Apprendre les uns des autres, nourrir la recherche par l’expérience terrain et inversement, c’est toute la force du travail que le BICE mène avec son réseau. En 2022, au moment de définir notre stratégie pour 2023-2026, nous avons consulté nos partenaires. Ceux-ci ont exprimé leur souhait de développer encore ces échanges, particulièrement sur le sujet de la résilience appliquée.
Des formations viennent donc de débuter en avril. Elles seront prolongées par six à huit projets qui s’appuieront directement sur les expertises acquises. En Afrique, ces formations sont assurées par Alda Ségla, psychologue formatrice. « J’ai travaillé longtemps sur le terrain, raconte-t-elle, au Togo. J’ai pu observer que le BICE est la seule ONG à avoir autant développé l’approche résilience. Les partenaires nous disent qu’elle leur apporte beaucoup dans leur travail auprès des enfants. Et qu’ils l’intègrent aussi fréquemment dans leurs autres projets. »
Naviguer avec l’adversité et non contre elle
La résilience, c’est la capacité à naviguer avec l’adversité plutôt que de lutter contre elle. « Certains enfants trouvent par eux-mêmes, en eux et dans leur environnement proche comme la famille, la communauté, les ressources pour y parvenir, explique Alda Ségla. D’autres n’y arrivent pas et s’enfoncent dans les difficultés. Il faut que quelqu’un les aide à aller vers la résilience. » C’est le but de nos formations : faire de nos partenaires de véritables facilitateurs de résilience pour ces enfants. Nous leur donnons ainsi les outils nécessaires pour développer chez l’enfant de quoi reprendre pied et lui faire découvrir son propre potentiel et ses réseaux de soutien.
Tenir compte de l’environnement de l’enfant
« Dans nos formations, nous utilisons une jolie fable, celle du singe et du poisson, poursuit Alda Ségla. Le singe croit que le poisson est en train de se noyer et il le sort de l’eau, faisant son malheur en pensant le sauver. Tout est dit : il ne faut pas faire abstraction de l’environnement de l’enfant mais au contraire partir de lui. » Les tuteurs apprennent également à développer la confiance de l’enfant, à l’accepter de façon inconditionnelle.
Ils deviennent pour lui un point d’ancrage, sur lequel l’enfant va s’appuyer pour saisir les opportunités qui se présentent à lui et développer ses propres ressources et talents.
Une approche en perpétuelle évolution
Alda Ségla collabore depuis longtemps avec le BICE sur la question de la résilience. Elle constate que l’approche ne cesse d’évoluer et de s’enrichir, notamment grâce aux travaux de l’Université catholique de Milan, partenaire de ces formations.
« Aujourd’hui, nous travaillons davantage sur les modes d’application que sur la théorie. Il y a eu également des évolutions sur les ressources que l’on cherche à mobiliser chez l’enfant : nous insistons davantage sur ses émotions, son ressenti. Le champ d’action du BICE s’est également étendu : initialement destinée aux professionnels qui accompagnaient les enfants victimes de violences, la résilience appliquée se tourne maintenant vers les enfants en conflit avec la loi, les enfants déplacés… »
À chaque fois, les outils s’adaptent, comme ils s’adaptent à la région et au contexte culturel où ils sont déployés. « Avec le temps, ajoute Alda Ségla, des partenaires très formés créent aussi leurs propres ateliers. » C’est bien tout l’enjeu de ces formations : développer peu à peu un corps de « multiplicateurs » de cette méthode d’intervention.