Prisca fait partie des 77 jeunes filles bénéficiaires depuis un an et demi du programme du BICE Écoles sans murs déployé à Goma en RD Congo par l’un de nos partenaires locaux, Ghovodi. « Une vraie chance, s’enthousiasme la jeune fille de 17 ans. J’aime apprendre, aller l’école. Et, grâce à tout ça, j’ai de nouveau confiance en l’avenir. Cela fait du bien. »
Prisca, déscolarisée à 13 ans
Ainée d’une fratrie de huit, Prisca se voit privée d’école à 13 ans. Sa maman, seule avec les enfants depuis le départ de leur père, n’a plus les moyens de payer les frais de scolarité. Elle peine d’ailleurs à nourrir toute la famille. « Ça a été une période très difficile pour eux… », souligne la psychologue de notre partenaire.
Éloignée des cours et de ses camarades de classe, Prisca passe ses journées à s’occuper, avec sa maman, de ses petits frères et sœurs, et de la maison. Elle l’aide aussi à vendre du poisson séché et salé sur le marché. Mais, alors qu’elle a 14 ans, elle est victime d’abus. Et tombe enceinte. « Je me détestais, confie Prisca. Ma vie me semblait finie. Je pensais ne jamais pouvoir retourner à l’école. Heureusement, quelques mois après la naissance de ma fille, Ghovodi a tendu la main à toute ma famille. »
Début 2020, notre partenaire local se rend en effet dans l’un des quartiers périphériques les plus pauvres de Goma, là où vit Prisca, pour identifier les futures bénéficiaires du programme Écoles sans murs. « Dans ce quartier, prolifèrent depuis quelques années les maisons de tolérance, et le nombre de violences à l’encontre des jeunes filles ne cesse d’augmenter. Il était urgent d’y intervenir », explique l’un des éducateurs de Ghovodi.
Retour à l’école et soutien psychologique
Prisca a 15 ans quand Ghovodi lui propose, comme aux autres adolescentes, de retourner étudier. Un accord est passé avec sa maman pour qu’elle s’occupe du bébé pendant les heures de cours l’après-midi. Prisca intègre alors un centre de récupération pour une remise à niveau. Elle est actuellement en 4e. « En RDC, l’âge d’entrée officiel en primaire est 6 ans ; 12 ans pour le secondaire. Mais beaucoup d’enfants commencent l’école plus tard – ça a été le cas de Prisca. Environ 25% des 7-15 ans ne sont pas du tout scolarisés (source : Unicef, 2021) », explique notre partenaire.
Élève sérieuse, Prisca est attentive en classe. Et travaille bien. Son rêve ? « Devenir médecin, aider les autres », précise-t-elle timidement. Et notre partenaire d’ajouter : « Comme elle a, elle-même, d’importants problèmes de vue, elle sait à quel point les soucis de santé peuvent être handicapants. » Parallèlement à l’école, la jeune fille est accompagnée par la psychologue de Ghovodi lors de séances individuelles et en groupe. « Elle a aujourd’hui une vision plus positive d’elle-même. Et cela se passe bien avec son bébé. Elle accepte sa vie telle qu’elle est et se donne du mal pour réussir. Jouer et discuter avec des camarades de classe de son âge qui, pour certaines, ont vécu la même chose est aussi bénéfique. »
Sa maman soutenue pour pérenniser les actions
Enfin, en vue de s’assurer de la pérennité des actions menées, Ghovodi et le BICE apportent un soutien à sa famille. « Pour que nos actions auprès des jeunes fonctionnent, il faut que les parents puissent les accompagner. Et cela ne peut pas se faire si la pauvreté, la faim affaiblit le foyer. » Ainsi, une aide alimentaire a été apporté aux plus démunis en 2021. En parallèle, Ghovodi les aide à développer leur activité, à en améliorer la gestion. La maman de Prisca, comme d’autres parents ou jeunes filles, est également inscrite, depuis quelques mois, dans une association villageoise d’épargne et de crédit. « Grâce à cet accompagnement, sa situation professionnelle s’est améliorée. Elle est plus autonome. Elle a d’ailleurs pu payer les fournitures scolaires de sa fille à la dernière rentrée », précise notre partenaire. Une étape encourageante.
Prisca raconte l’éruption du volcan Nyiragongo en mai dernier
« Pendant l’éruption, nous avons dû fuir Goma. Nous avons eu très peur. On a d’ailleurs toujours peur. On a marché plus de 50 km. On était fatigué. On avait faim. Dans la fuite, la cohue, on a perdu l’un de mes petits frères. C’’était la panique… Heureusement, on l’a retrouvé quelques jours après. Notre maison a, elle, été ensevelie par la lave. Aujourd’hui, nous sommes hébergés dans un logement dans la banlieue de Goma. Mais nous savons que ça ne va pas durer. On est un peu dans l’attente de savoir ce que l’on va devenir… »