Petit retour sur son origine. De 2016 à 2019, le BICE s’est engagé dans un important projet de lutte contre la maltraitance infantile avec son partenaire en Géorgie, Public Health Foundation of Georgia (PHF). Ce projet était également soutenu financièrement par l’Union européenne. Il avait un double objectif : venir en aide aux très nombreux enfants victimes d’abus et prévenir ces violences en suscitant une prise de conscience des communautés.
Trois centres d’écoute et d’accueil pour les enfants ont ainsi été créés dans le pays. Des psychologues, des travailleurs sociaux et des fonctionnaires d’État (policiers, juges, enseignants…) ont pu être formés à l’accompagnement des enfants victimes. En parallèle, une vaste campagne de sensibilisation était menée. Avec édition de BD, diffusion de spots dans les cinémas et organisation de rencontres dans les écoles. Enfin, une ligne verte, avec un numéro d’appel gratuit, destiné aux enfants en détresse, était mise en place.
Un dispositif plus que pertinent pour lutter contre la maltraitance
Des trois centres d’écoute créés, c’est celui situé dans la petite ville de Zougdidi qui a apporté les changements les plus spectaculaires. Comme a pu le constater Diana Filatova, en charge du projet au BICE. « Zougdidi se trouve à la frontière de l’Abkhazie où un nombre important de personnes s’est déplacé lors du conflit armé de 2008. Dans cette région montagneuse, éloignée de tout, les traditions patriarcales restent très fortes et beaucoup d’enfants subissent des situations de violence et d’abus. Le travail de sensibilisation réalisé pendant les 30 mois du projet a changé les mentalités et apporté, pour la première fois, une aide appropriée aux victimes. Les psychologues du centre ont pu accueillir et suivre 130 enfants, garçons et filles, dont la moitié s’est présentée au centre spontanément. Des centaines de consultations ont été menées avec les parents afin d’assurer une prise en charge plus personnalisée et éviter ainsi le placement de l’enfant. »
Maintenir le centre le temps de consolider son financement
En mai dernier, il est apparu que le centre de Zougdidi n’est pas parvenu à réunir l’intégralité des fonds nécessaires à son fonctionnement. Et ce, pour l’année scolaire 2019-2020. Pour 2020-2021, la commune s’est déjà engagée à assurer le financement sur le budget municipal. Comment tenir en attendant ? « Si le centre ne trouvait pas de quoi financer les salaires des psychologues, ceux-ci allaient devoir travailler ailleurs, et toutes les avancées obtenues pour les enfants allaient être perdues », constate alors Diana Filatova. « Avant, comme lui explique un enseignant de la région, personne ne parlait de ces sujets. Maintenant les enfants victimes de violence savent où demander de l’aide. Et nous aussi, nous savons à qui les adresser, alors qu’auparavant nous ne pouvions que compatir à leur détresse derrière laquelle nous devinions des situations familiales extrêmement difficiles. »
Face à cette situation d’urgence, et au vu, non seulement du travail effectué, de sa pertinence et de ses résultats, mais aussi de l’engagement de la mairie et des institutions comme l’éducation nationale, la police, les services sociaux… le BICE décide alors de faire un don exceptionnel de 10 000 euros pour assurer la jonction. Cela permettra de garder la porte du centre ouverte à tous les enfants qui ont tant besoin d’écoute et de soutien.