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argentine aide alimentaire

Quatre projets en Amérique latine : aider les familles à se reconstruire

Afin d’aider les familles en situation de vulnérabilité à faire face aux différentes crises, sanitaire, économique, sociale, environnementale, qui les plongent dans des situations catastrophiques, le BICE et ses partenaires locaux mènent divers projets adaptés aux réalités du terrain. Dont 4 en Amérique latine.

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Argentine

Dans le bidonville de Villa Soldati, au nord de Buenos Aires, la vie est dure. Très dure. La pauvreté, la faim, le chômage, les drogues, la violence frappent sans relâche les habitants. Et les infrastructures manquent cruellement. En vue d’aider les enfants démunis de ce bidonville et afin de leur permettre d’envisager un avenir meilleur, la paroisse de la Vierge Immaculée, dirigée par le père Adrian Bennardis, développe depuis plusieurs années des espaces d’apprentissage (école, petite enfance), d’activités sportives et culturelles (clubs), de convivialité. Des lieux où les enfants et leurs familles se sentent en sécurité et où des valeurs positives de respect, de bientraitance, d’entraide sont diffusées.

Des espaces petite-enfance pour favoriser le développement des plus petits

Depuis mi-2020, face aux conséquences économiques dramatiques de la crise sanitaire, le BICE a soutenu la paroisse par des actions adaptées. En 2022, notre association a décidé de prolonger son soutien dans la continuité du travail déjà mené. Un travail spécifique est notamment mené dans les structures petite enfance. Créé en 2019, le premier espace a été agrandi en 2021. Il peut désormais accueillir 58 enfants. Le deuxième espace, ouvert en décembre 2021 dans un autre secteur du bidonville, peut recevoir 65 enfants. Ces deux espaces fonctionnent toute la journée. Les parents y déposent leurs enfants soit sur toute la plage d’ouverture, soit en complément de l’école qui ne se déroule que le matin… Les lieux s’adaptent aux besoins de chacun. Une troisième structure est en cours de création. Elle accueillera une trentaine d’enfants en soirée pendant que les parents étudieront à l’école paroissiale en vue de terminer leurs études secondaires.

La lutte contre la malnutrition, un volet essentiel du projet

Dans ces espaces, outre une attention particulière portée à l’éveil des enfants âgés entre 1 mois et demi et 7 ans (par le jeu, la lecture, la musique…), au moins deux repas sont servis chaque jour. Petit-déjeuner et déjeuner, déjeuner et collation, ou collation et dîner, selon les horaires d’ouverture de chaque espace. Ce volet « alimentation » développé dans les espaces petite-enfance est essentiel. Il permet de lutter contre la malnutrition, et les problèmes de développement qui en découlent, en nette progression depuis le début de la crise sanitaire et l’aggravation de la pauvreté. Dans l’optique de proposer des menus toujours plus nutritifs et équilibrés, des formations sont également organisées aux chefs des cuisines collectives.

Enfin, ce projet de 12 mois (mars 2022-avril 2023) prévoit également la sensibilisation des parents à une parentalité responsable. Divers ateliers sur cette thématique sont mis en place. Et les familles bénéficient d’un accompagnement individualisé si nécessaire. Les espaces petite-enfance favorisent aussi les échanges entre parents, et les moments de jeux entre parents et enfants. 

Bolivie

En Bolivie, le BICE soutient depuis 2021 une action de la Fondation Bolivia Digna en direction de familles quechua, qui vivent du travail informel. Ces 72 familles, originaires pour la plupart du Tropique de Cochabamba, situé entre la cordillère des Andes et les plaines amazoniennes, ont quitté leur terre d’origine il y a plus de 20 ans pour se rapprocher des zones urbaines et avoir accès aux services de base.  Elles vivent depuis en situation d’extrême pauvreté, dans des habitations de fortune en tôle, sans électricité, près du marché d’Arocagüa en banlieue de la ville de Sacaba.

