« Comme dit Saint Exupéry, ‘on est de son enfance comme on est d’un pays’. L’enfance vous colle aux basques, j’en ai d’ailleurs fait la matière de nombreux livres. » C’est par ces mots que Patrick Poivre d’Arvor explique son engagement pour l’enfance. Avant de préciser pudiquement : « Les hasards et cruautés de la vie ont fait que j’ai perdu trois filles, ce qui explique que je sois plus sensible à l’enfance que d’autres. »
Lorsque la Convention relative aux droits de l’enfant est adoptée, en novembre 1989, Patrick Poivre d’Arvor est déjà présentateur du Journal de TF1. Il se souvient : « J’avais insisté pour que l’événement soit mis en valeur au journal. Mais tous les médias n’étaient pas à l’unisson, ils ne mesuraient pas l’importance de ce texte. Or on s’aperçoit de plus en plus qu’il a été capital pour faire comprendre que l’enfant a le droit à la parole, comme l’adulte, qu’il est fragile et doit être protégé. »
Ce qui le révolte le plus ? « C’est lorsqu’un adulte, profitant de sa condition, de sa supériorité supposée ou de sa ruse, piétine l’innocence d’un enfant. Mais il y a la violence sociale aussi, que représente l’abandon d’enfant, le déracinement des enfants migrants, la maltraitance sous toutes ses formes. »
« La Convention a permis de grandes avancées »
Témoin privilégié de l’actualité mondiale pendant plusieurs décennies, Patrick Poivre d’Arvor a vu la situation des enfants changer. « J’en suis absolument persuadé, la Convention a permis de grandes avancées. C’est venu progressivement, mais on a commencé à prendre en compte la voix de l’enfant. Notamment dans les cas de violences. Regardez ce qui se passe actuellement sur le climat. On lance un appel. On organise une grande conférence à Paris, et ensuite, il y a tout ce qui en procède. Ça a été la même chose avec les droits de l’enfant. Au départ, c’est un peu conventionnel, c’est d’ailleurs une convention de l’ONU, puis ça prend son importance dans les mœurs. Grâce notamment à des organismes comme le vôtre.
C’est pour cela que j’ai tout de suite répondu quand vous m’avez contacté. Car il faut dire la vérité, les droits de l’enfant ne sont hélas toujours pas considérés comme un sujet majeur. Au moment des campagnes présidentielles notamment, c’est un thème qui n’arrive qu’en toute fin de programme, s’il arrive. Je ne suis pas sûr non plus que les droits des enfants soient suffisamment enseignés dans les écoles. »
Quand on lui demande s’il a un message à faire passer aux donateurs du BICE, Patrick Poivre d’Arvor n’hésite pas. « Ça va paraître trivial mais j’ai envie de leur dire qu’il faut continuer à donner. Sans vous, il n’y a que des mots. L’argent, c’est le nerf de la guerre, de toutes les guerres. Or la protection de l’enfant est une guerre à mener. »
A lire aussi un bilan, 30 ans après l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE*)
*aussi appelée, en France, CIDE