Comment favoriser le développement d’environnements protecteurs pour les enfants et les adolescents ? C’est à cette question que répond le projet mis en œuvre au Chili entre septembre 2022 et août 2025. Porté par la Pastorale Sociale (VPSC) de l’archevêché de Santiago*, en partenariat avec l’Université catholique du Chili, la Délégation pour la Vérité et la Paix, et avec le soutien du BICE, ce projet a mobilisé des écoles, des communautés locales et des institutions religieuses autour d’un objectif commun : construire une culture de la bientraitance. Et ce, en évaluant deux outils de transmission afin de les améliorer et de pouvoir ensuite les utiliser dans d’autres régions.
De fortes disparités observées au Chili
Au Chili, près d’un quart de la population est âgée de moins de 18 ans, selon les données 2025 de l’Unicef. Une jeunesse qui doit faire face à de profondes inégalités. 1,2 million d’enfants (plus de 25 %) vivent avec au moins deux privations essentielles (accès à l’éducation, à la santé, à un logement décent, à la protection…). Les enfants migrants, en situation de handicap ou issus de zones urbaines précaires étant particulièrement exposés.
De plus, face à la précarité des environnements éducatifs et à la banalisation de certaines formes de violence, la promotion d’une culture du soin et du respect représente un enjeu de société.
Un objectif clair : évaluer pour mieux transmettre
Le projet a été mené dans trois communautés locales (Puente Alto, Maipú, Cerro Navia) et deux établissements scolaires (collège Santa Cruz et Collège Ozanam) grâce à la mobilisation d’environ 200 enfants et 60 jeunes et adultes. Leurs participations à divers ateliers, formations, actions de sensibilisation ont permis à l’équipe universitaire en charge de l’enquête d’évaluer les impacts des activités proposées et d’y apporter des améliorations concrètes.
Deux dispositifs ont été analysés :
- Les outils pédagogiques, utilisés dans les ateliers avec les enfants et les jeunes, ainsi que pour la formation des ambassadeurs de la bientraitance (jeunes pairs, enseignants, agents pastoraux) ;
- La campagne de promotion de la bientraitance, menée dans les écoles, les quartiers et via les réseaux sociaux.
Étapes clés :
- Des évaluations ont été menées auprès des participants avant la mise en place des actions.
- Des analyses ont été réalisées lors des formations au rôle d’ambassadeur de la bientraitance suivies par 50 jeunes et adultes. Ces sessions comprenaient des modules sur la résilience et son développement chez l’enfant, le respect des droits de l’enfant, les différentes formes de violence et comment les prévenir, l’animation d’ateliers, la participation active et l’éducation émotionnelle.
- L’observation et l’analyse des ateliers éducatifs proposés à 200 enfants ont aussi été menées. Parmi les thèmes abordés lors de ces ateliers : l’estime de soi, le corps, les émotions, les secrets à ne pas garder, les relations intergénérationnelles, qu’est-ce qu’un environnement protecteur, l’identification des situations à risque, etc.
- Des évaluations post actions ont permis de mesurer les progrès réalisés par les participants.
- La compilation des conclusions a été suivie de la refonte des outils existants.
Un projet-pilote reproductible dans d’autres territoires
Au terme des trois années de mise en œuvre, le projet a permis la création d’un kit pédagogique complet, adapté aux réalités chiliennes mais conçu pour être transférable :
- Un document éducatif en quatre tomes, utilisable dans les écoles, les centres sociaux et autres espaces d’accueil du jeune public. Le guide Seamos protagonistas del buentrato en una cultura del cuidado (Soyons protagonistes de la bientraitance dans une culture de soins) inclut un cadre conceptuel, des modules pédagogiques, des outils de formation et une campagne de communication grand public.
- Deux passeports « bientraitance » (enfants / adultes) à délivrer aux personnes engagées dans la promotion d’une culture du soin.
Satisfaites des méthodes et contenus proposés, les trois communautés participantes ont exprimé leur volonté de poursuivre le travail initié en faveur de la bientraitance, tandis que les écoles partenaires s’engagent à intégrer cette approche dans leurs formations initiales.
Grâce à une méthodologie rigoureuse, une forte implication communautaire et des outils adaptés, cette initiative constitue désormais un modèle inspirant pour d’autres régions chiliennes et, plus largement, d’Amérique latine.
La Pastorale sociale, l’Université catholique et la Délégation pour la Vérité et la Paix envisagent de poursuivre la formation de nouveaux « ambassadeurs » et la sensibilisation du grand public dans d’autres régions du Chili. Et ce, toujours avec la participation des enfants et des communautés.
*Vicaría de la Pastoral Social Cáritas
