29 jeunes filles – 20 anciennement associées aux forces et groupes armés, 9 victimes d’exploitation sexuelle dans une maison close – viennent de rentrer dans leur famille. Une formation professionnelle en poche. Cette bonne nouvelle est le fruit d’un an de travail avec les animateurs, les formateurs et le psychologue de Cœur sans frontières (CSF), partenaire du BICE en République démocratique du Congo (RDC). Un an pour aider ces jeunes filles, âgées entre 15 et 17 ans, à se reconstruire physiquement, psychologiquement, socialement.
Un travail partenarial pour identifier les jeunes filles
Les 20 adolescentes ex-enfants soldats viennent du territoire de Masisi, à l’est de la RDC, où les violences et les conflits armés continuent de faire rage. Les 9 jeunes filles victimes d’exploitation sexuelle viennent, elles, du bidonville de Birere à Goma. Elles ont été identifiées en avril 2019 grâce à la collaboration de plusieurs acteurs dont les associations de protection des enfants, les autorités locales et les services sociaux provinciaux.
Neuf d’entre elles sont des jeunes mères
Dès mai 2019, les adolescentes – et pour neuf d’entre elles leurs jeunes enfants -, hébergées en famille d’accueil (11) ou dans leur propre famille élargie, ont été chaque jour accompagnées par CSF. Sur le plan sanitaire, les jeunes filles et les neuf enfants ont tous reçu les soins médicaux nécessaires dès le début de l’accompagnement. Et leurs divers problèmes de santé (grippe, paludisme, fièvre typhoïde et autres infections) ont été soignés. Un repas leur a également été servi tous les jours de formation ce qui a participé à leur rétablissement physique et a favorisé leur concentration.
Parallèlement, la ville de Goma ayant été fortement touchée par l’épidémie d’Ebola en 2019, des actions spécifiques ont dû être mises en œuvre. Avec le soutien du BICE, CSF a renforcé les conditions hygiéniques au sein du centre. Il a aussi sensibilisé les jeunes filles et leurs familles sur cette grave maladie et les moyens de prévenir toute contamination.
Une aide psychologique individuelle
Sur le plan psychologique, un accompagnement individuel hebdomadaire a été réalisé. Une aide indispensable pour ces adolescentes victimes d’innombrables violences et souvent rejetées par leurs proches. L’approche résilience à laquelle CSF a été formé a été mise en œuvre par les intervenants. Ils ont su mettre les jeunes filles suffisamment en confiance pour qu’elles réussissent à ouvrir leur cœur et avancer dans leur projet. Les objectifs de stimuler leur confiance en elles et la connaissance de leurs propres potentiels ont été atteints.
Formation professionnelle en couture et coiffure
« Nous avons pu observer des évolutions positives au fur et à mesure des mois pour l’ensemble des adolescentes : une plus grande stabilité émotionnelle, la capacité de comprendre leur situation de vie, la capacité de s’exprimer librement, l’amélioration de l’estime de soi, une meilleure sociabilité, un plus grand investissement dans la formation… Leur motivation faisait plaisir à voir. Cela a d’ailleurs rejailli sur leurs apprentissages professionnels », souligne un membre de CSF. Toutes – 23 en couture, 6 en coiffure-esthétique – ont obtenu leur certificat de formation avec succès. Et ce, après 9 mois de cours et près de 2 mois de stage auprès de maîtres artisans*. Certaines ont également bénéficié de séances d’alphabétisation.
Un travail important réalisé auprès des familles
Enfin, CSF a organisé plusieurs rencontres avec les familles (5 parents biologiques et 24 parents proches) ; en vue de préparer le retour des jeunes filles dans leur village. Et les échanges ont été concluants. Les jeunes filles sont parties à Noël pour les visiter, ce qui a permis de renouer les liens progressivement. Le 29 avril, grâce à des autorisations spécifiques liées à la COVID-19, les adolescentes sont rentrées chez leurs parents ou famille élargie, pour celles dont les parents sont décédés.
Les agents sociaux de CSF les ont alors aidées à organiser leur activité professionnelle. 27 couturières et coiffeuses se sont réparties en six groupes solidaires selon leurs localisation et métier ; et deux coiffeuses ont intégré un groupe de l’an passé à Masisi. Elles ont reçu de CSF des kits de démarrage pour les aider à se lancer. Les communautés les ont aussi soutenues en leur trouvant et louant des espaces de travail. Les premiers retours sur leur réintégration familiale et leur nouvelle activité sont donc particulièrement positifs.
*Le confinement imposé par le coronavirus a entraîné l’arrêt des stages deux semaines avant la fin.