Début octobre, 22 professeurs, éducateurs et directeurs de deux écoles et un centre socio-éducatif du réseau La Salle* à Beira ont pris part à une formation « Tuteurs de résilience » dispensée par une pédagogue qui travaille auprès de l’Université du Sacré Cœur de Milan et de l’Association Francesco Realmonte. Une première au Mozambique. Et l’intérêt des participants était palpable. « Comment transformer la souffrance des enfants en force ? Comment faire évoluer nos pratiques éducatives pour les rendre plus constructives ? Comment mieux accompagner ? », sont quelques-unes des questions formulées dès le premier jour par les bénéficiaires.
Il faut dire que dans ce pays du sud de l’Afrique, le quotidien est extrêmement difficile pour une grande partie de la population. 46% des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). La malnutrition chronique, susceptible de provoquer des retards de croissance, touche 43% des enfants de moins de 5 ans. La violence, y compris la violence sexuelle, est très répandue.
Le Mozambique particulièrement exposé aux catastrophes naturelles
Le Mozambique est aussi l’un des pays les plus exposés aux catastrophes naturelles, cyclones et inondations notamment. Des phénomènes que la communauté scientifique craint, de surcroît, de plus en plus fréquents et violents dans cette partie du globe en raison du réchauffement climatique. Le dernier en date : le cyclone Idaï. Frappant violemment la ville de Beira en mars 2019, il a fait plus de 600 victimes. Et 1,8 millions de personnes se sont retrouvées en situation de grande vulnérabilité. Dans ce contexte, la formation Tuteurs de résilience s’est avérée encore plus nécessaire. Les bénéficiaires ont en effet souvent fait référence au drame vécu quelques mois plus tôt.
Pensée comme le premier rendez-vous d’un cycle mis en place sur trois ans, cette formation s’est concentrée sur l’explication du processus de résilience. Les grandes étapes du développement psychologique de l’être humain ont également été abordées. Puis, les participants ont découvert des outils à déployer pour faciliter la résilience des enfants qu’ils accompagnent. Des outils adaptés notamment aux différents âges des enfants concernés. Quelques exemples : l’écoute positive, le travail d’équipe, les activités créatives et sportives, la collaboration avec les familles…
3600 enfants indirectement bénéficiaires
Que ce soit sur le plan personnel ou professionnel, les bénéficiaires confient avoir beaucoup appris de ces cinq jours de formation. « Je me sens comme une nouvelle personne, capable d’aider les autres », témoigne l’un d’entre eux. « Je me sens davantage capable d’écouter, d’identifier les problèmes que peuvent avoir les élèves. Cela va me permettre de changer ma façon de travailler », souligne un autre. Tous semblent avoir pris conscience que l’agressivité et la violence, très présentes à l’extérieur des établissements mais aussi à l’intérieur, sont des facteurs de non-résilience contre lesquels il faut lutter.
Ce nouveau regard sur leur métier, sur leur rapport avec les enfants et sur la nécessité de valoriser les ressources positives présentes en chaque personne devrait bénéficier au plus de 3600 enfants qu’ils encadrent. Des suivis sur le terrain seront effectués au cours de l’année pour les aider à mettre en pratique les méthodes apprises avant la deuxième session de formation qui se déroulera d’ici un an.
*La congrégation La Salle est présente à Beira depuis les années 1990. Elle compte trois établissements.
– Une école pour les 3-6 ans. C’est l’un des rares établissements de Beira qui propose une journée d’école complète aux enfants de cette tranche d’âge.
– Une école pour les 6-18 ans. Elle finance des bourses d’étude et des repas pour les élèves les plus vulnérables.
– Un centre socio-éducatif situé dans l’un des quartiers les plus pauvres de Beira. Il propose des activités d’accompagnement scolaire pour les enfants et des cours en direction des adultes. Il dispose d’une bibliothèque.