Depuis l’offensive éclair menée par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham et d’autres groupes d’opposition au gouvernement de Damas, les affrontements ont repris sur Alep, 2e ville du pays. Cette escalade de violence a fait plus de 350 morts, dont des civils (et parmi eux des enfants), et des milliers de déplacés. Les infrastructures vitales de la ville, déjà fragilisées par une décennie de conflit et le tremblement de terre de 2023, sont de nouveau mises à rude épreuve. La majeure partie d’Alep et l’aéroport, un site stratégique, sont désormais sous le contrôle des djihadistes, exacerbant l’instabilité. Pendant ce temps, les forces syriennes tentent de reprendre le contrôle de ces territoires.
Dans ce contexte, les besoins humanitaires explosent. Les populations locales font face à des pénuries d’eau, de nourriture, de gaz et de services essentiels, rendant la vie quotidienne extrêmement difficile. La peur aussi est omniprésente. Les habitants redoutent une intensification des combats et des violences.
Un témoignage poignant depuis le terrain
Dans ce contexte tragique, le père Bahjat, curé d’Alep et frère franciscain, témoigne des défis mais aussi de leur inébranlable volonté de rester auprès des plus démunis et de continuer leurs gestes solidaires. Malgré la destruction dimanche 1er décembre d’une aile du Collège Terra Sancta par des bombardements. « Nos deux confrères, frère Samhar et frère Bassam ont passé la nuit à éteindre l’incendie causé par le bombardement. Heureusement, l’attaque n’a fait aucune victime, précise le père Bahjat. Nous, frères franciscains, rejetons toute violence et, comme chacun le sait, notre mission est entièrement de nature humanitaire. Par conséquent, nous ne pouvons pas expliquer les raisons de cet acte. Et nous demandons à la communauté internationale d’intervenir et de faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher une telle violence sur une structure religieuse. »
Ce collège, ouvert à tous les Aleppins sans distinction religieuse, joue un rôle clé depuis de nombreuses années dans cette ville affaiblie en offrant un soutien psychologique, des activités sportives et une aide humanitaire aux habitants les plus démunis. Pendant les années de guerre, de 2012 à 2018, le collège a également servi d’abri pour les personnes âgées évacuées d’une maison de retraite.
Des projets vitaux maintenus envers et contre tout
Encore aujourd’hui, malgré la reprise des violences, les frères franciscains se mobilisent autour de leur mission humanitaire. La cantine du couvent et le four à pain du Collège Terra Sancta restent en activité. Ces initiatives permettent de fournir quotidiennement plus de 1 000 repas aux habitants d’Alep et du pain pour les familles dans le besoin. « Quand il s’agit de faire le bien, personne ne devrait nous arrêter », a déclaré le père Samhar. « Nous continuons à travailler tant que nous le pouvons », a ajouté le frère Harout, faisant référence à la possibilité que les approvisionnements en nourriture et en gaz se raréfient dans les prochains jours.
« Le cœur plein d’espoir, nous vivons au jour le jour, en nous appuyant sur la Providence, qui se concrétise à travers de nombreux amis qui nous sont proches de toutes les manières possibles », conclut le père Bahjat.