Ils sont près de 35 à venir chaque jour après l’école dans cet espace créé pour eux au sein de l’école publique de Kapan Bal Uddar à Budhanikhanta. Ils y font leurs devoirs, aidés par des enseignants. Puis, ils dessinent, jouent, peignent, lisent, discutent… « Ils dansent aussi. C’est leur activité préférée. » Plusieurs fois par semaine, Sunita, responsable financière et éducatrice dans l’association AAWAAJ, passe du temps avec ces enfants âgés entre 8 et 15 ans. « Ils sont tous très vulnérables. Ils vivent dans des quartiers pauvres de Katmandou, souvent toute la famille dans une seule pièce. Et leurs parents, quand ils sont encore vivants, sont peu présents », explique Sunita.
Venus à Katmandou pour essayer de « s’en sortir », les parents cumulent les petits boulots et les heures de travail. Certains partent même dans les pays du Golfe, avec l’espoir de trouver de meilleures conditions, de gagner plus d’argent, laissant leurs enfants à des membres de leur famille plus ou moins éloignés. Et souvent peu impliqués. « Livrés à eux-mêmes la plupart du temps, ils doivent s’occuper de leurs petits frères et sœurs, des tâches ménagères. Ils doivent faire à manger… Certains sont victimes d’exploitation au travail, de maltraitances. Dans ce quotidien difficile, le lieu que l’association a créé leur offre un moment pour eux. Deux heures par jour. » Une respiration.
« L’école a joué un rôle essentiel »
Sunita, très présente pour ces enfants, connaît bien leur situation. Elle a grandi dans un quartier pauvre pendant la guerre civile au Népal. L’insécurité était partout, ses parents absents de trop travailler. « Heureusement, mes deux frères ainés étaient là pour m’encourager. J’étais très introvertie, je ne voulais pas sortir. Ils m’ont poussé à venir avec eux dehors pour jouer au football, au cricket et au badminton, à aller vers les autres. Ils m’ont vraiment soutenue. » Et puis, il y avait l’école. « Elle m’a aidée à m’en sortir. » Après le lycée, Sunita obtient une licence en gestion d’entreprise. Puis travaille quelques temps dans un théâtre avant de rejoindre l’association AAWAAJ.
« J’aime ce travail. M’occuper à la fois de la comptabilité de cette structure et des enfants à qui elle vient en aide est une chance. » Sunita a pu observer les effets positifs de cette action sur les résultats scolaires des enfants. Une source d’espoir. Sur le plan psychologique toutefois, les enfants restent très affectés. « Ils ont beaucoup souffert du tremblement de terre de 2015. Ce traumatisme vient s’ajouter à tous les autres liés à leurs conditions de vie. C’est difficile. »
Favoriser la résilience chez ces enfants
Pour répondre à ce besoin, le BICE a fait appel en 2016 et 2019 à son partenaire l’université catholique de Milan pour proposer des formations Tuteurs de résilience à une trentaine de professionnels de l’enfance (éducateurs, enseignants…) travaillant, pour la plupart, dans la région de Katmandou. « Nous apportons ainsi des outils aux participants afin de les aider à favoriser la résilience chez les enfants. Notre volonté est que ces petits trouvent en eux et autour d’eux les moyens de surmonter leurs difficultés, leurs inquiétudes, leurs traumatismes », explique Maria Camila Caicedo, en charge au sein du BICE de ce projet au Népal.
Cela se traduit, pour les enfants accompagnés par AAWAAJ, par des ateliers de résilience mensuels animés entre autres par Sunita. « Nous travaillons beaucoup sur la confiance en soi. Ces ateliers sont basés sur les thématiques que l’on a appris lors des formations. Ils sont positifs même si nous savons que ce sera un travail de longue haleine. » Et Sunita de conclure : « Je reste confiante pour l’avenir de ces enfants pour lesquels l’éducation est essentielle. Nous allons de l’avant ensemble. »