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Jenifer, jeune fille au Guatemala forcée de travailler tout en allant à l'école pour aider sa famille à survivre
Jenifer dans sa maison © T. Poidevin / BICE
Publié le

Guatemala. « Nous aurions du mal à nous passer de ce que je gagne »

Adolescente, Jenifer travaille chaque matin pour aider sa famille à survivre. L’après-midi, elle enfile son uniforme pour aller à l’école. Elle nous raconte son histoire.

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En contrebas du centre socio-éducatif de la Fondation Pedro Poveda, s’étend le secteur 8 du quartier défavorisé de San Julian, à Chinautla près de Guatemala city, où s’enchevêtrent des habitations faites de tôles et de briques accessibles par des passages étroits et pentus. C’est dans l’une de ces constructions précaires que vit Jenifer, sa maman et ses quatre frères et sœurs. Jenifer a 16 ans et plein de courage. Tous les matins, elle se rend au marché de Jocotales pour travailler dans une échoppe qui vend des petits déjeuners et autres collations. Pendant quatre heures, elle aide à la préparation, au service et à la vente à emporter. Cela lui rapporte 200 quetzales la semaine, à peine plus de 23 euros. Mais ils sont indispensables pour aider sa mère, vendeuse sur un étal de poulets, à nourrir la famille. (Plus d’infos sur le travail des enfants dans le monde ici)

« Nous avons beaucoup souffert de la pandémie, du confinement. Nous n’avions plus de quoi acheter à manger. C’est pour ça que j’ai commencé à travailler. Aujourd’hui, ça va un peu mieux, mais nous aurions du mal à nous passer de ce que je gagne, confie la jeune fille. Mes deux sœurs de 14 et 22 ans, elles, aident à la maison. Nous essayons de soutenir au mieux notre maman, stressée par la situation. »

Le rêve de Jenifer : entrer à l’université

Parallèlement à son travail, les après-midis, en semaine, Jenifer va au collège. En 3e. « Elle est très sérieuse et se donne vraiment les moyens de réussir malgré la fatigue et son emploi du temps surchargé, explique Blanca Fuentes, directrice du centre socio-éducatif de la fondation Pedro Poveda, partenaire du BICE. Plus jeune, entre 8 et 11 ans, Jenifer a participé à notre programme d’aide individualisée, un programme d’éducation non formelle qui lui a permis d’apprendre les savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter…), tout en travaillant sur son développement personnel. Ça l’a beaucoup aidée. Elle a ainsi pu réintégrer le système scolaire classiqueC’est vraiment un exemple de réussite. Nous sommes très fiers d’elle. »

Jenifer se rend encore aujourd’hui régulièrement dans la bibliothèque du centre pour faire ses devoirs. Un lieu de savoir et de culture essentiel à ses yeux. « Pouvoir être au calme dans un environnement propice aux études est un soutien important. Cela m’aide à me concentrer. Et puis, j’aime ce lieu. Le centre représente beaucoup pour moi. Il m’a tellement apporté dans ma scolarité », précise la jeune fille qui rêve d’entrer à l’université, comme sa sœur aînée, elle aussi accompagnée plus jeune par la fondation.

« Un défi de taille, mais elle y arrivera »

« J’aimerais étudier la psychologie. Cette discipline m’a toujours passionnée », s’enthousiasme Jenifer qui ne peut toutefois cacher sa peur de ne pas y arriver. « Je perds parfois confiance en l’avenir. L’objectif est loin et le défi me semble de temps en temps insurmontable », confie l’adolescente, les yeux brillants. Et Blanca Fuentes d’ajouter : « C’est vrai que le défi est de taille. Peu de Guatémaltèques entrent à l’université ; les places sont rares. Et, on le sait, le fait de grandir dans une famille en situation de pauvreté, dans un quartier marginalisé complique encore l’accès aux études supérieures. Mais Jenifer est sérieuse, responsable. Elle y arrivera. » C’est tout ce qu’on lui souhaite.

Aujourd’hui, ce qui me manque le plus c’est ma maman. Je ne la vois presque plus entre le travail et l’école. J’adorerais passer plus de temps avec elle.

Jenifer, 16 ans

Plus d’infos sur les actions du BICE en matière d’éducation ici.

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