Jusqu’ici secrétaire générale adjointe et représentante permanente du BICE auprès de l’ONU à Genève, son expérience au sein de l’organisation comme son expertise en relations internationales la qualifiaient naturellement pour cette nouvelle fonction.
Alessandra Aula succède à Virginie Dhellemmes qui nous a quittés fin juin au terme d’un mandat de 5 ans pour se lancer dans une aventure qui lui ressemble : une mission humanitaire de deux ans en Amérique Latine qu’elle mènera avec son époux et leurs 4 enfants. Le Conseil a eu l’occasion de lui exprimer sa profonde gratitude.
Alessandra Aula a commencé à travailler aux Nations Unies en 1991 alors qu’elle était encore étudiante. Diplômée en sciences politiques à l’Université de Genève, elle a poursuivi son engagement pour la défense des droits de l’homme au sein d’organisations comme Pax Christi International et Franciscains International en représentant ces institutions à Genève.
Quadrilingue, passionnée pour les droits de l’homme dans lesquels s’inscrivent désormais les droits de l’enfant, elle a piloté les grandes manifestations organisées par le BICE à Genève et à Paris depuis le 20ème anniversaire de la Convention des Nations Unies relatives aux droits de l’enfant en 2009 et monté différentes formations aux droits de l’enfant et aux réalités internationales pour répondre à la demande d’organisations et d’institutions membres du BICE.
Dans quel état d’esprit abordez-vous vos nouvelles fonctions ?
Plusieurs sentiments coexistent. Tout d’abord la gratitude envers les administrateurs et le président du BICE qui m’ont accordé leur confiance pour mener cette mission passionnante au service des enfants et du BICE. Je vais m’y engager totalement.
Aussi la joie à l’idée de travailler plus étroitement avec les équipes de terrain, en Europe et dans les autres régions du monde, pour la mise en œuvre de nos programmes et de nos missions sociales.
Je ressens enfin une grande responsabilité par rapport à ma nouvelle fonction. Virginie Dhellemmes, à qui je succède, a mis la barre très haut ! Il s’agit de continuer à développer les actions du BICE dans les années à venir, c’est un beau défi !
Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ?
Un premier objectif est de rassembler progressivement les projets déjà bien connus de nos donateurs dans des programmes multirégionaux comme c’est déjà le cas pour la lutte contre la maltraitance.
Il s’agit de consolider les acquis et les forces de projets existants pour en démultiplier l’impact grâce à des actions coordonnées dans plusieurs pays. C’est ce que l’on appelle le passage d’une « approche projet » à une « approche programme » que nous allons étendre aux enfants victimes de violence et d’abus sexuel, aux enfants handicapés et aux enfants en conflit avec la loi, en cherchant une cohésion toujours plus forte avec nos partenaires.
Le BICE souhaite également consolider et développer son réseau d’organisations membres. Les instruments dont nous nous sommes dotés ces dernières années vont m’y aider.
Il nous faut aussi continuer à mettre en œuvre la politique de protection de l’enfance du BICE en travaillant au quotidien avec nos organisations membres et partenaires. Aider des organisations et des institutions dans ce domaine rentre également dans la vocation du BICE.
Enfin, pour mener à bien toutes ces missions, le développement des ressources financières du BICE constitue évidemment un défi de taille. La situation économique est difficile actuellement, nous en avons conscience. Il nous faudra être inventif, dans le strict respect des prescriptions du Comité de la Charte, pour que bailleurs et donateurs continuent à nous soutenir en toute confiance.
Vous avez une grande expérience du plaidoyer auprès des organisations internationales. Comment celui-ci renforce-t-il l’action auprès des enfants sur le terrain ?
Le plaidoyer doit aller de pair avec la formation. Si l’on veut que les organisations avec lesquelles nous travaillons sur le terrain puissent continuer à défendre les droits et la dignité des enfants qu’on accompagne il faut les former aux droits de l’enfant et au plaidoyer.
En renforçant leurs capacités et en développant la communication et les échanges avec les instances internationales, ces organisations, bien formées, pourront apporter leurs témoignages et faire entendre la voix des enfants auprès des autorités régionales, nationales et internationales, comme à l’ONU où nous avons un statut consultatif.
Pour moi, le travail de terrain et le plaidoyer sont les deux aspects d’une même politique qui recherche l’efficacité de notre action auprès des enfants.
Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux donateurs du BICE ?
C’est grâce à tous nos donateurs, des plus modestes aux plus fortunés, que l’on peut soutenir chaque enfant et lui permettre “d’être debout” et de se prendre en main face aux aléas de la vie.
C’est leur générosité qui permet au BICE de continuer depuis plus de 60 ans son action en faveur des enfants les plus démunis pour leur assurer un avenir. Je veux les en remercier du fond du cœur.
Mais je voudrais aussi leur dire autre chose : au BICE, les équipes sont profondément solidaires de la cause des enfants. Cela peut paraître une évidence, mais il est important de le souligner, car la motivation personnelle et l’expérience professionnelle de tous les salariés qui m’entourent et de tous ceux qui interviennent auprès des enfants sur le terrain sont un gage de confiance et de sérieux. Tous travaillent avec leur tête, mais aussi avec leur cœur et cela me parait infiniment précieux.
A cette richesse des équipes s’ajoutent la richesse et la diversité de nos organisations membres qui, toutes ensemble, forment ce mouvement mobilisé jour après jour pour la dignité et les droits de l’enfant dans le monde entier.