Améliorer les conditions de vie de cette communauté Quechua

Le premier soutien de la Fondation Bolivia Digna à cette communauté s’est porté sur l’éducation des enfants avec la mise en place de soutien scolaire et la création de lieux dédiés aux activités sportives et culturelles.

Depuis 2021, la Fondation Bolivia Digna et le BICE se sont concentrés sur l’amélioration des conditions de vie des familles. Grâce à la forte implication de la communauté, un verger et un potager ont été créés, des poulaillers et clapiers installés. Ainsi que des réservoirs d’eau et, tout récemment, des sanitaires. 

Dans le cadre du nouveau projet (mai 2022-avril 2024), trois objectifs ont été fixés :

  • Lutter contre la malnutrition, qui touchait près de 70 % des enfants de la communauté en 2021.
  • Favoriser l’indépendance économique des familles.
  • Promouvoir la parentalité responsable.

Une cantine équipée d’une cuisine collective vient ainsi d’ouvrir. Mamans volontaires et bénévoles y confectionnent chaque jour un repas et un goûter nutritifs pour les enfants issus des familles les plus démunies et les personnes âgées isolées. « Et puis, si un parent n’a pas non plus de quoi se nourrir, nous ne le laissons pas sans rien bien sûr », précise Dante González, président de la Fondation Bolivia Digna. La cuisine est en partie alimentée par les cultures de la communauté. Dans le cadre de la lutte contre la malnutrition, un médecin et deux infirmières mènent aussi des visites depuis août 2022. Et les mamans bénéficient de formations sur l’alimentation et la santé. 

Permettre aux parents de retrouver leur indépendance économique

En plus de cette aide alimentaire, le BICE et Bolivia Digna mettent en place un soutien aux activités génératrices de revenus, notamment en direction des mamans. « Beaucoup dépendent totalement de leurs maris ou ex-maris et se retrouvent dans des situations difficiles sur le plan financier quand ces derniers partent plusieurs semaines, voire plusieurs mois, comme ouvriers agricoles dans le Tropique de Cochabamba », précise Dante Gonzales.

Ainsi, tout au long du projet, une vingtaine de mamans et jeunes femmes sans enfants intéressées par le projet sont amenées à identifier, avec l’aide de notre partenaire, plusieurs secteurs d’activités. Tels que la cuisine, la coiffure, la couture, le nettoyage de maisons et de bureaux. Et à choisir la leur. Chacune est ensuite formée puis aidée sur le plan financier pour lancer son activité. Cette action s’appuie sur l’entraide communautaire puisque les premières femmes en activité financeront une petite partie de la formation des suivantes. Et ainsi de suite.

Enfin des actions de sensibilisation aux droits humains, plus spécifiquement aux droits de l’enfant, à la bientraitance et à la parentalité responsable, sont programmées tout au long du projet.

Guatemala

Le Guatemala, où les séquelles de 36 ans de conflit armé interne conti­nuent à troubler la stabilité du pays, s’enfonce dans la misère en raison des conséquences de la crise sanitaire. Dans certaines régions désertées par l’État, huit enfants sur dix ne mangent pas à leur faim. Enfants et parents vivent dans un dénuement absolu qui génère violences et souffrances. Les confinements ont de surcroît fait reculer le niveau déjà faible d’édu­cation. Les écoles sont restées fermées pendant presque un an et demi. Et, si des cours ont été dispensés en ligne, ou au moyen de guides pédagogiques remis aux parents, les plus fragiles sont restés en marge. Au Guatemala en effet, seules 43 % des familles ont accès à un ordi­nateur ou à Internet. Et, dans les zones rurales reculées, 80 % des mamans sont analphabètes et ne peuvent donc aider leurs enfants.

