« Ça n’a pas été de tout repos. Nous sortions, la plupart du temps, épuisés des répétitions. Mais voir la pièce se créer petit à petit, l’intérêt des enfants et des jeunes grandir un peu plus chaque jour, réussir à mieux communiquer, à nous adapter les uns aux autres a été une expérience formidable. Très émouvante. » Zurab Kikodze, artiste renommé en Géorgie, a monté fin 2024 en collaboration avec des enfants et jeunes avec ou sans handicap mental un spectacle de marionnettes. Une initiative ambitieuse, aux multiples facettes, pensée par notre partenaire local Union RHEA et mise en place dans le cadre de notre projet Faire tomber les barrières.
Une création collective
Écriture du scénario, fabrication des décors, mise en scène, manipulation des marionnettes… Près de 80 jeunes, âgés entre 10 et 24 ans, ont eu l’occasion de participer à cette belle aventure artistique et humaine. « Nos trois centres, à Tbilissi et dans la région de Samtskhé-Djavakhétie au sud du pays, se sont investis. Le scénario de base, écrit par Zurab, a été ajusté et enrichi par les participants. Certaines marionnettes et des parties de décor ont été créées dans nos ateliers d’artisanat, où les jeunes développent leur savoir-faire tout au long de l’année. L’une des musiques, une comptine arménienne, a été choisie par les enfants issus de cette communauté, très présente dans le sud du pays, explique Eliso Rekhviashvili, fondatrice de Union RHEA. Le processus de création de cette pièce reflète le mode de fonctionnement de notre association : l’inclusion de toutes les différences, l’écoute et le partage, le travail en commun pour grandir ensemble. »
Un message fort pour le public
Pendant près de quatre mois, les répétitions, avec le groupe de Tbilissi – 16 enfants dont 11 en situation de handicap et quelques parents -, ont permis d’aboutir à un « résultat incroyable ». Une très belle pièce de 20 mn sur l’acceptation de l’autre et de ses particularités. « Le spectacle est touchant. Et j’apprécie les discussions et commentaires qu’il suscite lors des échanges avec le public. Le message de non-discrimination et d’ouverture que nous voulions transmettre fonctionne », précise Eliso.
Les artistes en herbe, eux aussi, en sont ressortis épanouis et plus confiants. Fiers du travail réalisé. « La plupart des marionnettes se contrôlent à deux, il est impératif de s’entendre. Les participants ont dû apprendre à collaborer. Ce qui a d’ailleurs permis à certains parents de se rapprocher de leurs enfants », explique Zurab Kikodze.
Pour David, atteint d’un trouble du spectre autistique comme une grande partie des participants, et sa mère Khatuna, l’expérience a été « magique », malgré des débuts difficiles. « David, comme d’autres adolescents, écoutait peu, protestait souvent. C’était difficile pour lui, même techniquement, car manipuler des marionnettes n’est pas évident ! Quand d’autres enfants, sans handicap, se sont joints au groupe, cela a créé un environnement très amical et inclusif… L’intérêt de chacun a grandi. David s’est mis à participer de plus en plus aux répétitions avec nous. Ça nous a beaucoup appris… à tous. » Et son fils d’ajouter tout sourire : « Passer du temps avec les autres, animer les marionnettes, parler en anglais sur scène, j’ai adoré… »
Au cours de l’année 2025, un deuxième travail autour de cet art théâtral sera réalisé avec les trois centres. Les enfants et les jeunes travailleront cette fois-ci sur la création de saynètes pour dénoncer les violences faites aux enfants.
