« La Géorgie a fait de nets progrès depuis une dizaine d’années en matière de prise en charge des enfants en situation de handicap. Le pays a ratifié la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées en 2014. Et a mené une réforme importante afin de diminuer le nombre d’enfants placés dans de vastes institutions publiques et leur permettre d’accéder à l’éducation inclusive, explique Diana Filatova, en charge de ce projet au sein du BICE. Cependant, les services destinés aux enfants en situation de handicap restent insuffisants. Et les attitudes négatives persistent dans la société. »
Trois à quatre fois plus susceptibles d’être victimes de violences physiques et sexuelles et de négligence
Aucune donnée précise n’existe sur la prévalence des violences à l’égard des enfants en situation de handicap en Géorgie mais, selon l’ONU*, ces enfants et adolescent sont 3 à 4 fois plus susceptibles d’être victimes de violences physiques et sexuelles et de négligence que les autres. Autre donnée mondiale : les filles (et les femmes) en situation de handicap pourraient être 10 fois plus souvent victimes de violences basées sur le genre que leurs pairs sans handicap**.
« Les enfants en situation de handicap victimes de violences et leurs parents manquent d’outils adaptés pour prévenir ou signaler les violences. Et les personnels des services de protection de l’enfance ne sont souvent pas suffisamment formés pour prendre en considération ce phénomène. Ce qui est le cas en Géorgie, explique Diana Filatova. Nous savons également qu’un autre facteur accroît le risque de violence et/ou de négligence : la pauvreté. L’exclusion et l’isolement social des familles économiquement défavorisées augmente en effet les risques. »
En Géorgie, depuis la pandémie de covid-19 et, plus récemment encore, la guerre en Ukraine, les conditions de vie de nombreuses familles se sont détériorées. « Et l’aide mensuelle de 250 Lari (77 €) qui leur est versée par l’État est insuffisante pour que leurs enfants bénéficient des services de soutien adaptés », précise Diana Filatova.
« Faire tomber les barrières », un projet novateur de trois ans
Dans ce contexte, le BICE et ses deux partenaires locaux, PHF et RHEA ont construit un projet novateur de trois ans qui allie lutte contre les violences, intégration sociale et autonomie financière. « Nous travaillons avec ces deux partenaires depuis plus de 10 ans, mais dans le cadre de projets séparés. L’un est spécialiste de la lutte contre les violences à l’égard des enfants, l’autre de l’accompagnement et l’inclusion des enfants en situation de handicap. Avec ce nouveau projet « Faire tomber les barrières », nous allons avancer sur les deux volets en même temps dans des zones géographiques particulièrement vulnérables. »
Et c’est le 1er juillet que ce projet démarre à Tbilissi, la capitale, et dans trois autres municipalités de la région multi-ethnique de Samtskhé-Djavakhétie au sud du pays, Akhalkalaki, Aspindza et Ninotsminda – dans lesquelles les partenaires du BICE sont bien implantés. « Un point essentiel, notamment concernant les actions de sensibilisation et de plaidoyer auprès des leaders communautaires qui seront plus enclins à les écouter. Car toutes ces questions autour de la violence et du handicap restent délicates en Géorgie. »
Entre 2023 et 2026, 1 334 personnes bénéficieront directement du projet et 3 025 indirectement.
Cinq exemples d’actions menées dans le cadre du projet
Outre le travail auprès des leaders communautaires, de nombreuses autres initiatives allant de la sensibilisation de la population à la prise en charge des enfants victimes ou à risques, en passant par la formation, sont prévues durant trois ans pour permettre aux enfants et adolescents en situation de handicap de grandir dans un environnement bientraitant et de coparticiper à leur inclusion socio-professionnelle. Voici quelques-unes des actions :
• Accompagnement de 120 enfants en situation de handicap à risque ou victimes de violences.
• Organisation de diverses actions de sensibilisation de la population. Notamment la création et la diffusion de pièces de théâtre de marionnettes avec la participation des enfants et en collaboration avec le célèbre théâtre de marionnettes géorgien Rezo Gabriadze Theatre.
• Formation en artisanat de 50 jeunes en situation de handicap et de 60 mères pour leur permettre d’exercer une activité génératrice de revenus.
• Production et vente de produits d’artisanat dans trois lieux de création et six lieux de vente. En coopération avec des artistes et des artisans réputés en Géorgie.
• Formation à la prévention, l’identification, le signalement et l’accompagnement multidisciplinaire de 120 professionnels de la protection de l’enfance.
Pour connaître le projet en détail, c’est ici.
** UNFPA, Young Persons with Disabilities, 2018
Témoignages de nos partenaires
Le projet nous offre l’occasion de combiner nos diverses expériences et de nous doter de nouvelles connaissances pour atteindre l’objectif fixé. Il est important pour nous de travailler non seulement avec notre groupe cible, les adolescents et les jeunes atteints de déficiences intellectuelles, mais aussi avec leurs pairs, leurs camarades de classe, leurs voisins et les membres de leur famille.
RHEA
Les traumatismes de l’enfance ne se présentent pas sous une forme unique et il n’existe pas de remède unique. En mettant en œuvre ce nouveau projet, nous serons en mesure de sensibiliser et de contribuer à la protection des enfants et des jeunes en situation de handicap grâce à des services adaptés, pluridisciplinaires et centrés sur l’enfant.
PHF
Découvrez les autres actions du BICE en faveur des enfants en situation de handicap, ici.