« On dit que l’école est gratuite mais ce n’est pas vrai, souligne Augusto. Il faut acheter l’uniforme, les livres, les fournitures scolaires. Mon père ne m’a jamais reconnu. Alors quand ma mère est tombée malade et qu’elle est partie se faire soigner en Argentine, j’ai été hébergé par ma tante. Elle ne pouvait pas m’aider financièrement, ne me soutenait pas pour l’école. J’avais 11 ans et j’étais très seul. »
« Quand on est enfant, personne ne nous écoute »
Courant 2016, Augusto finit par arrêter l’école. « J’ai essayé de continuer mais les professeurs nous demandaient souvent de l’argent pour réaliser telle ou telle activité scolaire. Je ne pouvais pas payer. J’étais rejeté et la direction de l’établissement ne s’en préoccupait pas. Quand on est enfant et que l’on n’a rien, personne ne nous considère, ne nous écoute. »
Augusto se met alors à faire des petits boulots pour gagner un peu d’argent. Il se réinscrit à l’école en 2018. Non sans difficultés en raison de problèmes de papiers d’identité*. L’année suivante, l’adolescent se prépare à entrer en 1re année de Moyenne. Mais là, son inscription est refusée. Toujours pour des problèmes administratifs. « Heureusement, j’ai déménagé ce qui m’a permis de croiser la route de Callescuela (partenaire du BICE). Cette association m’a accompagné dans les démarches auprès des établissements scolaires. Elle m’a beaucoup aidé… J’ai ainsi pu faire ma rentrée scolaire en février 2020. »
« Apprendre à distance est vraiment difficile »
Augusto, ravi, jongle entre son travail d’assistant maçon le matin et l’école l’après-midi. « Je travaille beaucoup mes devoirs. Je veux y arriver. Je sais qu’étudier est pour moi la seule façon de m’en sortir. Et de réaliser mon rêve de devenir ingénieur sur les chantiers. » Avec la crise sanitaire et la fermeture des écoles, Augusto avoue que la tâche est difficile. « Apprendre, faire ses devoirs à distance, par Whats Apps, est vraiment difficile. Il m’arrive de ne rien comprendre à ce que notre enseignant nous demande, sourit-il, mais je m’accroche. Je veux vraiment réussir. »
*Le nom qui figure sur son document d’identité diffère un peu de celui connu par l’administration éducative. Le fait que son père ne l’ait pas reconnu à la naissance pose également problème.
Le BICE et Callescuela au Paraguay
Le BICE appuie Callescuela depuis plusieurs années au Paraguay. Dans le programme Écoles sans murs (2020-2023), les deux associations œuvreront pour développer l’éducation préscolaire. Et soutenir les élèves de 6 à 17 ans les plus vulnérables par le biais notamment du soutien scolaire.
Rappelons que le Paraguay est l’un des pays latino-américains où le taux d’analphabétisme est le plus élevé. Il atteint 8,1% dans le département d’Alto Paraná où le projet se développe.