En 2014, l’association Mémoire traumatique et victimologie a proposé à toute victime de violences sexuelles durant l’enfance de répondre à un questionnaire en ligne. Il s’agissait de récolter un maximum de données, pour connaître les conséquences, sur le long terme, des violences sexuelles.
1 214 volontaires ont répondu à cette enquête de près de 200 questions. Plus d’un tiers des victimes souffrent d’une amnésie traumatique pouvant durer plusieurs dizaines d’années. Les violences sexuelles, et notamment le viol, touchent toutes les catégories de la population. Les enfants sont les plus touchés par ces agressions : 81% des victimes ayant répondu à l’enquête étaient mineures au moment des faits et la moitié d’entre elles avait moins de onze ans. La plupart du temps ces violences ont lieu au sein du cercle familial, et durent parfois plusieurs années.
Des conséquences dramatiques
Les résultats de cette enquête sont édifiants. Les violences sexuelles subies dans l’enfance ont des impacts très larges et durables concernant le développement de l’enfant et sa santé future. Ainsi, le plus dramatique est le suicide : la moitié des victimes de viol incestueux ont déjà tenté de mettre fin à leurs jours.
En outre, 95% des victimes interrogées lors de l’enquête considèrent que les violences ont eu un réel impact sur leur santé mentale, avec une perte d’estime de soi pour 83% d’entre eux. La moitié des répondants de l’enquête se déclarent sujets à des troubles addictifs tels que l’alcool, le tabac ou les substances illicites.
Des soins et une protection encore inadaptés
La plupart des victimes souffrent de l’insuffisance de soins appropriés et mettent treize ans en moyenne à trouver une prise en charge satisfaisante : « Je n’aime pas trop, critiquer le système de santé… Mais la seule chose qui me vient à l’esprit c’est : prise en charge soit lamentable (culpabilisation, déni) soit inadaptée (psychanalyse) » déclare l’une des victimes.
Les carences sont également importantes dans le domaine judiciaire. En effet 67% des victimes qui ont porté plainte n’ont bénéficié d’aucune mesure de protection, alors même que l’abus sexuel est dans l’immense majorité des cas perpétré par un membre de la famille ou une personne du cercle de confiance de l’enfant.
La majorité des victimes ayant vécu un procès considèrent que la gravité des violences sexuelles n’a pas été reconnue par la justice. Cela s’explique notamment par le fait que les viols, qui doivent être jugés aux assises, sont souvent requalifiés d’agressions sexuelles et jugés devant le tribunal correctionnel. Par ailleurs, les délais de prescription rendent difficiles le recours au système judiciaire : amnésie traumatique, peur de briser la famille entière, difficulté à verbaliser les agressions expliquent que les plaintes déposées le soient parfois des dizaines d’années après les faits.
Ce fléau de l’abus sexuel peut être combattu
L’abus sexuel est bien plus répandu qu’on ne le croit. Pour le combattre, le BICE déploie un programme de 3 ans, entre 2015 et 2018, dans 18 pays, afin de prévenir ce fléau et d’accompagner les enfants victimes.
Le congrès international 2015 du BICE « L’abus sexuel des enfants, mécanismes de protection et résilience » fait partie intégrante de ce programme.
Le BICE n’est pas la seule organisation à alerter sur les nécessiter de prévenir les violences sexuelles faites aux enfants. Dans un rapport publié en 2014, l’Organisation Mondiale de la Santé constatait que : « Des recherches de plus en plus nombreuse montrent qu’une grande partie de la violence interpersonnelle [pouvait] être prévenue de façon efficace et que ses lourdes conséquences [pouvaient] être atténuées ».(Source : World Health Organization, Global Status Report on Violence Prevention, Genève, 2014, p.50)
Renseignements sur le congrès du BICE