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Enfants au Liban bénéficiaires du projet Fratelli
Des enfants bénéficiaires du projet Fratelli. © FMSI
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Interview 2/2. « Les enfants que nous aidons sont d’une grande vulnérabilité »

Investi de longue date au Liban auprès de ses partenaires, le BICE a renforcé son soutien ses quatre dernières années pour aider les familles vulnérables à faire face à la grave crise que le pays traverse.  Parmi les structures que nous soutenons, l’association Fratelli. Rencontre avec le responsable du projet, Juan Carlos Fuertes, qui nous parle, dans ce second volet, du projet, des enfants et familles bénéficiaires, des difficultés rencontrées et des espoirs.

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En quoi consiste votre projet Fratelli ?

Notre projet socio-éducatif vise à protéger et à défendre les droits des enfants, des jeunes et des adultes (en particulier des femmes), en promouvant l’inclusion sociale via l’école et l’emploi. Notre objectif est que chaque personne participe au développement d’une société plus juste, cohésive et équitable.

Pour cela, nous accueillons dans nos deux centres des enfants, principalement syriens, mais aussi palestiniens et libanais, fragilisés par la guerre, l’exil et/ou la crise. Nous les soutenons scolairement, leur proposons des activités culturelles et sportives, les accompagnons sur le plan psychosocial pour les aider à faire face aux traumatismes vécus et aux problèmes qu’ils rencontrent. Nous développons aussi des programmes de formation professionnelle pour aider les plus grands à trouver un emploi.

Frère Juan Carlos Fuentes responsable du projet Fratelli au Liban

Pouvez-vous nous parler des enfants avec lesquels vous travaillez dans le cadre du projet Fratelli ?

Ils vivent dans des situations de grande vulnérabilité économique et sociale. Tous sont par exemple confrontés à la réduction du nombre de repas par jour. Les réfugiés sont aussi victimes de discriminations, de rejet… Et l’avenir est source d’inquiétudes et de peurs. Tout cela a des conséquences sur leur vie, sur leur santé mentale qui se traduisent souvent par des comportements violents. À cela s’ajoutent des difficultés pour exprimer ce qu’ils ressentent.

Malgré tout, le présent dans nos centres est plein de jeux, d’apprentissages, d’amis, de rires et de bonheur, comme pour n’importe quel enfant dans le monde. Et le désir de vivre dans un environnement sûr où tout le monde est aidé et protégé est très fort.

Pouvez-vous nous raconter l’histoire de l’un d’entre eux en particulier ?

Je pense au parcours difficile d’une jeune réfugiée de 14 ans, Hayat, à l’esprit résolu. Privée pendant quatre ans d’école, elle apprécie énormément notre centre, son environnement stimulant, les moments avec les autres élèves. Elle voit l’association Fratelli comme un refuge, un lieu de réconfort.  Mais cet équilibre est fragile car ses parents, aux prises avec leurs propres difficultés, la menacent sans cesse. Ils veulent qu’elle aide plus à la maison. Hayat est tiraillée entre ses aspirations et les attentes de sa famille. C’est une vraie souffrance qui, heureusement pour l’instant, n’a pas eu raison de sa motivation. C’est une belle preuve de résilience face à l’adversité.

Je pense aussi à Ahmad, un garçon de 13 ans, issus d’un foyer de sept et dont la mère est enceinte. Chaque jour, il se lève tôt avec sa famille pour travailler dans une serre. Avant de venir au centre. Cette tâche l’épuise. Il est toujours très silencieux. On sent que tout cela pèse lourdement sur ses épaules.

Quelles difficultés rencontrez-vous dans ce contexte de crise ?

Les organisations qui essaient d’aider les réfugiés ne sont pas toujours bien perçues par la population et certaines institutions locales. La crise engendre en effet des conflits entre la population locale et les réfugiés, qui luttent tous deux pour obtenir un emploi et un revenu décent.

Dans ce contexte, nous trouvons qu’il est difficile actuellement d’expliquer notre travail et d’être bien compris. Difficile d’être au service des réfugiés et des personnes les plus vulnérables de cette société.

En quoi le projet Fratelli est-il essentiel aujourd’hui ?

Dans ce contexte de pauvreté, de stress, de discriminations, il est primordial de favoriser l’inclusion sociale, la coexistence pacifique des groupes entre eux. Et cela passe notamment par un accompagnement psychosocial des plus vulnérables et par un soutien aux enfants sur le plan éducatif. Il est important de les aider à construire un avenir de dignité, de droits et d’espoir. En tant que Fratelli, nous croyons que la voie pour façonner une nouvelle société passe par la fraternité qui nous amène à voir en l’autre un frère, sans étiquette de religion, d’origine, de niveau social. Et nous pensons sincèrement que cela est nécessaire aujourd’hui au Liban. Sans unité, nous ne pourrons nous en sortir. D’autant plus que nous vivons une situation de conflit dans le sud du pays avec Israël.

Pour plus d’informations sur la situation économique, sociale et politique au Liban, découvrez le volet 1 de l’interview.

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