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RDC - enfants soldats
© Marie-Laure Joliveau / CSF
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Bilan après un an d’accompagnement d’ex-enfants soldats

Un groupe d’ex-enfants soldats du Nord Kivu en République démocratique du Congo (RDC) a été accompagné sur les plans psychosocial et professionnel par la fraternité mariste Cœur sans frontières (CSF) pendant près de 12 mois.

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Cette action, menée en partenariat avec le BICE depuis 2017, s’est concentrée depuis un an et demi sur les jeunes filles. Souvent les plus vulnérables. Courant 2019, les résultats sont très positifs. Toutes ont renoué des liens familiaux et se reconstruisent petit à petit. La formation professionnelle leur permet désormais de vivre d’une activité. Une autonomie financière en effet essentielle pour limiter les risques qu’elles soient de nouveau enrôlées comme enfants soldats dans un groupe armé.

Soldats, cuisiniers, objets sexuels…

Ces adolescentes, âgées entre 15 et 17 ans, viennent du territoire de Masisi, à l’est de la RDC, où les violences communautaires et les conflits armés côtoient une grande pauvreté. Déscolarisées, victimes de maltraitances, sans ressources pour répondre à leurs besoins primaires, les enfants sont ainsi des proies faciles pour l’enrôlement, l’exploitation sexuelle. Selon les ONG, ils seraient 4000 à être associés à l’un des 130 groupes armés de la région. Soldats, cuisiniers, porteurs, informateurs, objets sexuels pour les combattants. Les jeunes filles, qui représentent 40% de ces enfants, sont les plus fragilisées. Beaucoup sont mères, involontairement et très jeunes, suite aux violences subies, toutes souffrent d’une grande détresse psychologique. Et sont souvent rejetées par leur famille.

Vingt-neuf d’entre elles ont bénéficié de l’accompagnement de CSF en 2018-2019 à Goma. Un suivi médical, notamment gynécologique (24 d’entre elles souffraient d’infections urogénitales), et un appui alimentaire ont immédiatement été mis en place. Les enfants des 13 jeunes mamans, très souvent malades les premières semaines (typhoïde, bronchite, fièvre, diarrhées…), ont aussi été pris en charge. Ces maladies ont cessé grâce à une meilleure alimentation. Tout au long du premier semestre, les efforts se sont également concentrés sur le soutien psychologique afin de stabiliser les jeunes filles, très en souffrance. Écoutes individuelles par des agents sociaux et un psychologue, séances de groupe, activités de résilience* les ont aidées à retrouver confiance en elles et à envisager l’avenir plus paisiblement. Des moments de loisirs et de jeux collectifs ont également participé à leur socialisation et à leur bien-être.

RDC enfants soldats
© Marie-Laure Joliveau / CSF

Une réinsertion professionnelle et familiale réussie

Parallèlement, les adolescentes ont suivi une formation, soit en coupe et couture soit en coiffure. Un apprentissage complété par des cours d’alphabétisation quand cela était nécessaire et qui s’est terminé par un stage professionnel. Puis, CSF les a aidées à s’installer en groupe, pour qu’elles se soutiennent, ou seules pour les plus éloignées. La fraternité leur a notamment fourni le matériel nécessaire pour lancer leur activité. Leur réinsertion professionnelle s’est également accompagnée d’une réinsertion familiale. Une bonne nouvelle. Le fruit d’un travail de sensibilisation et de dialogue avec les parents, mené tout au long du processus de reconstruction des adolescentes.

Cette mission de longue haleine menée par la fraternité mariste CSF offre une alternative aux enfants soldats qui ne voient plus les groupes armés comme la seule option pour survivre. Elle leur permet d’oser penser à un avenir meilleur. Un grand merci à eux. Cette action sera renouvelée prochainement au profit d’un nouveau groupe de jeunes filles.

*CSF a suivi en février 2016 et juillet 2018 une formation de tuteurs de résilience donnée par le BICE. La fraternité souligne que cette formation leur a permis de recadrer leur approche de l’accompagnement psychosocial et de le renforcer.

Quelques chiffres…

  • 29 jeunes filles accompagnées pendant un an, jusqu’à mi-2019
  • 100 % des bénéficiaires ont fini la formation et ont été réinsérées dans leurs communautés respectives. Les premières visites de suivi réalisées ont démontré que 100 % des jeunes réinsérées ont démarré leur activité juste après réinsertion.
  • 100 % des jeunes sont retournées dans leurs familles respectives et les cas de médiations ont été un succès.
  • 18 filles accompagnées par le psychologue se sont rétablies
  • 3 filles craignant pour leur sécurité ont été orientées vers des membres de la famille élargie avec l’accord de leurs parents

 

Suivi des anciens bénéficiaires

Les agents sociaux de Cœur sans frontières restent en lien avec les anciens bénéficiaires du programme de réinsertion. Les premiers mois, ils leur téléphonent régulièrement. Et leur rendent visite deux fois, au bout de 6 mois et au bout d’un an. Cela permet d’apporter conseils et orientations à ceux qui en ressentent le besoin. Ainsi, 37 des 40 jeunes bénéficiaires du programme en 2017-2018 sont toujours bien intégrés dans leurs familles et dans la communauté. Ils travaillent seuls ou en groupe. Trois jeunes filles seraient parties dans une autre région, CSF ne peut donc plus les suivre.

 

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