« Plusieurs ONG avec lesquelles nous travaillons en réseau ont accès aux zones de conflit, certaines particulièrement dangereuses. Nous intervenons notamment dans les oblasts (régions) de Chernihiv, Soumy, Kharkiv, Kiev, Zaporijjia, Donetsk et Lugansk. On y apporte une réponse humanitaire et un soutien psychosocial. Nous échangeons avec nos partenaires via des groupes de discussions en ligne afin de répondre le plus rapidement possible aux besoins », explique Oksana, directrice exécutive de WCU, encore présente à Kiev.
« Les routes ayant été ouvertes vers Soumy et Kharkiv, nous envisageons d’y intervenir »
Aide financière aux familles démunies, déplacées ou ayant perdu leurs maisons démolies par les bombes ; distribution de produits de première nécessité et de vêtements ; organisation de la logistique pour soutenir l’évacuation de la population ; recherche de lieux d’accueil dans les régions de l’ouest de l’Ukraine… « Les besoins sont immenses. Et varient selon les endroits. Nous nous adaptons pour aider au mieux les familles. »
Dans la ville de Khmelnytsky, à l’ouest, l’équipe sur place apporte un soutien financier à 89 adultes et 45 enfants déplacés. À Chernihiv, région frontalière des zones de combat au nord, la population encore présente est aidée sur le plan alimentaire. À l’est, l’équipe de Poltava fournit, elle, une aide humanitaire aux familles des oblasts de Donetsk, et aux personnes déplacées des oblasts de Kharkiv et de Soumy. « Les routes ayant été ouvertes vers Soumy et Kharkiv, à la suite d’accords entre les autorités ukrainiennes et russes, pour permettre l’aide humanitaire dans ces régions, nous envisageons d’y intervenir. » L’oblast de Kharkiv fait toujours l’objet de combats et de bombardements ; le renforcement des forces russes sur le front est étant en cours.
Plus de 450 familles aidées dans la région de Kiev
Enfin, WCU a déjà apporté une aide financière à plus de 450 familles avec enfants, dont 9 femmes enceintes, à Kiev et dans sa région, notamment à Gostomel, Irpin et Bucha. « La plupart n’ont plus de maison et plus d’argent à disposition pour acheter le nécessaire pour survivre. Un enfant a été blessé dans les affrontements. Tout comme plusieurs adultes. Certains sont morts. »
Sur le plan psychologique, la ligne d’écoute mise en place au début du conflit a permis de mener plus de 150 consultations. Dont 12 avec des enfants. « Le plus souvent, les enfants souffrent de la perte de contact avec leurs proches, de désespoir ou de colère, explique Oksana. Ils parlent de l’école qui leur manque et de la peur de sortir. Les adultes sont effrayés et anxieux de perdre un proche. Les femmes déplacées ont très peur pour leurs fils aînés et leurs maris, restés dans les zones de conflit. Le manque d’argent et de nourriture pour les enfants, la vie dans un nouveau lieu sont aussi sources d’angoisse. »
Une prise en charge psychologique primordiale pour éviter des séquelles irréversibles
Sur le terrain, certains professionnels qui accompagnent familles et enfants ont également fait appel aux psychologues de WCU pour apprendre à mieux répondre aux émotions incontrôlées, à l’irritabilité qui rendent la communication au sein des familles difficile. « Grâce au soutien du BICE, nous avons commencé en lien avec une experte de l’Université catholique de Milan à former ces professionnels qui souhaitent renforcer leurs compétences avec des outils méthodologiques adaptés au contexte », précise Oksana.
« Nos équipes sont également accompagnées par cette experte, afin qu’elles aient un espace pour exprimer leurs émotions. C’est important pour qu’elles puissent continuer à suivre le mieux possible les enfants et leurs parents, victimes de traumatismes. Une prise en charge qui doit être réalisée rapidement si l’on veut éviter des séquelles irréversibles. Les parents sont souvent dans un état de sidération, d’effroi et d’abattement tels qu’ils ne peuvent ni protéger ni aider leurs enfants dans cette épreuve. »
Ces actions sont soutenues par le BICE, notamment grâce à la générosité des donateurs. Un grand merci.