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enfants réfugiés en Côte d'ivoire
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Un espace de jeu et d’écoute pour aider les enfants à surmonter les blessures du passé

Soutenue par le BICE, la Pastorale des migrants a développé en 2024 à Tougbo au nord de la Côte d’Ivoire, un lieu de détente et d’expression pour les enfants réfugiés ayant, pour la plupart, vécu de nombreuses situations traumatiques.

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Dans une zone confrontée à l’arrivée massive de Burkinabés fuyant les violences djihadistes, une aire de jeux installée dans l’enceinte de la paroisse Cœur Immaculé de Marie à Tougbo a été inaugurée en mai 2024. Elle est vite devenue un lieu de vie incontournable pour les enfants réfugiés. Ils aiment y jouer au football sur le petit terrain improvisé, s’envoler le plus haut possible sur les balançoires, rire autour d’un jeu de société ou dessiner sous l’ombre protectrice du préau. Autant d’activités qui les aident à mettre de côté, un temps, les souffrances qu’ils ont endurées.

« Face à l’afflux croissant à Tougbo, ville frontalière du nord de la Côte d’Ivoire, de réfugiés du Burkina Faso fuyant les violences djihadistes, nous avons voulu créer un lieu sûr, réconfortant et stimulant pour les enfants, explique le responsable du projet. En plus des jeux, qui leur apportent beaucoup, nous y menons des activités artistiques (théâtre, danse, dessin…) ainsi que des groupes de parole et des séances de soutien psychosocial pour les accompagner dans leur processus de résilience. Ces enfants ont, pour la majorité d’entre eux, vécu de nombreux événements traumatiques. »

Ibrahim, le témoignage poignant d’un enfant réfugié

Ibrahim, âgé de 12 ans, est l’un d’entre eux. Un jour, alors qu’il est dans l’arrière cours de sa maison, il entend des cris assourdissants. « J’ai pris peur et je me suis caché. De là où j’étais, j’ai vu plusieurs personnes étrangères avec des foulards entourés sur la tête – on voyait à peine leurs yeux – qui balayaient tout sur leur passage. Ils s’en sont pris aux hommes de la maison. Mon oncle, mon père et mes deux grands frères ont été battus et tués. Avec ma maman et d’autres voisines, nous avons pris la fuite. Nous sommes arrivés, après plusieurs semaines, en Côte d’Ivoire. »

Ibrahim est accueilli par la Pastorale des migrants, dans le cadre du projet de 6 mois mené avec le BICE. Il reprend goût à la vie, tout comme une centaine d’autres enfants âgés entre 6 et 12 ans, grâce aux jeux installés pour eux. Et participe aux activités de résilience. Un accompagnement qui l’aide à avancer. « Je me sens toujours un peu triste quand je pense à mon père et mes frères, et lorsque je vois ma maman pleurer. Mais, avec l’aire de jeux et les groupes de paroles, je commence petit à petit à m’habituer à mon nouvel environnement. Je me fais de nouveaux amis et cela me permet d’oublier. »

Des activités pour encourager la résilience et la solidarité

Ce lieu et l’ensemble des activités mises en place par des animateurs formés et/ou des psychologues permettent en effet à ces enfants, privés de repères, de bâtir de nouveaux liens, d’apprendre à s’entraider et à se reconstruire ensemble. Un exemple concret et touchant. Suite à des ateliers de lecture et d’écriture, très appréciés des bénéficiaires qui rêvent de reprendre les cours, les plus grands ont souhaité créer, sous la supervision des éducateurs, des classes de remise à niveau.

« Les nombreux rires, la construction naturelle de groupes d’amis, le soutien que les plus grands apportent aux plus jeunes durant les jeux de société par exemple, les innombrables mini-tournois de foot et les danses collectives nous montrent l’importance de ce projet et ses réussites, explique le responsable de la Pastorale. Cela nous pousse à vouloir continuer sur cette lancée malgré certains obstacles dont la proximité des djihadistes qui rendent la zone moins sûre. Pour faire face à l’arrivée constante de nouveaux réfugiés, nous aimerions agrandir notre espace de jeux et former davantage d’éducateurs locaux au soutien psychosocial. »

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