu’alors, nous nous occupions principalement de l’accueil de leurs enfants par nos assistantes maternelles afin de favoriser leur socialisation, l’acquisition de nouveaux apprentissages, leur motricité, leur épanouissement… Mais cela ne suffit plus. Nous observons en effet depuis la crise sanitaire et économique l’effondrement des familles pauvres qui, pour beaucoup, dépendent du secteur informel. Le travail manque et, dans les magasins, les prix augmentent », explique Mary Chelladurai, directrice d’Aina Trust.
Promouvoir l’épargne et l’entraide communautaire
L’aide apportée consiste à accompagner les familles dans la création d’une activité génératrice de revenus pérenne. Autrement dit, une courte formation sur la gestion d’une affaire, l’épargne, la relation avec les clients, un accompagnement pour élaborer le projet, un financement (un prêt à taux zéro de 10 000 roupies par bénéficiaire, soit 113 euros) pour le lancer et un suivi. Le remboursement du prêt, quand l’activité fonctionne bien, permet ensuite d’aider un autre membre de la communauté.
Alors que certaines mamans choisissent d’ouvrir une petite épicerie, d’autres préfèrent l’élevage d’oies ou encore la fabrication d’encens. Mehar, quant à elle, s’est lancée au printemps dernier dans la vente de dattes. Cinq jours par semaine, elle enlève les noyaux des fruits achetés chez un grossiste. Les lave, les fait sécher, puis les revend par petit sachet. Elle fait ainsi un profit de 20 roupies par kilo et espère arriver bientôt à en vendre 10 kilos par jour.
« Pour l’instant, elle gagne 150 roupies (1,70 euro) par jour ce qui lui permet de répondre de nouveau aux besoins. Favoriser l’indépendance économique des familles essentielle au bien-être des enfants vitaux de ses enfants, explique Mary. Elle est volontaire, dynamique ; son activité progresse bien. La grande majorité des femmes que nous accompagnons ont de bons résultats. Nous sommes très fiers d’elles. »
La santé et le bien-être des enfants au cœur du projet
Parallèlement, le projet prévoit un volet axé sur la santé et le bien-être des enfants. Les mamans sont sensibilisées à la nutrition et à l’éducation responsable. Les assistantes maternelles, qui s’occupent au total de 150 enfants âgés entre 6 mois et 5 ans, sont formées en continu afin d’améliorer sans cesse la prise en charge des tout-petits. La venue régulière d’un médecin est soutenue, ainsi que la constitution d’un dossier santé pour chaque enfant. Enfin, le projet finance les repas servis chaque midi. Et Mehar de conclure : « Je suis tellement reconnaissante à Aina Trust et au BICE. Je respire de nouveau et mes enfants vont bien. »