Répondre à la détresse matérielle et psychologique

Le confinement et l’augmentation, estimée à plus de 10 %, des vio­lences intrafamiliales ont également généré de la détresse psychologique chez un grand nombre d’enfants. En 2021, le BICE et son partenaire l’ODHAG ont alors jugé prioritaire d’apporter un soutien psychologique à ces enfants tout en garantissant aux familles une aide humanitaire d’urgence. La plupart d’entre elles ont en effet perdu tout ou partie de leurs revenus depuis la pandémie. Les enfants les plus fragilisés ont ainsi bénéficié d’un accompagnement prodigué en lien avec l’Université Rafael Landívar. Tandis que des distributions de vivres (haricots, riz, huile, maïs, pâtes, etc.) et de kits hygiéniques étaient assurées.

Construire un environnement bientraitant

Cette aide, si indispensable en situation de crise, ne saurait toutefois être une so­lution à long terme. Le nouveau projet prévoit ainsi, sur trois ans (jan.2022-décembre 2024), des forma­tions professionnelles et des aides au développement de nouvelles activités. Et ce, afin permettre aux familles de sub­venir durablement à leurs besoins. En même temps, un programme de sensibi­lisation à la bientraitance et à la parenta­lité responsable se met en place auprès des responsables religieux, des profes­sionnels de la protection de l’enfance, et bien sûr des parents. C’est un véritable changement de culture éducative qui est attendu dans ces régions.

Les pre­miers résultats sont encourageants. En témoigne cette réaction d’une maman : « C’est très utile, non seulement pour par­venir à une harmonie à la maison, mais aussi pour améliorer l’éducation de nos enfants et les former à devenir des per­sonnes de bien au service de la société. » Au total, 450 enfants et 150 familles béné­ficieront directement de ce soutien.

Paraguay

Dans une boulangerie, installée par notre partenaire local Callescuela dans un quartier marginalisé d’Asuncíon, de jeunes apprentis, tous issus de familles vulnérables, sont formés par un maître boulanger à la fabrication de pains et de pâtisseries, et à la gestion. Ils assurent également la vente de leurs produits.

Soutenir les enfants forcés de travailler

Ce projet mis en place fin 2020 a permis à des adolescents, qui travaillaient avant la crise sanitaire comme cireurs de chaussure ou vendeurs ambulants pour aider leurs familles dans le besoin, de gagner de l’argent tout en étant formés. Et ceci dans le respect de leurs droits (lien vers page droits de l’enfant). « C’est un soulagement pour moi, témoignait l’année dernière un enfant bénéficiaire. Avec la crise, nous n’avions plus de travail sur le marché. Grâce à la boulangerie, je peux de nouveau aider ma famille à acheter de quoi manger et payer petit à petit les retards de loyer. Et puis, j’apprends beaucoup de choses. J’ai été si fier quand j’ai sorti ma première brioche du four, même si elle était un peu tordue ! »

Autre point essentiel : les jeunes apprentis peuvent poursuivre leurs études. Les horaires de la boulangerie sont en effet aménagés en conséquence, pour ne pas les couper de l’école. Ce projet permet donc de lutter contre la déscolarisation des adolescents, très répandue chez les jeunes travailleurs. Les apprentis peuvent ainsi envisager leur avenir avec plus de confiance. Et contribuent en parallèle à ce que leurs jeunes frères et sœurs restent à l’école.

Les sensibiliser aux droits humains

Après une première année réussie, le BICE a décidé de soutenir de nouveau cette initiative en 2023 puis en 2024. 17 jeunes de 14 à 18 ans, anciens travailleurs informels, ont ainsi bénéficié de cette formation en 2023. Ils sont 20 en 2024 (plus d’infos ici). En plus de la formation, la vente de leurs produits en boulangerie, pâtisserie et confiserie leur permet de générer des revenus et d’aider leurs familles souvent en situation d’extrême pauvreté. En plus de leur formation technique et en gestion, ils sont sensibilisés aux droits humains et aux fondements de l’économie solidaire et sociale. L’objectif est qu’il développement leur esprit citoyen et coopératif.

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