« Les 120 000 habitants sont pris au piège, coupés du monde », s’indigne notre partenaire arménien Arevamanuk. Cette situation catastrophique s’est encore empirée depuis le 15 juin du fait de la fermeture totale du corridor, interrompant ainsi les approvisionnements humanitaires et les actions de la Croix Rouge pour la population assiégée. « Les gens souffrent de la faim, toutes les réserves sont épuisées. Des enfants sont morts, de faim ou parce qu’ils n’ont pas reçu les soins médicaux nécessaires. Cela fait plus de 80 jours qu’aucune nourriture n’est entrée dans l’Artsakh (Haut-Karabakh). Et les malades ne peuvent sortir du territoire pour se faire soigner. »
360 tonnes de biens de première nécessité bloquées
Quelque 360 tonnes de biens essentiels* expédiées par camions le 26 juillet par le gouvernement arménien ont été bloquées à Kornidzor à l’entrée du corridor. Tout comme un convoi humanitaire subventionné par des collectivités françaises et arrivé le 30 août. L’Azerbaïdjan refusant de les laisser passer malgré les appels de la communauté internationale. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a en effet exprimé sa profonde inquiétude. Il a notamment rappelé sa précédente déclaration sur « la nécessité pour les parties de mettre en œuvre les ordonnances de la Cour internationale de justice (CIJ), y compris les ordonnances rendues le 22 février 2023 et réaffirmées le 6 juillet 2023, relatives aux mesures visant à assurer la libre circulation des personnes, des véhicules et des marchandises le long du corridor de Latchine dans les deux sens. »
Selon notre partenaire, Arevamanuk, « l’objectif de l’Azerbaïdjan est clair : les autorités veulent, avec ce blocus et la crise humanitaire qu’il engendre, provoquer l’exode des Arméniens de ce territoire. »
Un projet de soutien dans deux villages frontaliers
Parallèlement à cette situation, Arevamanuk rappelle que les attaques contre les villages frontaliers se poursuivent. « Nous avons par exemple été informés fin juillet que trois familles ont quitté Geghamasar en raison des tirs incessants. » Geghamasar est l’un des deux villages frontaliers dans lesquels le BICE prépare un nouveau projet pour favoriser l’accès à l’éducation des enfants éprouvés par le conflit et ses conséquences.
25 écoliers pourront recevoir des fournitures scolaires. Et les écoles des villages de Geghamasar et de Kut où étudient 295 enfants âgés de 6 à 17 ans seront équipées de divers mobiliers indispensables au travail des élèves dans de bonnes conditions. Quelques exemples : des fenêtres, des bibliothèques, des bureaux, des tableaux noirs, des chaises ou encore des radiateurs électriques. Du matériel didactique sera également distribué.
Au-delà de cet appui concret aux villages frontaliers, le BICE rappelle avec force que 30 000 enfants du Haut-Karabakh sont victimes du blocus qui affecte gravement leur développement intégral. Notre association appelle à sa levée, conformément aux ordonnances de la Cour internationale de justice.
* 60 tonnes de sucre, 40 tonnes de pétrole, 100 tonnes de farine, 80 tonnes de pâtes, 20 tonnes de sel, 40 tonnes de lait en poudre, 12 tonnes de nourriture pour bébé et 4 tonnes de médicaments.