Anne-Laurence Lacroix, Directrice des programmes au BICE, nous en dévoile les grandes lignes.
Quel est le bilan du programme de lutte contre l’abus qui s’achève ?
Anne-Laurence Lacroix : L’évaluation a mis en évidence des résultats très positifs dans les 17 pays partenaires. Le programme de lutte contre l’abus développé par le BICE a permis d’accompagner directement, au cours de ces trois années, plus de 11 000 enfants victimes de maltraitance. Par ailleurs, 20 000 enfants ont été sensibilisés à la lutte contre les violences de tous types. Et, dans la même période, plus de 1 500 professionnels ont été formés afin d’assurer une meilleure protection et prise en charge des victimes.
En quoi va consister la nouvelle étape du programme de lutte contre l’abus ?
ALL : Le nouveau programme s’inscrit dans la suite directe du précédent. Il sera mené jusqu’en 2021 en Amérique latine et en Europe CEI. Il ciblera toutes les formes de violences, en particulier de nature sexuelle, commises dans le cercle de confiance de l’enfant.
En Amérique latine, nous allons continuer à travailler avec nos partenaires qui appliquent déjà la méthode « Grain de sable ». Cet outil permet d’apprendre aux enfants, à partir de films, à repérer les situations à risque, à y réagir de façon adéquate et à faire appel, si besoin, à des personnes de confiance identifiées. On appelle ces personnes les « adultes relais ». C’est la formation de ces derniers qui va être renforcée pour qu’ils se sentent à l’aise s’ils doivent par exemple faire un signalement. Au total, nous espérons, avec le nouveau programme, assurer une action de sensibilisation et de prévention auprès de plus de 5 600 enfants et 21 000 adultes.
Vous allez également former les professionnels à l’audition des enfants victimes…
ALL : Oui, nous allons former des professionnels au protocole de NICHD (National Institute of Child Health and Human Development) en Arménie et en Ukraine. Nous avons déjà contribué, dans ces pays, à l’installation de deux salles adaptées à l’audition des enfants. Le protocole de NICHD permet aux personnes chargées de recueillir la parole des enfants d’obtenir des témoignages de qualité tout en respectant leur dignité. Nous avons appris de nos interventions précédentes qu’il est nécessaire de former et d’accompagner des opérateurs chargés ensuite de transmettre la méthode à d’autres professionnels. Nous veillerons à ce que ces professionnels ne restent pas seuls face à des situations de violence intrafamiliale.
Quel est le rôle spécifique du BICE dans ce programme ?
ALL : Le BICE en est l’initiateur et le soutien. Nous définissons les activités conjointement avec nos partenaires. Puis, nous les accompagnons, par exemple en les aidant à assurer une évaluation continue de l’impact de leurs actions. Nous sommes également moteurs pour créer des synergies entre les partenaires. A travers les rencontres régionales que nous organisons, ils peuvent ainsi échanger points de vue et bonnes pratiques.