« Je suis toujours surpris de la capacité qu’ont les enfants de se remettre dans une situation d’amour », a souligné l’un des 22 participants à la formation Tuteurs de résilience organisée cet automne au Guatemala par le BICE et l’ODHAG (Bureau des droits de l’homme de l’archevêché du Guatemala) en collaboration avec l’Université catholique du Sacré cœur de Milan. Écoutés, accompagnés, les enfants ont en effet en eux la capacité de se relever et de se reconstruire. C’est ce constat qui a amené le BICE à mettre en place des formations Tuteurs de résilience dès 2014. Et à les multiplier, depuis, dans les zones où les enfants côtoient la pauvreté, la violence, la guerre.
À Guatemala city, la formation a réuni 22 professionnels* venus du Guatemala mais aussi du Salvador et du Honduras. Des travailleurs sociaux, psychologues, pédagogues, éducateurs de rue ou encore avocats qui interviennent chaque année auprès de plus de 7 500 enfants et adolescents en situation de vulnérabilité. Dans ces pays d’Amérique centrale, où sévissent la pauvreté, l’insécurité, les conflits entre gangs de jeunes, les conditions de vie sont en effet très difficiles pour une majorité de la population (voir encadré ci-dessous).
Porter en soi un espoir réaliste
Les professionnels présents à la formation défendent donc au quotidien, au sein de leur organisation, les droits des enfants et la non-violence. Et ce, en sensibilisant le plus grand nombre à ces questions et en offrant un accompagnement adapté aux enfants. « Réfléchir à nos pratiques est essentiel, explique l’un des participants. Certaines activités de cette formation nous ont par exemple permis de mieux comprendre les réactions des enfants et adolescents. Ce qui nous aidera, à l’avenir, à mieux y répondre. »
Réflexions sur le concept et les facteurs de résilience ou de non-résilience, ateliers de mise en situation, jeux de rôle, travail collectif, partage de méthodes et d’activités positives… En s’appuyant sur le manuel Résilience** du BICE, spécifiquement adapté au contexte régional, la formation a permis aux participants d’acquérir des outils pratiques et une meilleure compréhension de ce qu’est un tuteur de résilience et des qualités dont il doit faire preuve.
« Nous percevons désormais la résilience comme une façon de relire le monde et de se confronter aux crises avec une certaine ouverture au changement, avec un espoir réaliste. » Et l’un d’entre eux d’ajouter : « Je suis désormais plus conscient du rôle que nous jouons et du fait que nous bâtissons de la sécurité. » Le partage d’histoires personnelles et d’expériences professionnelles a également contribué à la réussite de ces cinq jours de formation. 94 % des bénéficiaires ont en effet salué la qualité des cours.
Un espace sûr et accueillant
À la fin de la formation, ils ont notamment établi deux grands axes prioritaires à développer ou renforcer au sein de leur organisation, en fonction des publics qu’ils accompagnent. Les professionnels en contact avec des enfants et adolescents victimes de violences et/ou d’abus sexuels ont pris conscience de la nécessité de privilégier la mise en place d’un espace sûr et accueillant (émotionnel, social et physique). « Une première étape indispensable. » Ceux qui travaillent dans une école ou un centre éducatif ont conclu qu’ils devaient avant tout favoriser les liens sociaux positifs, avec les familles notamment. Associées à chacun de ces axes, des actions concrètes ont été répertoriées. Les participants ont d’ailleurs exprimé leur volonté de les mettre en place dans leur organisation. Tout en demandant à la formatrice un suivi sur le terrain.
Autre retour positif. La collaboration et l’échange entre des acteurs sociaux exerçant dans trois pays différents ont été appréciés. Les participants se sont dits enthousiastes de voir se développer le Réseau BICE (Mesa Pro BICE) Amérique centrale. En mai 2020, les organisations du Honduras et du Salvador vont en effet s’unir au réseau guatémaltèque déjà existant. Il constitueront ainsi un réseau Amérique centrale. À cette occasion, devraient d’ailleurs être planifier d’autres actions communes.
*Guatemala : ODHAG, Mission de justice internationale (IJM), Association nationale contre la maltraitance infantile (Conacmi), Caritas archidiocésain, Fundamar. Honduras : Caritas Honduras. El Salvador : Archevêché San Salvador Caritas, Semillas de nueva creación
** Manuel La Resiliencia, de la inspiración a la acción – Testimonios, reflexiones y experiencias.
(La Résilience : de l’inspiration à l’action – témoignages, réflexions, expériences)
Quelques chiffres…
- Le Guatemala, le Honduras et le Salvador font partie des pays les plus violents au monde, hors zones de guerre. Le taux annuel d’homicides pour 100 000 habitants était de 27,3 au Guatemala en 2016. 56,5 au Honduras. Et 82,8 au Salvador en 2017 (source : Office des Nations unies contre la drogue et le crime).
- Au Honduras, 61,9% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté national en 2018. 29,2% au Salvador (2017). Et 59,3% au Guatemala (2014) (source : Banque mondiale).
- Le taux de scolarisation en primaire était en 2017 de 86,8% au Guatemala. 80% au Honduras. Et 80,2% au Salvador. Le taux de scolarisation dans le secondaire était lui de 43,7% au Guatemala. 43,7% au Honduras. Et 60,18% au Salvador (source : Banque mondiale).