Dans ce pays du sud de l’Afrique, le quotidien est extrêmement difficile pour une grande partie de la population. 46% des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). La malnutrition chronique, susceptible de provoquer des retards de croissance, touche 43% des enfants de moins de 5 ans. La violence, y compris la violence sexuelle, est très répandue.
Cyclones et attaques djihadistes
Le Mozambique est aussi l’un des pays les plus exposés aux catastrophes naturelles, cyclones et inondations notamment. En mars 2019, le cyclone Idaï a violemment frappé la ville de Beira. Il a fait plus de 600 victimes et 1,8 millions de personnes se sont retrouvées en situation de grande vulnérabilité. En janvier 2021, la tempête Eloïse a de nouveau détruit des milliers de maisons, dévastées et inondées routes et terres agricoles, et endommagées nombre d’infrastructures publiques. Elle a laissé derrière elle plus de 250 000 sinistrés. Des personnes qui peinaient déjà à se relever des ravages du cyclone Idaï.
À cette situation dramatique s’ajoutent les attaques djihadistes au Nord du pays, dans la province de Cabo Delgado. Cette insurrection djihadiste qui se traduit notamment par l’attaque, le pillage et la destruction de villages dure depuis octobre 2017. Et a déjà fait plus de 500 000 déplacés, selon le Gouvernement.
Formations Tuteurs de résilience depuis 2019
Face à ce contexte traumatisant et extrêmement angoissant, le BICE accompagne son partenaire, la Congrégation des frères des écoles chrétiennes, sur le plan de la résilience. « Pourquoi, dans un cadre de nécessité extrême, alors qu’il n’y a parfois rien à manger, investir dans un programme « Résilience » ? Parce que répondre aux besoins fondamentaux – ce que font les États, la plupart des ONG – est essentiel mais ne suffit pas ! Le bien-être moral des enfants, leur santé mentale ne doivent pas être oubliés, souligne Veronica Hurtubia, pédagogue auprès de l’Unité de recherche sur la résilience à l’Université catholique du Sacré Cœur de Milan*. Les formations Tuteurs de résilience sont là pour aider les partenaires du BICE à prendre en charge cette partie essentielle. »
Première formation en 2019
En octobre 2019, 22 professeurs, éducateurs et directeurs de deux écoles et un centre socio-éducatif du réseau La Salle à Beira ont ainsi pris part à une formation « Tuteurs de résilience » dispensée par Veronica Hurtubia. Que ce soit sur le plan personnel ou professionnel, les bénéficiaires confient avoir beaucoup appris de ces cinq jours de formation. « Je me sens comme une nouvelle personne, capable d’aider les autres », témoigne l’un d’entre eux. « Je me sens davantage capable d’écouter, d’identifier les problèmes que peuvent avoir les élèves. Cela va me permettre de changer ma façon de travailler », souligne un autre. Tous semblent avoir pris conscience que l’agressivité et la violence, très présentes à l’extérieur des établissements mais aussi à l’intérieur, sont des facteurs de non-résilience contre lesquels il faut lutter.
Deuxième formation en ligne en 2020
En décembre 2020, lors de sessions organisées en ligne, Véronica Hurtubia a formé 32 nouveaux tuteurs de résilience, originaires de Beira au centre et de Pemba au Nord. Certains enseignent à des enfants de 3-6 ans, d’autres à des 6-18 ans. Certains proposent des activités de soutien scolaire à des enfants éloignés de l’école, d’autres accompagnent sur le plan social des familles déplacées. Ce sont ainsi près de 13 800 enfants et familles qui bénéficient indirectement des outils appris par les travailleurs sociaux et professeurs lors de la formation. Ce programme a été très apprécié. Pour ne citer qu’un participant : « Cette formation a été pour moi comme une lumière, une ouverture qui élargit ma vision de l’aide et de l’espoir. » Un suivi des bénéficiaires et d’autres sessions sont prévus en 2021.