« Sans le soutien de Ghovodi et du BICE, je n’aurais pas pu retourner à l’école. Mes cinq petits frères non plus. Et nous aurions certainement beaucoup de mal à nous nourrir. » Odette a 17 ans et un courage immense. Elle vit dans la périphérie pauvre du nord de Goma. Seule avec ses frères dont elle a la charge. « Quelques mois après la mort de ma mère, mon père s’est remarié. Et il est parti. C’était dur, nous n’avions pour ainsi dire rien. Un voisin m’a alors parlé de Ghovodi. Heureusement, ça nous a sauvés. La structure nous a soutenus financièrement pour que nous puissions retourner à l’école. Et j’ai participé à des ateliers sur la parentalité responsable et l’égalité entre les filles et les garçons. Cela m’a beaucoup aidée avec mes frères. »
Renforcer la résilience des plus vulnérables pour faire face aux crises
En juillet 2022, Odette intègre le nouveau projet de Ghovodi*, soutenu par le BICE, sur la résilience socio-économique. Un projet construit autour de l’enseignement d’un savoir-faire, d’un soutien au lancement d’une activité génératrice de revenus et d’ateliers résilience. Afin d’aider les plus démunis à faire face aux crises. « L’enchaînement des crises ces dernières années dans la région de Goma – éruption du volcan Nyiragongo, attaques terroristes et conflits armés, migrations forcées – met à terre les populations déjà vulnérables qui ne savent plus comment s’en sortir. Cette situation très difficile nous a incités à créer ce projet de reconstruction. Reconstruction psychosociale et économique, qui complète nos autres actions en cours* », explique Emmanuel Kazige, directeur de Ghovodi.
Une formation et une aide pour lancer son activité génératrice de revenus
Odette et les 91 autres jeunes bénéficiaires (91 la première année, 150 au total) apprennent ainsi les bases de l’agro-alimentaire (travail de la terre, transformation des matières premières, vente des produits…), de l’élevage du petit bétail, de la gestion d’un commerce ou de la fabrication d’objets en matériaux recyclés. Ainsi que la culture de l’épargne. Parallèlement à la formation (qui n’est pas organisée sur le temps scolaire), les bénéficiaires peuvent continuer l’école. C’est le cas d’Odette. Elle est aujourd’hui en 4e Pédagogie.
« Après m’avoir aidée sur le plan financier à retourner en classe, Ghovodi** m’a soutenue pour monter une activité agricole. Il m’a fourni les premières semences – 150 kg de pommes de terre et 30 mesures de haricots verts – et les outils nécessaires. Le champ situé à Mudja m’a été prêté par un membre de ma famille. Et aujourd’hui, nous nous en sortons bien. Ça a changé notre vie. Nous avons de quoi manger et nous ne sommes plus renvoyés de l’école à cause de frais scolaires non payés. »
Odette, comme d’autres bénéficiaires, ont retrouvé leur autonomie financière
Odette et ses frères viennent de récolter 1 200 kg de pommes de terre et 2 sacs d’haricots. De quoi les nourrir bien sûr, mais aussi gagner leur autonomie financière grâce à la vente d’une grande partie de la collecte. « Nous avons même pu épargner au sein de l’association villageoise d’épargne et de crédit », s’enthousiasme la jeune fille qui passe son bac à la fin de l’année. Odette et ses frères ont également été épaulés sur le plan psychosocial lors d’ateliers résilience. L’objectif étant de les aider à surmonter les traumatismes vécus, à identifier les facteurs de risque et à prendre conscience de leurs ressources internes et externes, essentielles à leur résilience.
Un accompagnement aux résultats positifs pour la majorité des bénéficiaires. La jeune Odette, elle, est plus que jamais motivée à mener de front ses études et le travail agricole qui leur permet de subvenir à leurs besoins. « Un grand merci au BICE, à ses donateurs et à Ghovodi », sourit la jeune fille. On lui souhaite plein de réussite pour son bac et la poursuite de ses études.
*Ghovodi mène notamment, avec le soutien du BICE, le projet Écoles sans murs dans la région de Goma.
**Dans le cadre du projet sur la résilience socio-économique, Ghovodi soutient le lancement de 20 activités génératrices de revenus à travers 20 groupes de bénéficiaires dans deux zones de la province du Nord-Kivu : Goma (quartiers de Majengo et de Mugunga) et Nyiragongo (villages de Turunga, Mudja et Kibumba).