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Alda formatrice résilience
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Interview. « On peut réussir car on est ensemble ! »

Alda Ségla est consultante formatrice « Tuteurs de résilience » pour le BICE. Psychologue de formation, elle a travaillé longtemps au Togo pour l’ancienne antenne du BICE en Afrique. Elle veut croire qu’il y aura toujours des justes pour faire changer le monde. Portrait.

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Quel genre d’enfance avez-vous eu ?

Je suis née au Togo. Nous étions une famille très soudée, il y avait beaucoup d’ambiance à la mai[1]son. Quand j’avais 6 ans, nous sommes partis au Sénégal pour rejoindre mon père. Puis, en 1993, nous en sommes repartis pour la Côte d’Ivoire où mon père venait d’être nommé à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. Ma mère nous inscrivait dans des associations catholiques comme Cœurs vaillants et la Jeunesse étudiante catholique, des expériences qui m’ont formée à la vie associative et m’ont rendue plus sociable. C’est une femme pleine de principes qui nous a enseigné la rigueur. Elle suivait nos études de près, elle qui s’était arrêtée au collège. Après mon Bac en Côte d’Ivoire, j’ai décidé de revenir étudier dans mon pays, le Togo, que finalement je ne connaissais pas, et où habitait encore ma grand-mère. C’est là que j’ai fait mon cursus universitaire en psychologie clinique. J’ai fait des stages, notamment chez Terre des Hommes où j’ai travaillé auprès d’enfants en situation de très grande précarité.

Est-ce de là qu’est né votre engagement envers les enfants ?

Oui, et aussi de l’exemple de ma tante, qui avait étudié la psychologie de l’éducation au Sénégal et avait ouvert un jardin d’enfants sur le modèle Montessori. Tout était à portée des enfants, qui l’appelaient par son prénom, ce qui n’est pas l’habitude en Afrique. J’ai rêvé un temps de monter une telle école. Après mes études, j’ai eu la chance d’être embauchée par le BICE pour son antenne en Afrique, devenue aujourd’hui le BNCE-Togo*. J’y ai travaillé de 2004 à 2016, au début auprès des enfants à Lomé, puis en tant que responsable d’un centre en milieu rural pour des jeunes filles qui avaient été abusées et exploitées sexuellement en ville. Nous leur proposions une réinsertion familiale et sociale, sous forme d’apprentissage en couture, cuisine, boulangerie et même photographie. Nous avons eu des échecs, mais aussi de belles réussites ! Je suis restée en contact avec certaines d’entre elles qui sont mariées et ont des enfants. En 2016, le BICE m’a proposé de devenir consultante animatrice « Tuteurs de résilience » pour les partenaires du BICE en Afrique. En parallèle, je travaille à Lomé dans une cantine que j’ai contribué à créer avec les Frères Franciscains. Je ne manque pas d’y sensibiliser les frères et les enseignants aux droits de l’enfant et à l’éducation bienveillante !

Quels sont vos craintes et vos espoirs pour les enfants ?

Quand j’étais enfant, nous faisions beaucoup de jeux de société. Aujourd’hui, les enfants sont derrière leur portable, les parents aussi, le contact entre eux se perd. Les parents cherchent à gagner toujours plus d’argent, pour le bien-être de la famille bien sûr, mais l’enfant n’a plus sa place dans cette quête sans fin. La violence me fait peur aussi ; j’ai mal de voir que les enfants sont utilisés dans les conflits. Mais je sais qu’il y aura toujours un juste quelque part. Le verset de la Bible dit : « Il suffit que je trouve un seul juste et je ne détruirai pas le peuple. » Or il y en a, des justes : des associations, des gens qui s’investissent. Grâce à eux, nous allons changer le monde. C’est ce que je dis toujours aux personnes que je forme : « On peut réussir car on est ensemble ! »

*Bureau National Catholique de l’Enfance du Togo, association aujourd’hui indépendante et partenaire du BICE.

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