Quel enfant avez-vous été ?
Je suis née et j’ai grandi dans le quartier Colonia San Julián. Nous étions dix, j’ai trois soeurs et six frères, je suis la troisième des filles. Mon père est mort en 2014, j’avais 13 ans. La vie a été très dure à partir de ce moment-là, car j’ai dû aider ma maman tout en continuant à aller à l’école. Mais j’étais une enfant joyeuse et je me suis efforcée d’aller de l’avant, malgré les difficultés. Me définir aujourd’hui ? Persévérante, humble et… responsable.
Comment avez-vous connu le partenaire du BICE ?
Notre quartier se trouve juste en-dessous de la fondation Pedro Poveda.
J’avais dans les 16 ans quand j’ai commencé à fréquenter régulièrement la bibliothèque et à participer aux activités. Ça m’a été d’un grand soutien pendant ma scolarité car je n’avais que ma maman et elle devait s’occuper également de mes autres frères et sœurs. Quand je suis entrée à l’université, la Fondation m’a accordé une aide financière pour tous les frais que ma maman ne pouvait pas assumer. Je n’aurais jamais pu finaliser mon inscription sans cela. Le fait de pouvoir continuer à fréquenter la bibliothèque est également très précieux pour moi. J’étudie pour devenir travailleuse sociale. Aujourd’hui, je suis en deuxième année, il m’en reste trois.
Vous faites également du bénévolat à la fondation Pedro Poveda. En quoi consiste-t-il ?
Quand la Fondation m’a aidée financièrement pour mes études, j’ai tout de suite proposé de devenir bénévole. J’accompagne les enfants qui viennent à la bibliothèque. Je fais de l’aide aux devoirs, j’organise des jeux, je me rends disponible chaque fois que c’est nécessaire. Notre communauté est très pauvre, nous manquons de tout. J’ai choisi d’étudier le travail social car je suis très sensible aux problématiques auxquelles les gens sont confrontés, en termes de santé, de violence, d’éducation. J’espère pouvoir me rendre utile plus tard. Pas uniquement auprès des enfants, car au Guatemala, les adultes aussi ont besoin d’être soutenus.
Quels sont vos craintes et vos espoirs pour les enfants ?
Il y a un gros problème de décrochage scolaire chez nous, c’est ce qui m’inquiète le plus. Mon espoir est donc que les jeunes puissent étudier et ainsi apprendre un métier qui leur permette d’avancer dans la vie et d’aider leur famille. Car il y a peu de travail ici. Beaucoup d’enfants sont des vendeurs ambulants ou sont contraints de mendier. Il y a aussi des enfants qui travaillent comme maçons ou dans des garages. Mais le pire, ce sont ceux qui vivent dans la rue. Et l’État est souvent très défaillant pour leur prêter secours.
C’est pourquoi je suis très reconnaissante à la fondation, son soutien a été énorme. Sans elle, je ne serais pas là où j’en suis et je n’aurais pas la possibilité d’aider plus tard, à mon tour, d’autres personnes. L’aide que j’ai reçue donne de l’espoir à ceux qui pensent qu’ils ne pourront jamais s’en sortir. Ça leur fait franchir une première marche pour aller plus loin et plus haut.
Découvrir le projet Écoles sans murs mené notamment avec la fondation Pedro Poveda.